Cameroun - Réligion. La vie continue dans des églises fermées !

Irène Fernande Ekouta | Le Jour Mardi le 03 Septembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Certaines communautés poursuivent leur mission d’évangélisation, même dans des chambres. «Ma chérie ! Pardon n’entre pas dans cette église.

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Tu es trop belle pour te perdre ! » Ibrahim a cru déceler une âme perdue dans la démarche hésitante et le regard curieux de la jeune fille qui, en fait, venait voir de plus près, les portes scellées de la Cathédrale de la Foi, à Elig-Essono à Yaoundé. Elles sont bel et bien fermées depuis quelques jours, nous confirme un vendeur de fruits installé depuis six ans non loin de là. C’est la conséquence d’une décision du sous-préfet de Yaoundé Ier, qui, le jeudi 01er août dernier, a entrepris de fermer deux églises dites de réveil dont la Cathédrale de la foi du pasteur Dieunedort Kamdem, pour exercice illégal et trouble à l’ordre public. Et Ibrahim n’en est pas le plus malheureux. Tenancier d’une échoppe située juste en face de la Cathédrale de la Foi d’Elig-Essono, Ibrahim a une opinion plus sévère sur l’impact de cette église et de toutes celles dites de réveil sur les relations de couple notamment. « J’ai un ami qui était sur le point d’épouser une fille qu’il connaissait depuis plusieurs années. Quelques mois avant leur mariage, elle est entrée dans cette église. Dès lors, tout a changé. Elle traitait mon ami de diable et n’acceptait même plus de partager son lit », témoigne Ibrahim. Celui-ci félicite l’action du sous-préfet de Yaoundé Ier. Des histoires comme celle de son ami, Ibrahim semble pouvoir en raconter un rayon.

Tout va très bien

Mais, la fermeture décidée par Jean-Paul Tsanga Foe ne se limitait qu’à l’arrondissement de Yaoundé Ier, même si plus tard, la répression s’est étendue ; ce qui a abouti à la fermeture de 34 églises au Cameroun dont 9 à Yaoundé (sur quatre arrondissements). Et, malgré le fait qu’elle n’ait toujours pas d’autorisation, la Cathédrale de la foi continue à accueillir ses fidèles et à mener ses activités dans un autre arrondissement de Yaoundé. Au quartier Omnisports, dans son autre chapelle sise dans l’arrondissement de Yaoundé 5, les portes sont grand-ouvertes ce vendredi 30 août 2013. A l’entrée, un vigile affable accueille le visiteur avec le sourire. Sur ce qui fait office d’autel, un groupe de personnes jouent de la musique. C’est visiblement la chorale de la chapelle. Une célébration est prévue ce soir. L’heure est donc aux répétitions. Tout semble aller normalement ici, malgré la menace désormais permanente qui plane. Dans le secrétariat du promoteur de cette église, Dieunedort Kamdem, le personnel s’active. Quelques jours plus tôt, un des collaborateurs du pasteur nous a fait savoir que celui-ci était en déplacement. C’est donc le pasteur résident qui nous reçoit dans son bureau. « Nous étions tristes les premiers jours. Mais nous continuons d’avancer. Nous avons entrepris les démarches administratives nécessaires et avons tout remis entre les mains du Seigneur. A présent, nous ne souhaitons plus en parler », dit le pasteur pour couper court.

Les voisins ne sont pas sortis de l’auberge

Si à la Cathédrale de la foi on préfère poursuivre l’évangélisation sans autorisation, certaines églises ne peuvent pas en faire autant. Au quartier Emana, lieu-dit borne fontaine, se cache une petite chapelle en matériaux provisoires. Celle-ci a elle aussi été frappée par la mesure répressive du gouvernement. Aucune plaque indiquant le nom de cette église n’a été disposée. La porte est barricadée. Un récépissé de scellé rassure le reporter. C’est la bonne adresse. On peut y lire : « Eglise des Nations ; exercice illégale, scellé n° 0504/P55/64 ». L’église n’ouvre plus. Un vrai soulagement pour Stella E., une jeune maman dont la maison est voisine à cette petite chapelle. A peine 10 mètres séparent les deux bâtisses. « C’était un vrai calvaire. Ils faisaient trop de bruit avec leurs instruments de musique. Maintenant, on va un peu se reposer», se réjouit-elle, surtout en cette veille de rentrée scolaire. Jeanine P., autre voisine, ne peut pas en dire autant. En fait, un couloir de moins d’un mètre de large sépare sa véranda de la chapelle. Mais, ce n’est pas le pire. Le promoteur de cette communauté habite le studio voisin au sien. Ils partagent un mur mitoyen. C’est ici que ledit promoteur poursuit sa « mission ». Jeanine P. n’est donc pas au bout de ses peines. Tous les fidèles passent devant sa porte pour arriver chez leur « prophète ». Même dans cette étroitesse, les ouailles de l’église des Nations prient, assistent aux services et aux séances de délivrance. Cet aprèsmidi du vendredi 30 août 2013, un jeune homme attend sur la véranda, tandis qu’une jeune fille fait la cuisine. Depuis l’amorce du couloir, une voix d’homme est audible. Le reporter ne parvient à décoder que ce « Au nom de Jésus » que la voix ne cesse de répéter. C’est le prophète. Il est en train d’imposer des mains à des fidèles dans ce qui fait office de chambre du studio. Occupé à exercer illégalement « sa mission », il ne pourra recevoir le reporter.

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