Cameroun - Nigeria. Cameroun: les religieux catholiques ont peur "mais restent pour les gens"

AFP Lundi le 18 Novembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
NGUETCHEWE, (AFP) - Les lunettes du père Georges Vandenbeusch, sont encore posées sur la table de son bureau, signe d'un départ précipité, trois jours après son enlèvement dans l'extrême-nord du Cameroun. "Il ne s'en séparait jamais. Nous ne savons pas comment il fait là où il est. Nous ne savons pas non plus s'il a froid, s'il s'alimente correctement ou s'il est bien traité", s'inquiète soeur Françoise.

ADS

Le soir de l'enlèvement, revendiqué par la secte islamiste Boko Haram, la religieuse était présente dans la paroisse de Nguetchewe, à une trentaine de km de la frontière nigériane. Le modeste appartement du prêtre porte encore les traces du passage de ses ravisseurs. A l'entrée de sa chambre, dont la porte a été fracturée, se trouve un coffre-fort fermé. "Ce sont les ravisseurs qui l'ont trainé là. Ce n'est pas son emplacement habituel", souligne la religieuse. Les ravisseurs sont-ils entrés dans la chambre pour contraindre le prêtre à ouvrir le coffre-fort? L'ont-il brutalisé avant son rapt ? Soeur Françoise affirme ne disposer d'aucun élément de réponse. Sur le chemin qui mène au Nigeria, sa valise "était cachée entre les tiges de mil. Elle a été retrouvée vide. On ne sait pas ce qui s'y trouvait, en dehors de quelques chéquiers qui y ont été retrouvés", explique la soeur. Un sac contenant 309 minutions a été retrouvé, abandonné dans l'enceinte de la paroisse, peu après le départ des ravisseurs. Malgré ce terrible évènement, soeur Françoise ne veut pas abandonner ses paroissiens. "Nous avons peur mais nous restons pour les gens. Mais je ne sais pas si nous allons partir ou pas. Nous avons des responsable au niveau de la congrégation. On ne sait pas ce qu'ils vont décider. Je souhaite et je pense que nous allons rester", affirme-t-elle.

"Nous avons ressentis un choc très fort. Nous sommes très étonnés. Nous savions que la situation était en train de se dégrader au Nigeria mais on n'imaginait pas qu'un tel événement pouvait se produire", confie le père colombien Germain Mazo de la paroisse d'Ouzal, une localité frontalière du Nigeria, à une vingtaine de km de Nguetchewe. Depuis l'enlèvement du Français, la sécurité a été renforcée dans la zone. Une douzaine de soldats du Bataillon d'intervention rapide (BIR), l'unité d'élite de l'armée camerounaise, effectuent régulièrement des patrouilles dans le village et ses environs.

Et, afin d'assurer la protection des religieux, deux d'entre eux se sont installés dans l'enceinte de la paroisse de Nguetchewe.

"Après l'enlèvement de père Georges, nous aussi pouvons être la cible d'actions pareilles mais nous restons confiants en raison des mesures de sécurité déployées par l'Etat", explique le religieux.

L'enquête ouverte au Cameroun pour déterminer ce qui s'est passé dans la nuit de mercredi à jeudi, lorsque des hommes lourdement armés ont fait irruption dans la chambre du curé, a été confiée à la gendarmerie.

Le gouvernement camerounais a également sollicité l'assistance judiciaire de la France, qui a envoyé trois gendarmes basés au Tchad pour participer aux recherches.

D'après des sources policières et militaires concordantes, le Cameroun savait que Boko Haram, qui a affirmé vendredi détenir le prêtre français, planifiait des enlèvements d'occidentaux dans l'extrême-nord du pays.

"Nous n'avons pas de difficultés à obtenir des informations sur de tels projets mais lorsqu'elles sont transmises à qui de droit, rien n'est fait", confie sous anonymat un membre du BIR.

Quelque 2 000 personnes ont assisté dimanche à une messe donnée en l'honneur du prêtre dans l'église de Nguetchewe, dans une région peuplée en grande majorité par des musulmans.

"Tous les jours, nous prions. Il nous manque", a déclaré à l'AFP un jeune servant de la paroisse, Philippe Yaya, qui affichait une mine triste, à l'issue de la cérémonie.


 

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS