Cameroun - Politique. Cameroun : vers un réaménagement du gouvernement

Serge Alima | Le Détective Vendredi le 29 Novembre 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Pronostics et spéculations de toutes sortes pullulent au sujet de la composition de la nouvelle équipe gouvernementale. Avec le statut quo observé au perchoir de l'Assemblée nationale, on n'attend pas de grandes surprises ni d'ampleur considérable de la nouvelle équipe gouvernementale attendue.

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 Juste, un jeu de chaises musicales, comme à l'accoutumée. Après Douala où le président de la République est personnellement allé donner un coup d'accélérateur au programme des Grandes Réalisations avec la pose de la première pierre du second pont sur le Wouri et la mise en service solennelle de l'usine de traitement de gaz naturel de Ndogpassi dans le 3e arrondissement de la ville, au moins deux rendez-vous sont inscrits dans l'agenda du chef de l'Etat. Notamment le déplacement sur Paris où le président Paul Biya prendra une part active au Sommet sur la paix et la sécurité en Afrique, sommet qui se tiendra du 6 au 7 décembre prochain. Puis, la célébration du cinquantenaire de la réunification. Avec les préparatifs autour de l'événement qui s'intensifient actuellement du côté de Buea, la capitale régionale du Sud-Ouest, nul doute que la commémoration aura lieu avant la fin de l'année en cours. Une chose est certaine, avant son déplacement sur Paris, le chef de l'Etat n'aura pas encore procédé à la redistribution des cartes attendue depuis la proclamation des résultats des récentes législatives et municipales du 30 septembre dernier. Mais, dès son retour du Sommet de l'Elysée, tout porte à croire que le 34e gouvernement sous Paul Biya sera déjà connu. Le Chef de l'Etat ayant, à deux reprises, formé son équipe gouvernementale début décembre. C'était le 08 décembre 2004 et le 09 décembre 2011, à l'issue de la présidentielle du 11 octobre de la même année.

Les observateurs avertis de la scène politique nationale relèvent qu'en 31 années de règne, le président Biya a formé en tout 33 gouvernements. Sont compris dans cette série assimilable à un jeu chaises musicales ce qu'on a coutume d'appeler "réajustements ministériels" dans le jargon des milieux du pouvoir de Yaoundé. A l'analyse, la moyenne qui s'en dégage exprime, lato sensu, les clés d'un jeu politique aux allures de charme d'opinion. Les cabinets sont revus et corrigés tous les 16 mois à peu près. Cette moyenne a été régulièrement rompue aux premières heures du Renouveau, notamment entre 1982 et 1990, où il y a eu 14 mouvements ministériels. En 1983, il y a eu trois gouvernements, contre deux en 1984. Période qui coïncide avec les soubresauts de la transition, alimentés par la tentative de l'ex-président Ahidjo de reprendre la main sur le pouvoir qu'il entendait contrôler à travers l'UNC. Le clou de cette instabilité et cette tension politique étant le putsch manqué d'avril 1984. D'ailleurs, il y eu un remaniement deux mois avant le coup d'état et un autre quatre mois après. A en juger par les intervalles qui séparent les différents gouvernements formés par le président Biya, il est difficile de cerner avec précision, les rapports que le président entretien avec son peuple. Chaque fois, les Camerounais scrutent le ciel dans l'attente d'une hypothétique décision de faire ou de défaire tel ou tel ministre.

Records de longévité

Paul Biya emprunte-t-il aux florentins qui pensent que pour bien gouverner, il faut jouir du bénéfice du temps ? En réalité, le rythme des gouvernements du chef de l'Etat est à la fois flou, lent, incertain. Et finalement incohérent d'un point de vue politique. Apreuve, la première moitié du Renouveau a donné l'occasion à son initiateur de régler les comptes de la transition. En utilisant et en usant les hommes de compagnie politique à l'effet de récompenses. Puis, depuis 1991, les alliances et les contre-alliances ont pris le relais dans le système. Si bien que ces dernières années, les remaniements ministériels s'entourent de mystères. Et de simples supputations, plus ou moins proches de vrais exercices de divination. Le 08 décembre 2004. Un remaniement ministériel fait partir Hamadjoda Adjoudi du ministère de l'Elevage, des pêches et des industries animales. Le baron, âgé de 67 ans cette année-là, est remplacé par Aboubakary Sarki. Hamadjoda Adjoudji battait ainsi le record de longévité (20 ans) dans un département ministériel, car il y était nommé le 7 juillet 1984. Le record de longévité au gouvernement est détenu par l'actuel vice Premier ministre, ministre délégué à la Présidence chargé des Relations avec les Assemblées, Amadou Ali. Depuis 1983, où il fut nommé délégué général au Tourisme, le natif de Kolofata dans l'Extrême Nord n'a plus jamais quitté le gouvernement.

Amadou Ali qui est né en 1940 a tour à tour été secrétaire d'Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie Nationale (1985 à 1996), secrétaire général de la présidence de la République avec rang et prérogatives de ministre, cumulativement avec ses fonctions de secrétaire d'Etat à la Défense (1996 à 1997), avant de rejoindre le ministère de la Justice en 2001. A côté de lui, Bello Bouba Maïgari, actuel ministre d'Etat chargé du Tourisme et des Loisirs. Celui-ci a été le Premier ministre de Paul Biya le 06 novembre 1982. Il sera éjecté de ce poste le 18 juin 1983 et ne rejoindra le gouvernement que le 17 décembre 1997 comme ministre d'Etat, ministre du Développement industriel et commercial. Et depuis le 08 décembre 2004, le président national de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès, (UNDP) occupe son poste actuel. Par contre, le ministre qui a le record de la plus courte durée au gouvernement est Théodore Lando. Il a été nommé au ministère de la Jeunesse et des sports le 09 avril 1992. Il sera débarqué de ce département ministériel sept mois plus tard, remplacé le 27 novembre 1992 par Bernard Massoua II. Le plus jeune des ministres de tous les gouvernements de l'ère Biya est Mohamadou Labarang. Né en 1956 à Ngaoundéré, il est nommé secrétaire général adjoint à la présidence de la République, le 18 juin 1983. Il a alors 27 ans.

Gouvernement pléthorique

L'octogénaire Martin Mbarga Nguélé, l'actuel délégué général à la Sûreté nationale est, quant à lui, le ministre le plus âgé en poste au sein d'une équipe gouvernementale jugée pléthorique. Depuis le remaniement ministériel du 09 décembre 2011, le Cameroun compte en effet un gouvernement constitué de 62 membres, dont un Premier ministre, des vice-Premiers ministres, des ministres d'Etat, des ministres, des ministres sans portefeuille, des ministres chargés de mission, des ministres délégués et les secrétaires d'Etat. Avec un tel effectif, le Cameroun devance le Nigeria avec une équipe gouvernementale composée de 39 ministres, le Maroc (39), le Mali (34), le Sénégal (33) et la Côte d'Ivoire (29). Pourquoi un tel gouvernement pléthorique et pour quels résultats ? Admirable question ! A la faveur du statut quo observé à l'Assemblée nationale, nul doute que l'on assistera à un mouvement de petite ampleur dans les tout prochains jours, juste un jeu de chaises musicales auquel les Camerounais se sont habitués, même si l'actuel Premier ministre chef du gouvernement est annoncé partant, en même temps que certains médiocres qui seront remplacés selon le principe de l'équilibre régional.

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