Cameroun - Communication. La télévision camerounaise: une arme dirigée contre sa propre nation?

Péké Lousse | Cameroon-tribune Vendredi le 06 Septembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Qu'est-ce qui ne va pas avec les chaînes de télévision camerounaises? Comprennent-elles seulement l'influence que la télévision a sur la population et l'image que les média donnent au monde d'une société donnée?

ADS


L'Etat camerounais sait-il que qu'il le veule ou pas la jeunesse apprend beaucoup par la télévision et que par conséquent les programmes et les images, bref ce qui passe à la télé doit être bien sélectionné, bien travaillé et bien orienté de façon à contribuer à renforcer l’idéologie et la politique que l’Etat prône à tous les niveaux de son organisation? On ne peut pas définir dans chaque ministère des objectifs et valeurs louables que l’État veut atteindre, et passer des jours et des nuits entiers à nourrir les citoyens des messages contraires. Tenez par exemple, en ce qui concerne l’Education, la loi No 98/004 du 04 avril 1998 portant sur l’orientation de l’Éducation au Cameroun encore en cours dans son article quatre dit ceci : « L'éducation a pour mission générale la formation de l'enfant en vue de son épanouissement intellectuel, physique, civique et moral et de son insertion harmonieuse dans la société, en prenant en compte les facteurs économiques, socio-culturels, politiques et moraux. » Dans son article cinq on peut lire que l’éducation a pour objectif : « La formation de citoyens enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde et respectueux de l'intérêt général et du bien commun; la formation aux grandes valeurs éthiques universelles que sont la dignité et l'honneur, l'honnêteté et l'intégrité ainsi que le sens de la discipline; l'éducation à la vie familiale; la promotion des langues nationales; l'initiation à la culture et à la pratique de la démocratie, au respect des droits de l'homme et des libertés, de la justice et de la tolérance, au combat contre toutes formes de discrimination, à l'amour de la paix et du dialogue, à la responsabilité civique et à la promotion de l'intégration régionale et sous-régionale; la culture de l'amour de l'effort et du travail bien fait, de la quête de l'excellence et de l'esprit de partenariat. » En plus, on a par exemple aussi le ministère de la promotion de la femme et de la famille (MINPROFF) qui dit avoir pour missions le renforcement des capacités de la femme, l’amélioration de ses conditions de vie, la promotion de ses droits et devoirs, la réduction de la pauvreté en milieu féminin et la vulgarisation de l’approche genre dans tous les domaines de la vie.

À côté de tout cela, très important, notons que la télévision, pour ne pas dire les média en générale sont un outil que les États emploient pour renforcer leur géostratégie. La situation actuelle est que les occidentaux veulent que l’Afrique soit vue comme un continent qu’on ne peut définir qu’en terme de maladies, pauvreté, misère, sexe, guerres, ignorance, médiocrité, barbarie, bref un enfer, ce qui n’est pas vrai. Il s’agit d’une politique qui a ses tenants et ses aboutissants qu’on n’ignore pas. Cela a été voulu, et beaucoup d’africains croient en la supériorité de tout ce qui n’est pas africain sur ce qui est africain, ce qui fait qu’ils dévalorisent leurs propres cultures, langues, nourritures, produits, bref, ce qui est africain au profit de ce qui vient d’ailleurs. Bref, c’est toute une idéologie qui est à reconstruire en Afrique afin de parvenir à changer les mentalités. Que fait la télévision dans tout cela ? Elle contribue à renforcer ces images à travers les clips musicaux, les séries, bref la majorité des programmes qu’elle diffuse constamment, surtout pour ce qui est de ces chaînes de télévision dites « privées ». Elles donnent généralement un enseignement contraire aux objectifs que l’État camerounais prétend poursuivre. Comment peut-on dire vouloir promouvoir la femme, promouvoir ses droits et ses devoirs et montrer tout le temps aux camerounais les images de femmes dénudées sautillants dans des clips ? Comment peut-on continuer à montrer aux jeunes que la femme ne peut compter que sur l’homme pour s’épanouir socialement car celui-ci est le seul à lui procurer argent, toit et autres? Comment peut-on montrer aux jeunes que la femme n’est qu’un objet sexuel, un objet de décor notamment dans les clips, ou encore un paillasson, un souffre-douleur de l’homme ? Quels sont ces clips, ces séries, ces soi-disant comédies et films qui montrent aux camerounais que le paradis se trouve ailleurs ou que c’est un prestige, une chance inouïe, une réussite d’épouser un européen ( exemple avec le film « Le blanc d’Eyenga ») ? Pourquoi les séries importées inondent les chaînes de télévision camerounaises au détriment des séries locales? Les séries africaines inondent-elles aussi les chaînes de télévision extérieures ? Non. Quelle culture cherche-t-on à promouvoir, pourquoi contribuer à faire rêver les camerounais d’un paradis fictif, à qui profitent ces séries finalement ? Quels sont ces séries et films amateurs qui naissent chaque jour qui n’ont aucune logique ni enseignement constructif, dans lesquels on peut constamment entendre un français médiocre ?

Pourquoi ne pas promouvoir des films et séries en langues camerounaises aussi? Combien de programmes sur les chaînes camerounaises visent le développement du savoir des jeunes et leur éducation? À quel moment essaient-ils de contrer l’idéologie que l’occident véhicule sur l’Afrique et sur les africains? Quelle portion de temps donnent-ils à faire aimer le Cameroun par les camerounais, à les faire se sentir fiers d’être camerounais en valorisant ce qui leur appartient comment on fait ailleurs ? Les responsables des chaînes de télévision savent-ils seulement que le jeune public doit être protégé des scènes et langage à caractère violent et pornographiques ou sexuel et que pour cela tout n’est pas diffusé à n’importe quelle heure? Savent-ils qu’il faut tenir compte de la sensibilité du public dans les images et paroles qu’on diffuse ? Bref, savent-ils seulement ce que c’est que la télévision et à quoi elle sert ? On se demande s’il existe des normes et des lois qui réglementent l’audiovisuel au Cameroun, si oui lesquelles et qui s’assure de leur respect ? Que font le ministère de la culture et de la communication ? Que fait l’État ? Jusqu’où va aller ce désordre ? Jusqu’à quand la population va être aussi désorientée et détruite par les chaînes de télévision inconscientes qui font comme bon leur semble, pensant plus à leurs revenus financiers qu’à la population qui les regarde ? On a parlé des grandes ambitions et ensuite des grandes réalisations, un pays ne se développe pas seulement avec des infrastructures impressionnantes, mais surtout avec l’éducation de sa population.

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS