Cameroun - Corruption. Pourquoi les marchés publics sont mal exécutés ?

Alain basile DJOMO | L'Epervier Lundi le 22 Décembre 2014 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les cas patents des immeubles ministériels et du bitumage du tronçon Ekounou-coron ne sont que l’arbre qui cache la forêt.

ADS


Décidément les mauvaises habitudes ont la peau dure. En dépit de l’impressionnant arsenal déployé par le système, afin de dissuader les prévaricateurs et de dissiper toute velléité d’atteinte à la fortune publique, en dépit du nombre sans cesse croissant des victimes du redoutable rapace qu’est l’épervier la République est loin d’avoir fini de nettoyer l’écurie d’orgias, infestée de bestiaux répugnants aveuglés par un égocentrisme surdimensionné. Comme premier cas de figure les travaux de réaménagement et de bitumage des rues et artères de la capitale siège des institutions, dont les chantiers sont bradés, inachevés, bricolés.

Le cas patent de la route qui côtoie la rivière Mfoundi derrière le marché Mvog Atangana Mballa, qui en quelques temps seulement avait perdu toute sa couche de Coudron, et que dire du tronçon Ekounoucoron qui au début des travaux avait suscité la joie des habitants du quartier et qui aujourd’hui fait l’objet de critiques acerbes. Les raisons de ce désarroi sont multiples. Avant même que les travaux ne soient à leurs termes, il y avait déjà des nids de poule au lieu-dit Ekounou vallée. La société Buns appartenant à un dignitaire du régime a du les colmater sous le regard sidéré des passants, preuve s’il en était encore besoin que l’épaisseur du goudron était largement en deçà de la norme requise.

Le trottoir sur ce tronçon a été fait à l’emporte-pièce et chaque riverain a aménagé de son mieux la devanture de sa résidence et fabriquer ses dalettes pour les caniveaux. Par contre, la bretelle qui jonche le palais de justice d’Ekounou pour rejoindre la nouvelle rue Carossel contre toute attente n’a pas été bitumée. Selon une certaine indiscrétion cette rue très prisée par les automobilistes, qui contribue à désengorger l’axe principal, devait être goudronnée. L’éclairage public prévu dans ce projet est au jour d’aujourd’hui absent, quelques poteaux on été implantés et le reste abandonné en bordure de route.

Dans le même sciage, on peut évoquer le cas d’un bâtiment de la primature construit par la société Fokou, où le passant pouvait apercevoir à l’époque des fissures sur l’une des façades de cet immeuble avant même que les travaux ne soient livrés. On peut également mentionner le cas de la délégation régionale de l’éducation de base du centre, située au carrefour du musée nationale. Pour ces deux cas, les murs lézardés ont reçus une épaisse couche de peinture afin de dissimuler le pot aux roses. Alors on en vient à se demander pourquoi les marchés publics dans la plupart des cas sont mal exécutés et surtout pourquoi rien n’est fait pour contraindre les adjudicataires à la réparation du préjudice, malgré les nombreuses plaintes qui fusent de partout.

Cet état de fait pour le moins déplorable, est dû selon les experts à l’étude de faisabilité qui est parfois mal effectuée. L’autre raison de cette déconfiture est que pour gagner un marché, le soumissionnaire « saigne » énormément dans les retro commissions et les pots de vin au point que, s’il veut rentrer dans ses fonds il est obligé de mal exécuter le marché. D’ailleurs la fameuse commission de 30 pour cent n’est plus qu’un secret de polichinelle.

L’une des raisons et pas des moindres est que les pontes du régime à travers des prêts noms s’adjugent des marchés et c’est pourquoi la plupart de ces marchés ne sont pas exécutés dans les règles de l’art. Etant à la fois partie et juge le chien. Après le rebondissement de « l’opération épervier », on se serait attendu à une accalmie de la part des kleptocrates et autres thuriféraires de la République. Mais, pour l’un d’eux mis hors d’état de nuire, ce sera dix de retrouver, tel semble être la triste réalité des faits. L’opération épervier prendra autant qu’elle pourra il en restera assez pour continuer la sale besogne.

C’est pourquoi en ce moment même où tous les efforts sont déployés pour juguler la crise, le journal L’Epervier qui s’est fait le devoir d’apporter sa modeste contribution, aussi infime soit elle est dans son rôle, de dénoncer tout ce qui pour des raisons égoïstes tirent la République vers le bas. Il n’est pas facile de se défaire de ses propres turpitudes et de ses tares, et il faut peut être rentré dans l’histoire pour s’en rendre compte. En 1971 sur le lieu d’exécution de Wandji Ernest et de ses compagnons de lutte, un bandit avait été pris la main dans le sac. Ni les gendarmes ni les militaires et les policiers qui avaient assaillis les lieux, ni les coups de canon, et encore moins le supplice des condamnés à mort n’avaient suffi à dissuader l’infortuné, à commettre son forfait. Certes les camerounais sont réputés pour être des hommes de courage et de bravoure, dommage que ces vertus soient pour certains au service du vice.

ADS

 

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS