Cameroun - Education. IRIC : la victoire volée du pouvoir

Georges Alain Boyomo | Mutations Vendredi le 13 Mars 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Comment l’establishment transforme un scandale de gouvernance en triomphe du chef de l’Etat.

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Les auditeurs et lecteurs non avisés de la presse à capitaux publics n’ont sans doute pas remarqué le glissement qui s’opère dans le traitement de l’information relative au scandale de l’Iric (Institut des relations internationales du Cameroun) depuis lundi dernier. Ce jour-là, le président de la République a autorisé l’admission des six candidats dont les noms ont été retirés de la première liste des admis, mais aussi –miraculeusement- d’un candidat de la liste d’attente. Ce qui a fait passer le total des admis de 15 à 22.

 

Il n’en fallait pas plus pour qu’à coup d’éditoriaux et d’analyses aussi lénifiants qu’enflammés, des artificiers des médias publics s’appliquent à présenter un Paul Biya, « apôtre de l’équité, de la transparence et de la paix sociale », reléguant au second plan (sinon aux oubliettes) les légitimes problématiques qui se dégagent du scandale de l’Iric. A savoir, la crédibilité des résultats des concours d’entrée aux grandes écoles au Cameroun, le dévoiement de « l’équilibre régional » sous les effets conjugués du népotisme, du favoritisme et du clientélisme, mais aussi le nécessaire toilettage de ce concept à l’heure, mondiale, de la compétitivité et son arrimage aux réalités nationales actuelles.

 

La Une et la page 10 du quotidien public, Cameroon tribune, édition du mercredi 11 mars 2015, attestent de ce que le régime, qui a laissé des monticules de plumes dans le scandale de l’Iric, s’affaire à transformer une déculottée (de sa gouvernance) en motif de fierté et de gloire. A la Une, on peut ainsi lire : « Iric : La gratitude des étudiants au chef de l’Etat ». En page intérieure, le titre de l’article y relatif est, lui aussi, évocateur. Sans doute les consignes sont venues d’en haut : « Iric : Les étudiants remercient Paul Biya ».

 

Scandale dans le scandale

 

 

 Bien plus, sur les cinq réactions des candidats admis dans cette école, recueillies par le reporter du quotidien à capitaux publics, le chef de l’Etat revient quatre fois, en évidence. Florilège : « Le chef de l’Etat est le père de la nation ». « Je remercie le chef de l’Etat camerounais ». « Le président de la République a pris la décision de la raison ». « Le chef de l’Etat soutient la jeunesse camerounaise ». Difficile de s’y prendre autrement lorsqu’on veut « violer les foules ». Difficile de faire mieux dans la propagande politique, telle que théorisée par le sociologue allemand (d’origine russe), Serge Tchakhotine.

Le ministre de l’Education du Shadow Cabinet (gouvernement fantôme) du Social Democratic Front (Sdf), Jean Takougang prend littéralement feu à la lecture de l’édition précitée du quotidien gouvernemental : « Ce matin [hier, ndlr], Cameroon tribune titre que les étudiants rétablis dans leurs droits remercient Paul Biya, le président de la République. Voyez-vous, le Sdf, le Mrc, la société civile et les nombreux intellectuels de gauche qui sont montés au front pour secouer Paul Biya et sa nomenklatura, les pousser dans leurs derniers retranchements afin d’aboutir à ce dénouement à la Salomon, ne sont pas mentionnés. Tout doit profiter à Paul Biya. Heureusement que tous ceux qui se sont mobilisés l’ont fait au nom de la justice, du respect de la méritocratie, de l’avenir et du prestige de l’Iric. Ils ne s’attendaient pas à une contrepartie autre que le rétablissement des lésés dans leurs droits. Remerciez qui vous voulez, mais les Camerounais se souviennent des gens qu’ils ont vus au front de la bataille », écrit-il sur son mur Facebook.

 

Pour sa part, Alain Fogué Tedom, secrétaire adjoint chargé de la trésorerie au Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), estime qu’« il ne s’agit pas d’un trophée que le pouvoir doit brandir, étant entendu que cette affaire démontre que ceux qui nous gouvernent ne peuvent pas se départir des tripatouillages. Tenez ! En lieu et place de 21 noms [15+6, ndlr], on se retrouve dans la troisième liste avec 22 noms. C’est dire que le système en a profité pour injecter encore un nom parmi les admis. Pour moi, la liste finale qui a été publiée soulève plus d’interrogations qu’elle n’apporte de réponses. C’est un scandale dans le scandale ».

 

 

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