Cameroun - Economie. Cameroun - Note salée: Ce que coûtent les APE au Cameroun?

Joseph OLINGA N | Le Messager Jeudi le 10 Juillet 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les arguments d’Eugène Nyambal, économiste, Gaston Komba, député Rdpc et d’autres experts.

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Député à l’Assemblée nationale, l’honorable Gaston Komba se veut clair dans sa prise de position au sujet de la ratification de l’accord d’étape conduisant aux Ape. Cet élu local tient d’abord à prévenir. «Ce que nous gagnons ou que nous perdons dans les Ape dépend de la manière dont nous allons structurer notre économie.» Dans la même veine, le député reconnaît que «aller aux Accords de partenariat économique à l’heure actuelle n’augure aucun gain.» En fait, la réalité est à l’invasion du marché camerounais par les produits européens. La réciproque étant peu probable du fait de l’absence d’une production industrielle conséquente. Dans les colonnes de nos confrères du quotidien Mutations, Eugène Nyambal ancien conseiller principal de l’administrateur du Fonds monétaire international (Fmi) soutient que la ratification de l’accord d’étape des Ape par le Cameroun est un «déni» de l’émergence prônée par le gouvernement à l’horizon 2035.

A la lecture des engagements et des promesses de lendemain meilleur vendu par le gouvernement au peuple, cet économiste pense que «nous devons éviter d’engager les générations futures dans l’amateurisme économique et la pauvreté.» C’est que, explique cet expert «l’expérience montre que malgré les mécanismes d’accès sans droit de douane aux marchés des pays occidentaux depuis près de 40 ans, le Cameroun n’a pas réussi à y accroître sa part d’exportation vers ces pays». Une incapacité-improbabilité liée à la faiblesse de ses capacités de production, du fait des subventions dont bénéficient l’agriculture européenne et des barrières non-douanière entre les différents Etats de l’Union européenne. En sus, s’accordent de nombreux observateurs, la faiblesse de la balance commerciale camerounaise «déficitaire», le manque de diversification de l’économie et l’absence de structures de production ne plaident pas pour des Accords dits de partenariat entre le Cameroun et la géante Union européenne.


Les Ape ont-ils un impact sur «l’émergence »?

En l’état actuel, les différentes simulations faites par les experts des questions économiques et des relations commerciales internationales déduisent sans ambages que la signature des Ape entre le Cameroun et l’Union européenne ne participe pas à l’ambition serinée par le gouvernement de faire du Cameroun un pays prospère à l’horizon 2035. Le libre accès des produits européens au marché camerounais détruira, à coup sûr, le fragile (inexistant ?) tissu agricole, industriel et financier local. De fait, comme par le passé, ce partenariat déséquilibré vient conforter l’idée qui présente le Cameroun sous le prisme d’un comptoir commercial européen. Les effets induits étant la ruine des modestes emplois qu’offrent encore les Petites et moyennes entreprises (Pme) camerounaises et par extension le secteur informel dans lequel se meut l’essentiel de la population laborieuse locale.

Dans les faits, ce partenariat déséquilibré viendra réduire en peau de chagrin la capacité de l’Etat camerounais à générer des revenus susceptibles de financer son fonctionnement de manière autonome et de financer de manière conséquente les investissements annoncés. Si le député, Gaston Komba, relève l’absence de produits à forte valeur, l’analyste économique, Eugène Nyambal soutient que la ratification des Ape «entraînera une montée vertigineuse de l’endettement et le recours aux programmes d’ajustement structurel (Pas)». Une hypothèse qui met en lumière le risque de réduction des marges de manœuvre en vue de la diversification de l’économie. Certes, l’Union européenne exhibe sa volonté «d’aider» le Cameroun à conquérir le marché européen à travers une enveloppe de 6 milliards 500 millions FCfa. Une enveloppe qui, soutiennent les mandataires de l’Ue «permettra au Cameroun d’accéder aux marchés de la sidérurgie, de la métallurgie, du textile, de l’agro-alimentaire, du tourisme, des Bâtiments et travaux publics (Btp), de l’électronique ainsi que dans les secteurs tels que le tourisme et la maroquinerie», mais il reste que le Cameroun ne peut valablement se prévaloir d’une ingénierie conséquente dans lesdits secteurs. C’est que, à la lumière, la ratification de l’accord d’étape, quoique implémentée par étape, contraint l’Etat Camerounais à renoncer à ses recettes budgétaires. Des recettes dont l’estimation est variablement portée entre 2000 mille et 2 500 millions de Francs par an.

J.O.N.



Perspective: Quelles solutions pour l’économie camerounaise?

De l’avis de plusieurs acteurs économiques et politiques, le Cameroun devrait atteindre l’émergence avant d’aller aux Ape.

«Ne pas y aller en l’état actuel» soutient le sociopolitologue Vincent Sosthène Fouda. D’autant plus que, poursuit la même source, «les promesses faites par le Fonds monétaires international (Fmi), la Banque mondiale et l’Union européenne rappellent à suffisance les expériences de la décennie 90.» Une décennie qui a connu la privatisation et la fermeture de nombreuses entreprises, la mise au chômage des Camerounais mais aussi la dévaluation du Francs Cfa, puis la baisse des salaires avec pour corollaire la montée en puissance de la corruption par laquelle le Cameroun s’identifie à travers le monde à ce jour. Président du groupement patronal E.Cam, Protais Ayangma pense que, «le Cameroun devrait atteindre son émergence avant de procéder à la signature des Ape.» Outre la mise à niveau des entreprises, la structuration du secteur productif camerounais est un préalable à la signature des Accords de partenariat économique. Tout à côté, conviennent les experts, la priorité doit être donnée à l’affermissement des capacités d’exportation du pays. D’autant que la signature des Ape par le Cameroun contribuera indubitablement à des pertes des droits de douane. Des pertes estimées à environ 70% du niveau actuel des recettes. Des espoirs en somme? Tout laisse croire, à l’évidence que la procédure engagée par le gouvernement camerounais ignore les prévisions faites par les différents experts. Un véritable suicide !

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