Cameroun - Côte d'ivoire. Cameroun/Cote d’Ivoire – En visite au Cameroun: Guillaume Soro désavoué par des opposants

Le Messager Mercredi le 11 Juin 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La déclaration du bureau politique du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) fait suite à une décision prise par le Comité exécutif national (Nec) du Social democratic front (Sdf).

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 A priori, le Manidem demande au groupe parlementaire du Sdf d’«exiger le boycott de la séance parlementaire qui va accueillir Soro.» Tout comme la même formation politique «demande également à tous les parlementaires patriotes africains de boycotter cette séance de l’Assemblée». Sans ambages, le Manidem entend manifester son aversion à l’arrivée de l’actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne au Cameroun. Arrivé au Cameroun hier, Guillaume Soro devrait prendre la parole devant les députés de la Chambre basse ce jour. Difficile pour l’instant de déduire de l’esprit de son propos même si des supputations font état d’un resserrement des liens de coopération entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Peu ou prou intéressé par les détails de cette visite, le Manidem monte au créneau.

«Le Manidem pour sa part a décidé de soutenir depuis 2002 avec l’Upc des fidèles, la juste lutte du peuple ivoirien avec à sa tête le président Laurent Gbagbo.» Des raisons pour le communiqué cosigné du secrétaire général de cette formation politique, Martin Richard Ntondo et de son secrétaire national à la formation, Jean Emmanuel Mpouma de se féliciter du fait que «Le Manidem est heureux de constater qu’il a été rejoint dans sa position panafricaniste par ceux-là mêmes qui ont lâché Gbagbo, tout en étant membres de l’International socialiste». La déclaration du Manidem signée le 10 juin 2014 ne cache pas le soutien de cette formation politique «au peuple ivoirien et à son président légitime Laurent Gbagbo dont il exige la libération.» Une libération qui, à en croire la déclaration du Manidem, «constitue un gage primordial d’une réconciliation véritable en Côte d’Ivoire.» Un rêve, soutient la déclaration du Manidem, «est devenu celui de tout le continent africain.»
Joseph OLINGA N.

Focal: Dénonciations

Outre l’appel au boycott de la prise de parole de l’actuel président de l’Assemblée nationale ivoirienne à la Chambre basse camerounaise, le Manidem, dans sa déclaration rendue publique le 10 juin 2014 dénonce «Les manœuvres politiques néocoloniales du gouvernement français de quelque coloration que ce soit; la répression et le harcèlement dont ne cessent d’être victimes les militants du Front populaire ivoirien (Fpi) ainsi que les populations ; la tentative du gouvernement illégitime de Ouattara-Soro de faire du Cameroun une espèce de base arrière.» Mais aussi, les dénonciations du bureau politique du Manidem évoquent «l’accord conclu à coup de milliards FCfa entre les gouvernements français et camerounais pour la formation à l’Ecole militaire interarmées (Emia) d’officiers ivoiriens.»

J.O.N

Portrait: Le Soro que le Cameroun accueille

Le président de l’Assemblée nationale de la République de Côte-d’Ivoire Guillaume Soro est au Cameroun depuis hier, ce jusqu’au 14 juin prochain, pour une visite de travail et d’amitié, à l’invitation de son homologue camerounais, l’Honorable Cavaye Yéguié Djibril. Ce sera sa première visite officielle dans ce pays d’Afrique centrale.

Biographie atypique

Guillaume Kigbafori Soro est né le 8 mai 1972 à Kofiplé, sous-préfecture de Diawala, dans le département de Ferkessédougou. Il est originaire du nord de la Côte d’Ivoire, et de religion catholique. Ancien pensionnaire du petit séminaire de Katiola (1985) et du Lycée classique de Bouaké (1988), Soro est diplômé du département d’anglais de la Faculté des lettres, art et sciences humaines de l’Université de Cocody-Abidjan. Après la Côte d’Ivoire, Soro Guillaume poursuit ses études en France où il s’inscrit en anglais à Paris VII et en Sciences politiques à Paris VIII. Il revient au pays quelques semaines avant les événements du 19 décembre 1999. Après les périodes troubles d’octobre, décembre 2000 et de janvier 2001, il est contraint à l’exil. Un parcours académique qui va très vite avorter … et prendre une toute autre trajectoire, en raison de sa verve syndicaliste.

Syndicaliste dans l’âme

L’esprit syndicaliste qui va animer Guillaume Soro n’est pas spontané. Tout commence depuis sa tendre jeunesse. Au Petit Séminaire où il effectue une partie de ses études secondaires, il va s’illustrer comme meneur d’une grève (fait d’ailleurs très rare en cette époque) qui se solde par un échec. En 1991, Soro rallie la Fédération estudiantine et scolaire de Côte-d’Ivoire (Fesci), mouvement estudiantin d’obédience socialiste. Un tremplin qui va lui donner l’occasion de côtoyer la «gauche» ivoirienne. Le Che comme on le surnommait lorsqu’il était étudiant, ou encore Bogotha, s’est engagé politiquement très tôt. Il avait à peine 23 ans lorsqu’il prit de haute lutte, la Fesci, de 1995 à 1998. Il en sera le secrétaire général de 1994 à décembre 1998. Cela lui vaudra en tout six séjours carcéraux et plusieurs arrestations à cette époque après des manifestations, avec en prime, le statut de prisonnier d’opinion par Amnesty International en 1995 et homme de l’année en Côte-d’Ivoire en 1997 par le quotidien Ivoire Soir. L’année 1997 va marquer un tournant décisif de sa vie, lorsque la fédération estudiantine organise sous sa férule, le mouvement étudiant le plus important que la Côte-d’Ivoire ait jamais connu.

Caméléon politique

C’est le Front populaire ivoirien qui contribua à l’émergence de Soro sur la scène politique nationale afin de combattre le pouvoir d’Houphouët Boigny, sans avoir pris la peine d’approfondir son degré de conscience patriotique et politique. Laurent Koudou Gbagbo est l’un de ses maîtres à penser, lorsqu’il le rencontre en 1994. Un mariage de raison au cours duquel le jeune Soro est fasciné par le leader du Fpi. « J’avais un véritable respect pour lui », affirme Soro dans son roman autobiographique « Pourquoi je suis devenu rebelle, la Côte-d’Ivoire au bord du gouffre ». Pourtant, quatre ans après, c’est la rupture entre les deux hommes. La pomme de discorde : Charles Blé Goudé.

À la suite de quelques remous au sein de l’organisation estudiantine, il rejoint la «droite» ivoirienne conduite par le Rassemblement des républicains (Rdr) d’Alassane Dramane Ouattara (Ado). Par la suite avec quelques soldats nordistes, il créé le Mpci, dont il deviendra le secrétaire général, pour attaquer le Fpi. En décembre 1999, on le voit contre toute attente aux côtés du général Robert Guéï après son coup d’État réussi, mais il s’oppose à lui et s’allie à Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle de 2010. Selon certains analystes de la géopolitique ivoirienne, Soro ne serait ni plus, ni moins que l’instrument des hommes politiques ivoiriens dans leur règlement de comptes. En ce sens que le mouvement qu’il dirige n’a pas une véritable philosophie politique.

«Seigneur de la guerre»

Contraint de s’exiler après les événements d’octobre, décembre et janvier 2001, c’est cet épisode qui marque un tournant dans son engagement politique, et va le conduire à la tête du Mouvement patriotique de Côte-d’Ivoire (Mpci), maître d’œuvre du coup d’État de septembre 2002. Lorsque la rébellion éclate le 19 septembre 2002, c`est encore lui qui accepte d`en porter le chapeau. Cette situation est selon lui, la résultante de l’ivoirité. Il fera ses armes diplomatiques à toutes les négociations internationales: Lomé, Linas-Marcoussis, Pretoria, Abuja… À l’issue de l’échec des négociations de Lomé, Soro est désigné le 22 décembre 2002, premier responsable des trois mouvements qui contrôlent 48 % du pays entre 2002 et 2007: Mouvement des jeunes patriotes (Mjp), Mouvement populaire ivoirien du Grand-Ouest (Mpigo) et Mouvement patriotique de Côte-d’Ivoire (Mpci).

Cour pénale internationale

23 février 2012, coup de tonnerre ! Un communiqué de presse de la Cpi déclare : « Le 22 février 2012, la Chambre préliminaire III de la Cour pénale internationale a décidé d’élargir son autorisation d’enquêter sur la situation en Côte-d’Ivoire pour inclure les crimes relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2010. » Pour la Cpi, les violences survenues en Côte-d’Ivoire pendant cette période y compris ceux qui auraient eu lieu depuis le 28 novembre 2010, doivent être traitées comme une seule et même situation. Visiblement, Guillaume Soro est visé, si tant est que la Cpi dont la politique vise essentiellement les plus hauts responsables (dans la hiérarchie de la chaîne de responsabilité) des crimes relevant de sa compétence à savoir, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, élargit le cadre temporel de l’enquête à la période de 2002 à 2010.
Dans la foulée, Soro contre-attaque. Menaçant au passage la France et l’Onu. Le 4 juillet 2012, il va se confier sur les antennes de France 24. « Si on m’attaque, je mouille tout le monde. » Ou encore «J’ai dirigé en tant que Premier ministre, ministre de la Défense, les forces républicaines de Côte d’Ivoire qui ont agi de concert avec la communauté internationale, je dis bien la communauté internationale en légitime défense…» Ce sont les lignes de défense que Guillaume Soro choisit d’adopter face aux menaces de transfèrement à la Cpi dont il fait l’objet.

La dernière actualité est marquée par ses récents démêlés avec Alassane Dramane Ouattara, suite à une déclaration faite en 2013, et qui aurait déteint les rapports entre les deux hommes. Soro aurait confié à une haute personnalité de la Commission de l’union africaine, que « c’est Gbagbo qui a gagné l’élection présidentielle de novembre 2010. » Une révélation troublante pour Ouattara, qui a rappelé à la raison le président de l’Assemblée nationale. Au point de remettre sur la table le dossier de son arrestation et de son transfèrement éventuel à la Cour pénale internationale (Cpi). Le torchon brûle-t-il entre les deux hommes ? Les échéances électorales de 2015 permettront d’y voir un peu plus clair.

Gibrile KENFACK TSABDO (Cp)
 

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