Cameroun - Agriculture. Geocoton va-t-il lâcher la Sodecoton ?

RAOUL GUIVANDA | L’Oeil du Sahel Lundi le 12 Janvier 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le groupe français Geocoton a manifesté son mécontentement en rappelant Henri Clavier, le dga de la boite.

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Le directeur général adjoint de la Société de développement du coton (Sodecoton), a quitté Garoua le 04 janvier 2015 en direction de la France. Henri Clavier est parti précipitamment, alors même que son contrat de travail, renouvelable tous les deux ans qui devait en principe prendre fin en novembre 2015 courait encore. Pourquoi le tout puissant directeur général adjoint de la Sodecoton depuis 2007, a-t-il subitement fait ses bagages ? Selon des informations crédibles, le groupe Geocoton dont Henri Clavier est un des employés, lui a confié de nouvelles responsabilités à Paris.

La société française, actionnaire de la Sodecoton à hauteur de 30%, a en effet depuis 1974, un contrat d'assistance technique avec l’Etat du Cameroun qui lui permet, entre autres, de détacher ses cadres auprès de la Sodecoton. Cette coopération est si bien établie que statutairement, le poste de directeur général adjoint est reservé à un de ses cadres. Hier c’était Hervé Gruson (1982-2007), Henri Clavier (2007-2014)…

Toujours selon nos informations, c’est lors du conseil d’administration du 15 décembre 2014 à Yaoundé, Geocoton a demandé aux administrateurs que Henri Clavier soit déchargé de ses fonctions, et que le contrat de travail qui le lie à la Sodecoton soit résilié. Officiellement, l’initiative du départ du directeur général adjoint vient de sa maison mère. Une démarche inhabituelle qui traduit davantage un malaise profond au sein de l’entreprise cotonnière plutôt qu’une sanction ou une promotion d’Henri Clavier par son employeur, Geocoton. C’est un secret de polichinelle que le directeur général adjoint a perdu ses repères depuis le départ d’Iya Mohammed, le 25 juin 2013. «Il formait un tandem. Chaque responsable de la société pouvait invariablement s’adresser à l’un ou l’autre pour une décision sans que celle-ci ne soit remise en cause.

Le successeur d’Iya Mohammed est un fonctionnaire, et il a considéré Henri Clavier comme son adjoint au sens administratif du terme, c'est-à-dire le n°2. Henri Clavier a donc perdu ses positions dans des secteurs qui étaient considérés comme les siens depuis de nombreuses années et sur lesquels il excellait. Il était à l’étroit, mal à l’aise», explique une source proche de la Sodecoton. Pour de nombreux observateurs, la perte de l’influence du directeur général adjoint de la Sodecoton a été perçue à Paris, par le groupe Geocoton, comme une décision de l’écarter de la gestion quotidienne de l’entreprise cotonnière camerounaise.

Elle a donc accéléré le processus de départ de son cadre détaché, et personne ne peut dire aujourd’hui quelles sont ses réelles intentions. La société française va t-elle renvoyer un autre cadre en remplacement d’Henri Clavier ? Va telle se débarrasser de ses actions à moyen terme, pour mettre un terme à une aventure vieille de plus de 50 ans ? Autant de questions qui taraudent aujourd’hui l’esprit des analystes des questions cotonnières. Car il y a de quoi être inquiet. En effet, la conjoncture internationale, mais davantage la conjoncture interne liée à l’insécurité dans des bassins de production à l’Extrême-Nord, rendent la Sodecoton vulnérable et leur départ, de ce point de vue, ne serait que le coup de grâce donné à la filière.

De plus, le groupe français, désormais aveugle à la Sodecoton du fait de la concentration de toutes les informations stratégiques entre les seules mains du directeur général Abdou Namba, n’est pas habitué à jouer les seconds rôles dans les compagnies cotonnières africaines. «Le coton, c’est une chaîne. Si vous ne pouvez pas anticiper, prévoir, du fait de l’absence d’informations fiables, il devient un investissement à risque. Or Geocoton ne peut plus s’appuyer sur ces éléments au Cameroun. Il ne faut pas oublier que l’ex-dga était l’interlocuteur privilégié des bailleurs de fonds de cette société et que par les réseaux de Geocoton, il débloquait bien des situations », explique un ancien cadre de la Sodecoton.

Les perspectives de la société pourraient aussi précipiter le départ des Français. La Sodecoton ayant connu un déficit de 4,5 milliards Fcfa en 2014, lequel pourrait d’ailleurs doubler en 2015 pour se situer aux alentours de 8 milliards Fcfa.

RUPTURE ?

Beaucoup craignent aujourd’hui des lendemains difficiles pour la Sodecoton et pour les régions septentrionales dont elle reste l’unique entreprise pourvoyeuse de revenus. Les expériences du Tchad et de la Centrafrique sont là pour montrer à suffisance les risques encourus par la filière cotonnière camerounaise. L’on se souvient en effet que CotonTchad et la Société des Fibres Centrafricaines (SOFICA) avaient, il y a quelques années, dans un élan de patriotisme suspect, évincé du top management tous les cadres français. Conséquence : la première entreprise a été mise en liquidation, et la seconde totalement décapitée. «Le Cameroun ne peut pas se permettre une faillite de sa filière cotonnière. C’est un enjeu de sécurité nationale. Si elle tombe, ce sont des centaines de milliers de jeunes qui vont se retrouver dans la nature, sans repères.

En ce moment où la guerre contre Boko Haram est dans une phase critique, cette situation pourrait avoir de graves conséquences sur la paix. Or le constat qui se dégage est que le sommet de l’Etat n’a toujours pas pris conscience de cette donne. Il traite la Sodecoton comme une entreprise ordinaire, sans savoir que c’est l’unique mèche qui relie des centaines de milliers de personnes à l’espoir. Que cette mèche s’allume est c’est l’explosion assurée», analyse Bakoura Issa, un producteur de coton. Reste l’autre aspect du départ d’Henri Clavier. Impliqué dans l’affaire Iya Mohammed, il a déjà comparu devant le Tribunal criminel spécial (Tcs). Sera-t-il présent à l’audience du 13 janvier 2015 ? Wait and see.
 

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