Cameroun - Sécurité. 70 à 80% de prisonniers sont des détenus préventifs

Blaise Djouokep | Mutations Jeudi le 17 Mars 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Sur 23.196 détenus au Cameroun, 14.185 le sont à titre préventif et 8.931 sont véritablement condamnés, révèle Avocat Sans Frontières.

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Ils ont tenu à honorer massivement le rendez-vous. Non pas pour se rendre au prétoire où ils passent le clair de leur temps dans leur robe noire mais, dans un hôtel de Douala. Lundi dernier, des centaines d’avocats et hommes de droit ont apporté un éclairage sur les règles minimales des droits des personnes détenues en milieu carcéral au Cameroun.

C’était au cours du lancement du projet «dignité en détention». Le projet est mis en place par l’antenne camerounaise des Avocats sans frontières (Asf), en partenariat avec la France et le barreau du Cameroun. Ce projet naît du fait que l’entrée en vigueur en 2007 du nouveau Code de procédure pénale et l’adoption en 2009 par le Cameroun, de la loi portant organisation de l’assistance judiciaire ne sont pas encore appliquées.

Selon Me Job, bâtonnier, 70% à 80% des personnes détenues dans les prisons sont des détenus préventifs (prisonniers n’ayant pas encore été jugés). Une déclaration confirmée par Nicolas Bernanga, représentant de l’Union Européenne (Ue). Pour ce dernier, les détenus sont deux à trois fois plus nombreux dans les prisons. «Sur 23.196 détenus, 14.185 le sont à titre préventif et 8.931 sont véritablement condamnés», précise Me Charlotte Mvie, avocate en France. Des chiffres communiqués par l’Etat du Cameroun, apprend-on.

Un fait que les avocats attribuent aux dispositions du nouveau Code de procédure pénale. Ce qui est imputable aux lenteurs judiciaires, du fait que la procédure qui est aujourd’hui accusatoire permet au juge d’instruction de vous mettre sous mandat de dépôt alors que vous êtes encore couverts par la présomption d’innocence, c'est-à-dire qu’au lieu d’être en garde à vue, vous allez tout droit dans une maison d’arrêt donc, placé sous mandat de dépôt», explique Me Madeleine Nsali Mbebi, membre de Asf-Cameroun.



Violation de droits

Ses homologues et elles dénoncent aussi les conditions de détention et la surpopulation carcérale dans les prisons camerounaises. Des accusations qui résultent des nombreuses visites effectuées par ces avocats dans les prisons. «De prime à bord, les relations entre les agents pénitenciers et les détenus ne sont pas évidentes. Il y a un irrespect des droits des détenus par les agents pénitenciers. Cela se justifie soit par le fait que ces gardiens de prisons ne connaissent pas les droits des détenus, soit par le fait que ces détenus qui sont assez vulnérables n’arrivent pas à pouvoir eux même respecter leurs droits», ajoute Me Madeleine Nsali Mbebi. De nombreux droits des détenus sont ainsi violés. Il s’agit entre autre du droit à la santé, du droit d’avoir un avocat, du droit de communiquer avec son avocat, du droit d’être traité de manière digne…

C’est d’ailleurs sur ces droits à la dignité en détention des détenus qu’Asf France et Asf Cameroun, avec l’appui de l’Ue entendent travailler. Le projet qui va durer trois ans a obtenu un financement de 15 millions Fcfa de l’Ue. Pendant cette période, 500 détenus seront assistés et leurs dossiers seront suivis gratuitement. Les détenus seront par ailleurs sensibilisés sur leurs droits.

Les acteurs de la chaîne de détention (officiers de police judiciaire, régisseurs de prisons, magistrats, avocats, greffiers…) vont quant à eux recevoir une formation. Car, pour Me Job, «l’Etat de nos prisons est indigne de notre pays. C’est en visitant les prisons d’un pays que l’on sait l’état d’avancement du droit. Il faut que cet état des choses change. Nous sommes tous des détenus potentiels», conclu le bâtonnier.

 

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