Cameroun - Economie. Cameroun - Accord de partenariat économique (APE): à quoi s'attendre ?

Younoussa Ben Moussa & Claude Tadjon | Le Jour Mardi le 15 Juillet 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Quels sont les produits concernés par cet accord et le calendrier de leur démantèlement tarifaire à la douane.

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En fin de semaine dernière, peu avant la clôture de la session de juin, le gouvernement introduit un projet de loi au parlement autorisant le président de la République à ratifier l'accord d'étape vers un accord de partenariat économique entre la Communauté Européenne et ses états membres d'une part, et la partie Afrique centrale, d'autre part. Le texte a été adopté en 24h et sans amendements. Dans l'exposé des motifs, le gouvernement rappelle que la ratification de cet accord devrait intervenir avant le 1er octobre 2014, et les pays qui ne l'auront pas ratifié perdront l'accès préférentiel de leurs produits sur le marché européen. Le 9 juillet dernier à l'Assemblée nationale, Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire qui défend le projet a été interrogé sur la pertinence de cette démarche. Patricia Ndam Njoya, député Udc constate d'abord que «la ratification des Ape par le Cameroun suppose que le pays accepte d’ouvrir son marché à concurrence de 80% des importations de l'UE, les 20% excluant certains produits agricoles, même comme en réalité [nous] restons dépendants, parce que n'en produisant pas assez, d'un bon nombre de produits de 1ère nécessité comme les céréales, farine, lait, riz, même les œufs, poisson».

Mais au-delà du débat, que gagne vraiment le Cameroun à signer cet accord? Pour Patricia Ndam Njoya, la situation économique du Cameroun est partie pour s'aggraver, puisque, «le marché national est déjà saturé des produits importés venant de partout: de l'UE, de la Chine, du Nigéria, etc», Emmanuel Nganou Djoumesssi réfute: «La ratification par le Cameroun de l'accord d'étape doit être perçue comme une approche stratégique qui traduit l'ambition du Cameroun de conquérir des parts de marché sur la scène internationale (...). Bien qu'astreint au tarif extérieur commun du fait de son appartenance à la sous-région Afrique centrale, son économie est la plus diversifiée; dès lors, il devrait élargir les débouchés pour ses produits». Il ajoute qu'il s'agit aussi d'une «mesure qui garantit et sécurise l'accès au marché européen des produits camerounais en attendant la conclusion d'un Ape régional complet et équilibré». Il s'agit donc théoriquement d'assurer la compétitivité-prix des produits tels que la banane, l'aluminium les produits dérivés du cacao (beurre, huile, graisse). Pour le gouvernement, il faut comprendre l'Ape «comme une opportunité à saisir pour moderniser notre économie».


Médicaments

Maintenant que le Cameroun a opté pour cette ratification, quels sont les groupes de produits et le calendrier de démantèlement tarifaire de l'offre du Cameroun? Selon nos informations, il y a quatre groupes au total avec des échéances différentes. Le premier groupe comprend: des produits destinés à la consommation des ménages. Il s'agit dans les détails des médicaments, des livres, des semences ou des reproducteurs d'animaux. Leur libéralisation était programmée en cette année 2014.

Dans le deuxième groupe, il y a des biens d'équipement, des machines et équipements mécaniques (véhicules neufs, équipements agricoles), des équipements électriques, des pneumatiques neufs. Les produits composant ce groupe seraient libéralisés en sept ans à partir de la deuxième année de libéralisation. Soit en 2018.

Le troisième groupe concerne des matières premières et autres biens d'équipement qui contribuent aux recettes douanières. Aucun délai n'est fixé pour leur libération.

Le quatrième groupe comprend les matériaux de construction, le clinker, le blé dur, les matières en caoutchouc, les produits dérivés du bois, les articles de ménage, etc. La libéralisation de ce dernier groupe de produits devrait se faire en 10 ans à partir de la cinquième année de libéralisation (2014).

Qu'en est-il de la protection de notre tissu industriel national? Les biens de consommations courantes, boissons et tabacs ne sont pas concernés, par la libéralisation, apprend-t-on. Au Minepat, l'on argue qu'il s'agit de protéger la production locale et les recettes douanières.

En termes simples et selon les documents signés par les différentes parties, l'Accord de partenariat économique, c'est l'ouverture réciproque des marchés notamment la suppression immédiate des droits de douanes sur les produits camerounais des pays signataires entrant dans l'Union Européenne et la suppression progressive des droits de douanes sur les produits en provenance de l'Union Européenne lors de leur entrée dans les pays signataires.

Younoussa Ben Moussa




Accord régional APE: Le Cameroun fait cavalier seul


Les négociations Union européenne-pays de la sous-région Afrique centrale n'ont pas abouti.

Le Cameroun a choisi de ne plus attendre. L'option d'y aller sans les autres Etats de la sous-région Afrique centrale est ferme et se traduit par le vote la semaine dernière, par les deux chambres du parlement, du projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l'accord d'étape vers un accord régional complet de partenariat économique avec l'Union européenne. Aux yeux du Cameroun, le Gabon, le Tchad, le Congo, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine... ne prennent pas suffisamment en compte les contraintes liées au calendrier de la mise en œuvre des accords de partenariat économique. «Nous n'avons pas de visibilité et pas de confirmation qu'il y aura un accord régional avant le 1er octobre», a admis récemment le ministre de l'Economie de la Planification et de l'Aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djoumessi.
«Le Cameroun tient à l'intégration sous-régionale, à la solidarité sous-régionale tout en préservant la production nationale susceptible d'être exportée vers l'Union européenne», explique, pour sa part, une source au ministère de l'Economie traduisant l'embarras du pouvoir qui a dû choisir entre une démarche collective trop lente au niveau sous régional et la nécessité de préserver dans l'urgence les intérêts des entreprises qui exportent vers l'Union européenne. C'est une «mesure stratégique destinée à protéger les intérêts-vitaux de nos entreprises», lâche notre source. En effet, les entreprises camerounaises exportent principalement vers l'espace économique de l'Union européenne, l'aluminium, les bananes, les produits transformés du cacao et du bois, et d'autres fruits et légumes frais ou transformés.

Plusieurs rencontres sur le sujet des Ape entre les experts de la sous-région Afrique centrale à Douala, Kinshasa et à Libreville n'ont pas suffit à impulser véritablement et de façon décisive les négociations au niveau régional. Elles se poursuivent et le gouvernement camerounais a officiellement indiqué à l'endroit de ses partenaires communautaires que l’accord d'étape que le parlement vient d'autoriser le chef de l'Etat à ratifier deviendra «caduc» dès qu'un Ape régional complet sera signé entre l'Afrique centrale et l'Union européenne.

Toutefois, une tribune collective signée par des organisations de la société civile des pays de l'Union européenne et des pays de l'Afrique des Caraïbes et du Pacifique (Acp) soulignait quelques préalables nécessaires à la signature de ces accords commerciaux: «Certes, le commerce et l'investissement peuvent être, parmi d'autres, de puissants leviers de développement. Mais pas dans des délais et conditions inapplicables aux réalités des pays Acp. Leur intégration en régions est souhaitable si elle leur permet de renforcer réellement leurs potentialités pour affronter le marché mondial. A leurs rythmes et dans les conditions qu'il leur appartient de définir. On en est loin », s'inquiétaient les auteurs.

Claude Tadjon 

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