Cameroun - Consommation. Cameroun - Ngaoundéré: A la découverte du Kilichi de poisson

FRANCIS EBOA | L'Oeil du Sahel Samedi le 23 Aout 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Depuis quatre ans, Aliou Aoudou s'est spécialisé dans la confection du kilichi de poisson

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Jusqu'ici la ville de Ngaoundéré était réputée pour son kilichi de viande de bœuf. Lequel est d'ailleurs considéré comme le meilleur du pays. Sa réputation établie sur le kilichi de viande séchée très prisée et généralement consommée comme produit de grignotage, le chef-lieu de la région de l'Adamaoua a décidé de passer au kilichi de poisson. Une trouvaille d'Aliou Aoudou, initié à la fabrication et à la distribution du kilichi par son feu père, Aoudou Maï Kilichi, un des pionniers de cette activité à Ngaoundéré. Mais au contraire de soin père, Aliou Aoudou, 4? ans, prépare avec aisance depuis environ quatre ans, du kilichi au poisson, dont-il en a fait sa spécialité.

«Tout est parti d'une simple curiosité. Il y a des gens qui Ont des problèmes de santé Lorsqu'ils mangent la viande rouge. Je me suis posé la question de savoir comment est-ce que je pouvais satisfaire cette catégorie de personnes. C'est de ce questionnement que j'ai eu l'idée de faire le kilichi au poisson et au poulet», se souvient Aliou Aoudou, avant de dévoiler les secrets de ses recettes.

Pour confectionner un bon kilichi de poisson, tout part du choix du poisson, principale matière de base. Pour ce faire, Aliou Aoudou s'approvisionne auprès des revendeuses de poissons, les fameuses «bayam-salam» qui se ravitaillent à Tibati. Ici, le poisson le mieux indiqué est le capitaine. Lequel doit peser au minimum 15kg. «Avec les petits capitaines, ce travail devient très compliqué car, nous avons juste besoin de ses filets. Lorsque le poisson est petit, il y a de fortes chances que les arêtes se retrouvent dans la chair et, C'est dangereux», explique le spécialiste. Selon sans dire que la commande auprès de ces femmes est faite en fonction de la demande de ses clients ainsi que de la disponibilité du poisson sur le marché. A l'achat, le kilogramme du poisson qui lui est vendu varie entre 2.000 et 2.500Fcfa, en fonction des saisons.


CAPITAINES

Le poisson disponible, Aliou Aoudou et son équipe peuvent passer à la première étape de la cuisson. A l'aide d'un couteau, le poisson est soigneusement nettoyé. Les filets du capitaine sont extraits. Avec un autre couteau plus mince et tranchant, on procède au taillage en lamelle du filet extrait. Les lamelles sont séchées au four pendant 1h de temps. Puis, s'ensuit la phase d'assaisonnement. Ici les épices locales sont mises à contribution. Selon la commande du client, on peut y ajouter ou pas, de la poudre d'arachide.

L'assaisonnement terminé, les lamelles sont installées soigneusement dans un four où elles seront passées au feu pendant 10 à 15 minutes. A leur sortie, elles se sont métamorphosées en des kilichis de poisson prêts à être consommés qui sont vite mises à l'abri des mouches et autres insectes, dans une armoire vitrée. Selon le spécialiste, le kilichi de poisson peut se conserver pendant deux à trois mois, mais il est déconseillé de le conserver dans un réfrigérateur.

Cependant, comme dans tout travail, la réalisation du kilichi de poisson n'est pas sans difficultés. Première difficulté, l'approvisionnement. Car dès que le repos biologique est déclaré sur le fleuve Mbéré, à Tibati, le poisson se fait rare sur le marché. Une autre difficulté se cache au niveau de la réalisation. Contrairement au kilichi de viande de bœuf qui peut se préparer deux jours durant à partir du même produit carné, le kilichi de poisson reste unique en son genre. Une fois le processus de fabrication lancé, il ne faut plus s'arrêter jusqu'à la dernière étape qu'est la consommation, de peur que la chair ne se dégrade avec le temps. La dernière difficulté et non la moindre c'est la rareté des ressources humaines. De façon permanente, Aliou est toujours accompagné de ses deux frères. «Compte tenu du fait que nous n'avons pas d'argent pour payer de manière régulière ou mensuelle les employés, lorsqu'il y a une grande commande, nous faisons appel à certains jeunes qui viennent nous donner un coup de mains. Nous les payons à la tâche et par jour. 11 y a des jours où on peut avoir besoin de trois à cinq jeunes, ça dépend», confie Aliou Aoudou. «Mon épouse nous aide énormément dans ce travail. Elle nous aide souvent à piler ou écraser les condiments, à surveiller le feu lorsque nous sommes occupés ailleurs» ajoute-t-il. Une activité lucrative ? Assurément. Mais ce n'est pas le plus important explique Aliou Aoudou.


GAIN

«Pour moi, l'argent ne compte pas beaucoup. Mon plus grand bénéfice reste le fait d'avoir rendu possible ce que certaines personnes pensaient impossible au départ. Et ça, je suis fier de ce travail car, l'histoire le retiendra. Aujourd'hui les gens viennent goûter mon kilichi de poisson par curiosité et reviennent me dire que c'était bien et que toute la famille a apprécié. Ça donne de la joie au cœur, il n'y a pas plus grand bénéfice que cela», révèle Aliou.

Malgré tout, notre spécialiste du Kilichi de poisson affirme qu'il parvient à tirer son épingle du jeu ce d'autant plus que il est le seul à faire du kilichi à base de poisson dans la partie Septentrionale. Et dont un paquet se vend à partir de 2.000ffca. «Chaque fois que je me remis à Yaoundé, j'apporte toujours le kilichi du poisson à mes amis et patrons au ministère. Ils n'en reviennent pas souvent lorsque je leur dis que c'est du kilichi fait avec du poisson.

Ce sont des gens comme ça que l'Etat devrait soutenir pour les encourager à accroitre leur production toit en leur donnant la possibilité de former d'autres jeunes», commente Mohamadou Youssouf, fidèle client d'Aliou Aoudou.

En tout cas, la priorité du moment d'Aliou Aoudou est de délocaliser son entreprise et quitter l'angle du domicile familial situé à quelques encablures du lamidat de Ngaoundéré lorsque vous venez du côté de l'ex-station texaco. Pour ce faire, il a lancé un chantier de construction d'un local dont les travaux sont en phase de finition sur un site sis en face de l'actuel ???. En attendant, pour assurer la relève, Aliou Aoudou forme actuellement un de ses neveux à la préparation du kilichi pendant que ses cinq enfants se consacrent pour le moment à leurs études.

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