Cameroun - Sécurité. Cameroun - Buea: Le préfet du Fako humilie la police

Pierre-Alexis Kaptchouang | La Nouvelle Expression Jeudi le 30 Janvier 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Zang III a fait asseoir un gardien de la paix principal (GPP) à même le sol à la gare routière de mile 17 après l’avoir mis à genoux devant taximen, transporteurs et autres témoins de circonstance, avant de prendre à partie un officier de police principal (OPP).

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L’histoire retiendra certainement cet incroyable incident qui s’est produit mardi dernier à la gare routière principale de la ville de Buea, Mile 17 où le préfet du Fako, Zang III en séjour à Buea dans le cadre du suivi des opérations villes propres organisées dans le cadre des préparatifs du cinquantenaire et en compagnie du maire et de son Etat major y avait marqué un temps d’arrêt. Les choses sont allées plutôt vite dans ce carrefour où cohabitent taximen, transporteurs, chauffeurs de véhicules dits «clando», voyageurs et autres usagers de la voie publique.

Selon des sources concordantes, l’incident qui a nourri la curiosité des badauds est parti d’une course poursuite du maire de la ville de Buea, Patrick Ekema, qui avait tenté en vain de rattraper un véhicule de transport clandestin de marque Carina E dont le chauffeur qui cherchait des passagers à la station d’essence de ce carrefour avait eu la chance de se sauver. Courroucé, le maire s’en est pris au chauffeur d’un autre véhicule de marque Mercedes C 280 immatriculé SW 302 AN qui se ravitaillait en carburant dans cette même station, lui reprochant d’avoir fait fuir le chauffeur du «clando». Le mis en cause pris de court va se présenter comme étant un policier en service aux ESIR à Buea. Cette explication ne sera pas assez pour le maire qui va poursuivre avec des propos à l’endroit du policier, avant d’ordonner à ses gros bras d’embarquer ce véhicule pour la fourrière municipale. Visiblement confus, le policier dira au maire que ce véhicule appartient à son officier qui l’a commissionné à Limbe.

C’est ici qu’interviendra le préfet Zang III. Face au patron du département, le policier qui était en civil, selon l’usage militaire va se présenter ; gardien de la paix principal (GPP) Ndogmo en service aux ESIR. Sur ce, le préfet, gardé par un autre GPP, va se décharger amèrement sur le policier. Dans ses propos abracadabrants, le préfet va l’accuser d’être de ceux qui encouragent le transport clandestin, et d’être lui-même en train de faire ce transport combattu. Il se montrera d’ailleurs insensible au fait que cette Mercedes appartienne à un officier de police, et instruira qu’elle soit embarquée pour la fourrière. Comme si cela ne suffisait pas, le préfet va faire valoir que ce dernier doit être réprimandé. Il ordonnera sur le coup au policier de se mettre à genoux. Surpris, le GPP Ndogmo va d’abord tenter une résistance, mais pas pour longtemps, le préfet ayant instruit à un commissaire de le faire exécuter de force. Le policier finira par descendre sur ses deux genoux, sous le regard d’un public embarrassé. Dans la foule de curieux, des voix vont s’élevées, les unes en guise de moquerie, et d’autres pour s’indigner ; Visiblement toujours pas satisfait, le préfet Zang III ordonnera cette fois ci au policier de s’asseoir à même le sol, ce qu’il fera, larme aux yeux et visiblement abattu. Autour du préfet, les membres de son état major dont des hauts gradés de la police, et le commissaire de police principal Aboubakari du commissariat du 2e arrondissement de cette ville qui reconnaitront d’ailleurs Ndogmo comme étant un policier. On apprendra ici qu’il serait d’ailleurs le promotionnaire du garde de corps du préfet (classe), mais tout ceci ne l’aidera en rien devant le préfet furieux.

Informé, le propriétaire du véhicule ne tardera pas à se rendre sur les lieux, en tenue de service, et va à son tour se présenter au préfet dans la tradition militaire. Officier de police principal (OPP) Jacques Roger Mefire, en service au GMI n°5 à Buea, et bien connu des autorités et populations. L’OPP Méfire expliquera au préfet qu’il s’agit bien de son véhicule, et qu’il a profité du fait que GPP Ndogmo se rendait à Limbe pour ses courses pour solliciter qu’il le conduise à son tôlier pour des réparations. L’échange de paroles va ainsi s’ouvrir entre l’officier et son patron, et à chaque parole et instruction du préfet, l’OPP Mefire reprendra en guise de réponse «à vos ordre patron!» la réaction du préfet ne se fera pas attendre; Zang III maintiendra sa décision de voir le véhicule conduit à la fourrière, faisant valoir qu’il ne va le libérer que sur présentation des dossiers. Le propriétaire l’invitera à contrôler les dossiers dont le coupons sont collés sur la pare brise, notamment l’assurance, la vignette et la visite technique. Il faudra la diplomatie de certains responsables dans la suite du préfet pour le convaincre à faire relever le policier.

Réagissant sur ce sujet, le maire de Buea Ekema Patrick Esunge a reconnu qu’il s’était pris au gardien de la paix parce qu’il a facilité la fuite du chauffeur «clando». Il ajoutera cependant que l’OPP dont la Mercedes a été saisie possèderait des véhicules qui font le transport clandestin vers les villes de Douala et Limbe, et ayant reconnu que cette Mercedes lui appartenait, il a tenu à marqué ce coup pour lui servir de leçon. Le maire fera valoir que l’officier de police quant à lui aurait l’habitude de perturber le service de la police municipale, surtout lorsque l’un de ses véhicules est saisi par ceux-ci, avant de précisé qu’il a par trois fois menacé ses collaborateurs faisant usage du pistolet automatique (PA), raison pour laquelle il ne fallait pas manquer cette occasion de lui infliger un rappel à l’ordre à la police. Une accusation que va réfuter en bloc l’OPP Mefire qui confiera avoir présenté les dossiers de son véhicule au préfet dans ses bureaux à Limbe. Sur l’usage du PA pour intimider les agents de la police municipale, il dira que c’est tout faux, avant d’argumenter: «dire que j’ai plus de cinq voitures sur la ligne veut dire que je suis un homme riche. Il faut être sérieux. Est-ce que le maire peut montrer ces véhicules qu’il dit m’appartenir ? Peut-il montrer une seule carte grise?...».

Contacté mercredi, le GPP Ndogmo, encore sous le choc n’a pas voulu s’étaler sur le sujet. Il confiera tout de même que « je ne sais pas pourquoi ni qu’est ce que j’ai fait pour subir une telle humiliation...». Sur sa complicité dans la fuite du chauffeur « clando » et son activité de transport clandestin, GPP Ndogmo réfutera tout en bloc; «Je ne faisais pas le clando. Je prenais du carburant à la pompe», avant de se resigner d’en dire plus.

Pour sa part, le Délégué Régional de la Sureté Nationale pour le Sud-ouest, le commissaire divisionnaire Théophile Onana Atenguené joint à cet effet dira ne pas être informé de cet incident. Il ajoutera cependant que « s’il s’agit du transport clandestin, c’est un phénomène que nous combattons», avant de se montrer tout de même surpris d’apprendre pareille nouvelle. En attendant, des sources bien introduites rapportent que des pressions de toutes natures et venant de partout sont déjà exercées sur le GPP Ndogmo pour le persuader à se défaire de l’idée que justice soit faite sur l’humiliation dont il a fait l’objet. Mais déjà, dans le milieu policier à Buea, la frustration est perceptible. Des policiers cachant mal leur sentiment face à l’humiliation subit par leur collègue vont dénoncer sous anonymat « qu’il est regrettable qu’un acte pareil soit posé par un responsable qui est gardé au quotidien par un policier, et qui a besoin de la police à tous les coups pour la réussite de ses missions». Et pour conclure, on apprendra ici qu’il s’agissait simplement d’une chasse à l’homme visant une tête mise à prix. 

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