Cameroun - Politique. Cameroun - Commémoration: Paul Biya ignore le centenaire des nationalistes

Joseph OLINGA N. | Le Messager Vendredi le 08 Aout 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le président de la République opte pour la commémoration du 70e anniversaire du débarquement de Provence. L’évènement qui se déroule en France le 15 août prochain rend hommage aux combattants des «anciennes colonies» au côté de la France.

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Paradoxal! Si cela peut encore l’être. Au moment où certains se souviennent des exécutions, le 8 août 1914, de nombreux Camerounais combattants les exactions du protectorat allemand aux relents de colonisation, le président de la République du Cameroun, Paul Biya participe au sommet Etats-Unis-Afrique. De sources concordantes, le chef de l’Etat camerounais partira de la capitale fédérale américaine, Washington, pour la France où il va participer à la commémoration du 70e anniversaire du débarquement de Provence. La commémoration prévue le 15 août 2014 marque la libération de la France de l’occupation allemande. Une libération à laquelle ont pris par des soldats africains parmi lesquels des milliers de Camerounais combattant au sein de la première Division française libre (Dfl).

Sauf surprise, Paul Biya prendra part à la grand’messe française. Aux côtés d’une vingtaine de ses homologues africains, le chef de l’Etat camerounais est appelé a apprécier les manœuvres exécutées par des bâtiments militaires français. La manœuvre qui se déroule à Toulon verra également le passage d’une troupe composée de militaires camerounais sur un porte-avion français. Au Cameroun, la commémoration du centenaire des premiers nationalistes camerounais se déroule avec des fortunes diverses. Sans l’appui du gouvernement. A l’unanimité, les organisateurs des différentes commémorations partagent une excuse. «Nous avons sollicité l’implication et l’intervention du gouvernement. Certaines personnes rencontrées nous ont dit que le gouvernement pourrait s’impliquer lors des prochaines commémorations.»


Commémorations

Dans les faits, au moins cinq commémorations se déroulent avec des succès variés. Descendante de Rudolf Duala Manga Bell, Marylin Douala Bell, sous la bannière de la chefferie Bell et de l’espace culturel Dual’art célèbre les cent ans de la mort des martyrs. Outre l’aspect festif, les commémorations tournent autour de nombreuses conférences. Le Cameroun et la grande guerre; Le rôle des femmes camerounaises dans la guerre, l’atmosphère à Douala avant le déclenchement de la grande guerre mais aussi le rôle du Sultan Njoya durant cette période font l’essentiel des articulations retenues par le canton Bell.

La directrice de l’espace Dual’art, Marilyn Douala Bell rassure sur la «cohésion» qui existe entre les différentes organisations. «Nous agissons ensemble mais chacun peut engager des actions qui lui semblent importantes à son niveau.» Des actions parfois similaires. A l’instar de ces tours de ville organisés simultanément par le Tet’Ekombo (chefferie Bell, Ndlr) et la Fondation Ngosso Din. Tout comme les cérémonies traditionnelles et les marches prévues tant par le leader panafricaniste Mboua Massock, l’Association Ngosso Din, la chefferie Bell et l’espace Dual’art.

Joseph OLINGA N.



Reconnaissance: Comment les combattants africains ont été trompés

Le choix porté par Paul Biya sur la commémoration du débarquement de Provence, au détriment de la commémoration du centenaire des résistants nationalistes camerounais contraste avec la place que les combattants africains continuent d’occuper dans la mémoire collective française.

Au moment où de nombreux chefs d’Etat de l’ancienne Afrique équatoriale française (Aef) s’apprêtent à commémorer le 70e anniversaire du débarquement de Provence au côté de la France, les témoignages et autres faits historiques démontrent à suffisance la duperie dont ont été victimes les «volontaires» africains de la guerre de libération. Une guerre qui, selon de nombreuses données historiques aura vu la participation de plus de cinq cent mille combattants venus de l’Afrique noire francophone.

Comme de nombreux rescapés de cette époque, l’algérien Youb Lalleg explique dans les colonnes de l’hebdomadaire Jeune Afrique les raisons de l’engagement massif des Africains sur le front de la Deuxième Guerre mondiale. «Il y avait un espoir que nous libérerions notre patrie, la France, et qu’au retour nous aurions l’égalité».C’est que, pris dans le maillage de la polémique qui oppose le maréchal Pétain au général Degaulle, l’Afrique équatoriale française fait le choix de s’engager dans la guerre aux côtés des troupes reconstituées sous la houlette du général réfugié à Londres après l’armistice signé par le maréchal Pétain. C’est dans ce contexte que l’Aef s’engage avec les alliés dès l’année 1940 sous la houlette du capitaine Leclerc.

Un engagement qui permet à la France de se doter d’une armée. Une armée certes cosmopolite qui affronte la force de feu allemande au point de déjouer de nombreux pronostics. Des raisons pour de nombreuses Associations et organisations de la société civile d’appeler à une reconnaissance «totale» du rôle de ces soldats noirs dans la «délivrance» de la France au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Des hommes qui devraient avoir une place de choix dans la mémoire collective française. Et, même si l’écrivain guinéen Tierno Monénembo évoque quelque revalorisation de leur statut par la France, le Prix Ahmadou kourouma n’oublie pas cette ségrégation dont eux et leurs descendants continuent de faire l’objet en France. «En somme, une ségrégation légale sous le toit d’une République connue pour ses intarissables leçons sur la démocratie et sur les droits de l’Homme.»

Joseph OLINGA N.

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