UK. Scotland Yard a espionné la famille d'une victime d'un crime raciste pour la discréditer

Le Figaro Lundi le 24 Juin 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Une unité spéciale de la Metropolitan Police, aujourd'hui dissoute, avait chargé l'un de ses hommes de trouver des éléments pour «salir» la famille d'un jeune Noir poignardé à un arrêt de bus au sud de Londres, en 1993, et qui réclamait une enquête plus approfondie.

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Londres

Un ancien policier de Scotland Yard a révélé au Guardian qu'il avait été chargé d'espionner la famille de Stephen Lawrence, un jeune Noir victime d'un meurtre raciste, en 1993. Dans une interview donnée au journal ainsi qu'à la chaîne de télé Channel 4, Pete Francis a raconté comment de 1993 à 1997 il avait infiltré un groupe antiraciste, sur ordre de sa hiérarchie, dans le but de trouver des informations susceptibles de «salir» la famille Lawrence qui réclamait justice pour le meurtre de Stephen, 18 ans. Francis n'a jamais rencontré les parents du jeune homme, mais il a fait remonter des «rumeurs» sur cette famille d'origine jamaïquaine à ses supérieurs. Il a également œuvré à l'arrestation et à la mise en examen d'un ami de Stephen Lawrence qui se trouvait avec lui lorsque celui-ci a été attaqué à coups de couteau à un arrêt de bus du sud de Londres. Duwayne Brooks, principal témoin du meurtre, avait été accusé d'avoir causé des «dégâts criminels» lors d'une manifestation. Il avait finalement été relaxé.
Le «racisme institutionnel» de la police londonienne

Ces révélations ont suscité l'émoi au Royaume-Uni où les parents de Stephen Lawrence sont connus et admirés pour leur combat sans relâche. Les Lawrence ont dû attendre dix-neuf ans pour obtenir justice. Ça n'est qu'en janvier de l'année dernière que deux des meurtriers de Stephen ont été condamnés à la prison à perpétuité. La première enquête sur la mort du jeune homme n'avait pas abouti du fait du «racisme institutionnel» de la Metropolitan Police. C'est ce qu'avait établi le rapport Macpherson publié en 1997 sous le premier gouvernement Blair. La publication de ce rapport avait provoqué un électrochoc. Or les informations publiées lundi par le Guardian posent de nouvelles questions sur les agissements de la police dans l'affaire Lawrence. L'ancien policier qui témoigne aujourd'hui dans la presse affirme que ses supérieurs l'avaient dissuadé de révéler ses activités à l'auteur du fameux rapport au motif que cela provoquerait «des batailles dans les rues». Et le ministre de l'Intérieur de l'époque, Jack Straw, a confirmé de son côté que ni lui ni sir Macpherson n'étaient au courant de l'opération de surveillance qui visait la famille Lawrence.
Cameron demande une enquête

Doreen Lawrence, la mère de Stephen Lawrence, s'est dite «très, très en colère» à l'idée que «quelqu'un était assis quelque part et calculait comment il allait surveiller, infiltrer notre famille». Le premier ministre David Cameron s'est dit «profondément inquiet». Il a demandé l'ouverture immédiate d'une enquête. De son côté, la Metropolitan Police n'a ni confirmé, ni infirmé, les révélations faites par l'un de ses anciens policiers dans les médias.

Ces révélations donnent une dimension encore plus sulfureuse au scandale de la Special Demonstration Squad (SDS), une unité spéciale la Metropolitan Police aujourd'hui dissoute. Jusqu'à présent, cette unité de la police londonienne était surtout connue pour avoir infiltré des groupes écologistes et anticapitalistes. Pour obtenir des informations sur ces groupes considérés comme dangereux, des agents avaient pris une fausse identité et avaient noué des relations intimes avec des militantes. Certains avaient même eu des enfants, avant de disparaître du jour au lendemain de la vie de leurs «familles». Une enquête est en cours.

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