Cameroun - Insécurité. Insécurité-Braquage spectaculaire : les non-dits de l’attaque Ecobank Sodiko-Bonabéri

André Som | Aurore Plus Mercredi le 23 Mars 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Comme en septembre 2008 dans le braquage des banques dans le quartier administratif de Limbé, un des commandos sévissant dans la presqu’île de Bakassi a perpétré une attaque d’une banque à la sortie Ouest de la ville Douala, faisant cinq morts sur le carreau.

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I- Nos forces armées sont-elles condamnables ?

Dans l’imagerie populaire, c’est la grande déception. Il ne fait pas de doute que nos forces armées et polices promptes à réprimer les mouvements sociaux et politiques n’ont même pas pu tirer un coup de feu en guise de riposte ou alors à déployer un hélicoptère pour dissuader le commando qui a pris en otage l’axe principal du pont du Wouri – gare routière Sodiko, pendant trois heures, par des feux nourris et ininterrompus d’un armement de guerre, pour perpétrer un braquage spectaculaire de l’Agence Ecobank Sodiko. « Il y a lieu de s’inquiéter pour la sécurité des populations et se demander si le Cameroun est encore un Etat sous commandement. Ne serait-ce pas la fin d’un régime ? », entend-on depuis samedi dans la quasi-totalité des conversations des populations de Douala. S’il est vrai que le simple fait qu’un braquage, frisant les scénarii des films hollywoodiens, ait été commis avec succès dans la capitale économique, suffit pour remettre en doute la capacité de nos forces de sécurité et défense, il y a lieu pour prendre toute la mesure de la situation de prendre en compte certaines réalités.

Les forces armées et police sont catégorisées. Très souvent pour des questions de braquage, ce sont les forces de 4è catégorie qui sont déployées. Evidemment, lorsque, le commando des assaillants ouvre les hostilités, les responsables des forces de 4è catégorie, notamment le commandant Noah, de la compagnie de gendarmerie de Bonaberi, descend sur le terrain avec quelques-uns de ses éléments. Il est pris au dépourvu par l’artillerie lourde, d’un armement de guerre qu’utilisent ceux qu’ils avaient considéré au moment où il recevait l’information comme des braqueurs ordinaires. Il est obligé de se raviser et de saisir sa hiérarchie pour solliciter un renfort en troupes et en moyens. Le Commandant de la légion de gendarmerie du Littoral, le colonel Jules César Esso, le commandant du groupement d’Escadron de Mboppi, le Colonel Efoulan, dont les éléments renforcent la sécurité de cette agence en journée, le commandant de la 2è région militaire, le colonel Jean Calvin Lemagni, font une descente concertée avec trois camions de gendarmes et militaires.

Malheureusement, ils vont buter à deux obstacles pour atteindre la zone d’opération : - le bouchon de la longue file de véhicules qui ne va pas permettre de circuler aisément – et le traçage des voies secondaires d’un archaïsme qui n’a pas permis de tisser une toile autour de la zone d’opération sur une distance de près d’un kilomètre qu’avait circonscrit la redouble bande de pirates armées. Pendant que nos forces armées tissaient le filet dans lequel elles espéraient les voir tomber au moment de rebrousser chemin, elles ont été prises au dépourvu, car le repli s’est fait par un sentier du quartier qui donne sur les côtes du Wouri, où les membres du commando ont emprunté leurs fly boat (des embarcations spécialisées et de très grande vitesse sur les voies maritimes) pour s’enfuir. Prenant au dépourvu les forces armées camerounaises qui n’avaient pas envisagé un seul moment cette issue, encore moins l’idée que ce pourrait être une attaque perpétrée par des pirates du Delta du Niger.

II- Des incongruités de l’enquête

Y-a-t-il une volonté de taire la presse ? Dans la chute de son propos liminaire lu lors du point de presse donné dimanche 20 mars, le gouverneur de la région du Littoral, Faï Yengo Francis, a de manière insidieuse invité la presse à ne pas mettre de l’huile sur le feu. «Je voudrais mesdames et messieurs les journalistes compter sur votre sens élevé de responsabilité chaque fois qu’il vous arrive d’accompagner nos forces de l’ordre dans l’exercice de leur mission.» Cela devrait-il, nous empêcher de relever quelques coïncidences suspectes ? Lorsque le commando des assaillants qui a perpétré le braquage digne d’un film policier hollywoodien, décampe les lieux, les patrouilles mixtes qui ont déjà pris position dans le quartier à l’arrière de l’agence Ecobank vont sortir de leurs positions près de 30 minutes après le départ des pirates. Ils vont alors faire face aux badauds qui ont accouru au niveau de la banque sinistré pour essayer de s’emparer de quelques broutilles. Ils vont être refoulés et tenus hors du périmètre de sécurité. Suivant les traces empruntées par le commando des assaillants, les éléments de la patrouille mixte des forces armées vont entrer en profondeur dans le quartier sur une distance de près de 3,5 km (soit 2,5 de terre et 1 km de marécage). Malgré ce retard, l’armée camerounaise va organiser une battue et ouvrir le feu de fantassin dans le quartier Ngwelé sur quelques pêcheurs qui tentaient de se cacher, apeurés par la rage des éléments de la patrouille mixte descendue sur les lieux.

Selon certains témoignages, deux personnes atteintes par les balles vont tomber dans les eaux, mais personne ne dit si elles sont mortes. Les traces de sang qui y ont été aperçues lors de la descente du ministre de la défense, Alain Edgar Mebe Ngo’o en témoignent. La patrouille va retrouver le véhicule pick-up criblé de balles de la société de gardiennage G4S que les pirates ont arraché pour s’enfuir après avoir tué deux agents de supervision venus vérifier la présence au poste de leurs vigiles. Par ailleurs, deux autres personnes suspectes vont être interpellées. Il s’agit de Colbert Mpessa, riverain, habitant de la dernière case avant le débarcadère de fortune des pêcheurs. Mais aussi une autre personne interpellée du fait de sa présence suspecte dans le coin en cette matinée sulfureuse. Sauf que cette dernière qui est visiblement un nigérian ne parle ni l’anglais, ni le français. Il serait un pêcheur apeuré par les pirates qui l’ont obligé de fuir la mer pour chercher refuge dans la mangrove. Alors que l’un des deux suspects, Colbert Mpessa a été remis en liberté hier après-midi, son compère dont les pêcheurs ne cessent de déclarer qu’il est un des leurs, est encore détenu à la légion de gendarmerie pour exploitation. L’une des grande curiosité est cette soupçonneuse attitude des populations de ce coin le plus ambiance de Bonabéri. Comment expliquer que cette nuit là particulièrement, la plupart des débits de boissons avaient fermés plus tôt que d’habitude. Où encore comment, le chef d’Agence peut-il évoquer la présence de deux personnes suspectes à la fermeture et que cela n’ait pas fait l’objet d’une alerte des forces de maintien de l’ordre ?

III- Au final, le braquage de la banque fait six morts

De source officielle, le braquage digne d’un scénario de film hollywoodien, a fait 05 morts, parmi lesquels : 01 femme, 02 vigiles d’une société de gardiennage et 02 hommes. La liste en notre possession ne révèle pas l’identité d’une femme. Curieux ! Ce qui peut conforter la thèse des populations de Bonaberi qui ont accouru dès la prise de position des lieux par les forces armées, qui évoque qu’il y a eu près d’une dizaine de morts. Des mêmes sources, on apprend que s’étant rendu compte que c’était des pirates qui sévissent dans la presqu’île de Bakassi, et qui se sont enfuis par la mer, le dispositif de sécurité en mer a été actionné et à l’issue de cette action, il y a eu un accrochage entre deux embarcations suspectes et les éléments du Bir/Delta. A l’issu de cet accrochage, l’une des embarcations a été complètement détruite. Cinq éléments du Bir ont été blessés et un sixième a succombé de ses blessures. Le lieutenant Youssouf Mahamat. De même, l’un des pirates qui ferait partie du commando qui a attaqué l’Agence Ecobank a succombé aussi de ses blessures avant d’arriver à Douala. Toutefois, on apprend qu’un important stock du matériel ayant certainement servi à ces criminels a été récupéré. Il s’agit des gilets de sauvetage, 09 téléphones portables et surtout d’autres matériels de guerre. Mais aucune information sur une éventuelle récupération du butin emporté à l’Agence Ecobank. Un peu près de 200 millions de Fcfa. Une somme surréaliste lorsqu’on sait que le commando n’est pas parvenu à faire exploser le coffre-fort. L’explication donnée par le chef d’Agence pour justifier ce butin emporté indique que cet argent qui était entreposé dans la chambre de haute sécurité où est installé le coffre-fort, n’a pas été placé à l’intérieur du coffre-fort qui contenait pourtant moins que ce montant. Ce qui laisse croire dès le début de l’enquête au regard de la précision avec laquelle le commando a opéré, qu’il y aurait des complicités dans le personnel.

Les populations de la zone quatre étages à Bonabéri sont encore meurtries par le braquage spectaculaire d’un commando des assaillants venu par la mer, et qui a réussi à tenir en respect les populations pendant trois heures de fusillade intense et est reparti mettant sans dessus – dessous, l’agence Ecobank de Sodiko. Selon les informations concordantes recueillies auprès des témoins et des forces de maintien de l’ordre, c’est aux environs de 22h30 min que l’attaque est déclenchée dans ce quartier très féerique de Bonaberi. Les membres du commando s’étant dissimulés parmi les disciples de Bacchus. Au moment où la patrouille de supervision de la société de vigilance, Group for securitor (G4S), arrive au pointage de présence au poste de ses vigiles au niveau de cette agence que les assaillants surgissent de nulle part, tirant des feux nourris de rafles. Bloquant la circulation de part et d’autre de cet axe routier de sortie Est de la ville de Douala. Cela va entraîner un embouteillage mémorable à partir du carrefour Sodiko jusqu’au rond-point pour les véhicules venant de Douala, et du château d’eau Cde à Bodjongo, immobilisant plus de 500 véhicules, pendant plus de trois heures. Créant ainsi un rayon d’opération de près d’un kilomètre, avec une fusillade à l’arme lourde. Composée de Kalachnikov, mitrailleuses, lances roquettes, explosifs et grenades.

C’est ainsi que le commando des assaillants va neutraliser le véhicule de supervision de G4S, où se trouvait des éléments d’intervention, que les membres du commando vont par la suite abattre, faisant deux morts et un blessé. Les vigiles et veilleurs de nuit qui assuraient la garde de certaines sociétés abritées sur le même bâtiment et des bâtiments voisins vont dans un sauve qui peut, très vite se sauver. «Dès que nous avons entendu les tirs nourris, nous n’avions plus un autre choix que de nous planter», affirme, Gérard Neneng, le vigile de Samcoper Company Ltd, une société voisine. C’est alors qu’après avoir tenté de forcer les verrous de la grille principale de la banque, les assaillants vont passer par la façade arrière de la banque qu’ils vont détruire avec des massettes. C’est alors qu’ils vont mettre sans dessus-dessous toute la banque à l’aide des explosifs et des haches. Les assaillants vont avec une précision remarquable atteindre leurs cibles. Aux dernières nouvelles, on annonce, un séisme de faible amplitude au sein du commandement de légion de gendarmerie du Littoral.

Yaoundé était au courant de la menace d’une attaque des pirates sur Douala

Toutefois s’il y a un aspect sur lequel la responsabilité de nos forces armées et police, est établie, c’est notamment au niveau du haut commandement. Car les bulletins de renseignements et les informations distillées dans la presse ne sont pas toujours pris en compte avec le sérieux recommandé. Dans Aurore Plus N°1299 du 8 mars 2011, en page 5, nous publions déjà un article qui faisait état de la tentative d’une attaque échouée à Douala d’un des commandos rebelles sévissant dans la presqu’île. Sous le titre : «Bakassi – Insécurité frontalière : Un chef rebelle du Delta du Niger menace le préfet du Ndian ». Selon des informations puisées à bonne source, une attaque des pirates d’un des mouvements rebelles sévissant dans le littoral maritime camerounais a malencontreusement échouée le 27 février dernier. En effet, un groupe de dix huit pirates à bord de deux embarcations, fly boat, équipées chacune d’un moteur de 150 chevaux, tous armés de fusils de guerre a fait irruption dans la pêcherie, nommée, Kangue par Limbé. Leur guide s’était trompé de chemin, alors qu’il les conduisait à la pêcherie nommé Tuka vers Douala. C’est alors que ces pirates ont recruté un autre guide avec pour mission de les ramener à Cap Cameroon. C’est ainsi que le nommé Deco, de nationalité nigériane, habitant Kangue a exécuté la mission moyennant une somme de 25 000 Fcfa. Mais les pirates qui voulaient retrouver un point d’orientation qu’ils maîtrisent vont l’abandonner à Cap Cameroun et prendre le large, non sans tirer des coups de feu en mer, obligeant les pêcheurs à prendre la fuite. Ils ont rapidement alerté le bataillon du Bir/Delta installé non loin de la pêcherie. Preuve s’il en fallait encore que Douala était sous la menace d’une éventuelle attaque qui s’est concrétisée dans la nuit de vendredi 18 à samedi 19 mars. Curieusement, aucune disposition n’a été prise.

Liste des décédés

Titsop Tsakou René, 46 ans

Kuiguia Bias, 25 ans



Moto-taximan

Kappu lapuat Oscar, 37 ans,



Vigiles G4S

Fokou Simplice, 31 ans

Mouatcho Pierre, 40 ans



Bir

Youssouf Mahamat
 

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