Opération Epervier. Cameroun - Affaire Bapès Bapès: L'accusé Laurent Esso

Arthur L. Mbyé | Repères Vendredi le 11 Avril 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La tentative de certains des amis du Garde des Sceaux de le défendre confirme son rôle majeur dans l'arrestation de son collègue du gouvernement le 3 mars dernier.

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Le prochain conseil de cabinet s'annonce des plus gênants pour le ministre de la Justice. Il faudra surtout surveiller les regards que vont se jeter le Garde des Sceaux et le ministre des Enseignements secondaires. Le bourreau et la victime. Le prédateur et la proie. Mais il faudra aussi scruter le regard des autres membres du gouvernement, en commençant par le Premier ministre.

Philemon Yang a été mis à l'écart du vaudeville du 31 mars au ler avril, qui a vu Louis Bapès Bapès, ministre en fonction, mis sous mandat de dépôt à la prison centrale de Yaoundé. Lui, qui se sentait déjà affaibli par l'arrestation de son prédécesseur, Ephraim Inoni, qu'il avait déjà apprise à la radio, devra gérer l'atmosphère pesante et de suspicion entre les membres de son équipe.

En effet, dans la même salle, seront assis des ministres au regard d'acier, se défiant comme des chiens de faïence, parce que dans le secret de leur cabinet, certains ont déjà monté des pièges pour une surveillance judiciaire des autres.

Le ministre des Enseignements secondaires, celui de la Santé, André Marna Fouda (auxquels il faut ajouter le DG de Camwater Jean William Sollo et le sénateur Ondoa Menye) n'ont pas le droit de sortir du Cameroun, sur décision du délégué général à la Sûreté nationale, prise en mars dernier.

A la baguette, le parquet général du tribunal criminel spécial, en coordination avec la chancellerie, c'est-à-dire le ministre de la Justice. C'est le même tandem qu'on retrouve au cœur de l'affaire Bapès Bapès, au cours des 48 heures qui ont affolé la République.

C’est en effet depuis 2008 que le ministre des Enseignements secondaires est sous le coup d'une enquête judiciaire, d'abord par le tribunal de grande instance du Mfoundi puis, comme les montants en jeu sont supérieurs à 50 millions de francs, par le TCS dès son entrée en fonction.

Au terme de l'examen des soupçons de détournement de plus d'un milliard qui pèse sur l'ancien directeur général de la Magzi, le parquet général du TCS rédige un réquisitoire introductif d'instance, qui libelle les accusations et chefs d'inculpation retenus contre Louis Bapès Bapès. Emile Zéphyrin Nsoga, procureur général, qui rend compte de toute son activité au ministre de la Justice, en informe Esso, qui dispose donc copie du document.

M. Esso en informe bien entendu le Chef de l'Etat et souhaite obtenir l'aval de Paul Biya pour une mise en détention préventive du Minesec. En 2009, Amadou Ali avait déjà tenté pareille démarche sans succès. Esse a-t-il obtenu l'accord du chef de l'Etat pour incarcérer son collègue du gouvernement ? Rien n'est moins sûr.

En tout cas, ses proches se défendent d'une quelconque implication du Garde des sceaux dans l'arrestation de Louis Bapès Bapès, dirigeant les regards vers le secrétariat général de la présidence d'où serait parti l'ordre. Quoi qu'il en soit et même si la décision a été montée dans l'entourage du Chef de l'Etat, dit-on par le secrétaire général Ferdinand Ngoh Ngoh et son adjoint [Jeter Agbor Tabi, c'est bien le MinJustice qui a confirmé l'ordre de déférer son collègue à Kondengui.

Aucune correspondance n'indique que le fait que M. Bapès soit toujours membre du gouvernement ait soulevé quelque réticence à quelque niveau que ce soit, ni que M. Esso se soit opposé à ce dessein. Le rôle passif qu'on veut attribuer au Minjustice dans ce dossier cadre mal avec ce lynx de la magistrature et ce bon connaisseur des rouages du système Biya.

L'agacement de M. Biya, perceptible quelques heures avant son départ, le l er avril, pour Bruxelles au sommet Europe-Afrique, a jeté une douche froide sur le TCS, malgré lui au cœur d'un précédent politique grave: la mise aux arrêts d'un membre du gouvernement encore en fonction. Yap, les président du TCS, et Emile Zéphyrin Nsoga sont apeurés le ler avril et redoutent un retour de bâton du Chef de l'Etat.

Tour à tour, le Minjustice les reçoit, puis s'entretient avec la juge Bahounoui, et leur renouvelle à tous sa confiance. Surtout, il leur demande de poursuivre l'instruction de l'affaire. Les inspecteurs du Consupe sont annoncés dans les prochains jours au Tcs comme témoins dans ce dossier.

Ainsi donc, Bapès Bapès, ministre en fonction est en sursis judiciaire. Celui à qui le Président a instruit de reprendre le travail le lendemain de sa libération sait ce qui l'attend dès sa sortie du gouvernement. Le silence dans lequel il s'est muré, certainement pour ne pas laisser échapper une vacherie qui pourrait se retourner contre lui, n'est pas une assurance-liberté. Le Minesec laisse ainsi se propager l'idée qu'il est déjà coupable et ne doit sa liberté qu'a la magnanimité exceptionnelle du Chef de l'Etat. Il devrait s'expliquer sur ce compte à un milliard qu'on lui attribue au Japon.

Pour le moment, le calme observé dans le sérail n'est dû qu'à l'absence du Chef de l'Etat, parti à Genève après le sommet Europe-Afrique de Bruxelles. L'opprobre jeté sur le gouvernement ne passera pas par pertes et profits. 

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