Cameroun - Agriculture. Projets agro-pastoraux : L'affaire qui secoue l'Assemblée nationale

Georges Alain Boyomo | Mutations Jeudi le 09 Avril 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Plus de 100 millions octroyés par le Minepat à huit députés de la région du Sud dans des conditions questionnables.

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Le député Luc Koa, rapporteur général des recettes installé le 26 mars dernier à l’Assemblée nationale tient peut-être son premier dossier à démêler. C’est une correspondance classée « confidentiel », dont Mutations s’est procuré copie, qui dévoile le pot-aux-roses. Dans une lettre qu’il adresse le 1er avril 2015 à « Son Excellence Monsieur » le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), avec pour objet « gratitude », le président du Relais des députés Rdpc du Sud, l’honorable Jean Jacques Zam, écrit avec une rare obséquiosité : « Monsieur le ministre, à la fin de l’exercice budgétaire 2014, huit députés de la région du Sud (Relais Sud) ont été gratifiés d’un appui financier du département ministériel dont la haute charge vous incombe en vue de la conduite sur le terrain de leurs projets agro-pastoraux. Y faisant suite, j’ai l’insigne honneur de vous témoigner en mon nom propre et en celui de tous les députés de la région du Sud, la profonde gratitude et les sincères remerciements qui auréolent cet acte immense ».

 

Le député de la Mvila poursuit : « Je puis me permettre de vous rassurer que cette aubaine n’est pas tombée en désuétude. La grande majorité des projets ont pris corps et nous ne tarderons pas à vous faire tenir les rapports d’exécution sur le terrain ». Rendu au bureau de Jean Jacques Zam mardi au 7e étage de l’immeuble principal de l’Assemblée nationale, c’est un député apparemment décontracté qui se confie au reporter : « Cette affaire est un pétard mouillé. Nous avons rencontré le Minepat courant 2014 pour lui présenter un certain nombre de projets de la région du Sud, qui relèvent de la compétence de son département ministériel. Nous avons fait la même démarche vis-à-vis d’autres ministères. Chemin faisant, nous avons présenté au Minepat des projets d’activités génératrices de revenus. Il a donc consenti à apporter à chacun de nous une subvention prélevée sur des lignes y afférentes du budget du Minepat. Nous allons produire chacun des rapports assortis de justificatifs au plus tard au mois de juin prochain », déclare-t-il.

 

Le parlementaire se vante ensuite des réalisations de son Gic « Denrées tropicales », grâce aux financements du Minepat. Sur la somme d’argent reçue de Nganou Djoumessi, Jean Jacques Zam reste muet comme une carpe, en dépit de l’insistance du journaliste. « Adressez-vous au Minepat », lancera-t-il finalement. Sur l’intitulé de la ligne dédiée à cette dépense publique, le député Rdpc ne se retrouve pas dans ses fiches. Au cours de l’échange précité, il dira même que cet octroi repose sur un décret de l’ancien Premier ministre, Ephraïm Inoni. Y a-t-il eu un contrôle à priori, sur pièces et surplace pour se rassurer que les projets présentés par les députés du Sud existent bel et bien ? Sur ce point, l’honorable Zam se montre évasif. S’agissant de la colère des députés d’autres régions, qui enfle sur le sujet, Jean Jacques Zam indique, placide, que « d’autres députés ont déjà bénéficié de la même subvention ». Pourquoi huit députés seulement sur les 11 que compte le Sud ? « Théodore Mbe Essae Mendomo (Dja et Lobo) était à l’étranger, tout comme Me Emmanuel Mbiam (Vallée du Ntem). Quant à Prosper Monessel (Dja et Lobo), il était en évacuation sanitaire ». Lorsqu’ils ont appris que le Minepat a octroyé de l’argent aux députés, certains de ces députés ont avoué leur surprise. Mme Mbiam a même laissé transparaître une déception teintée d’énervement.

 

 

 Pour sa part, c’est un Martin Oyono passablement agacé qui va s’ouvrir à Mutations. Le député de l’Océan s’indigne de ce qu’un document confidentiel se retrouve entre les mains de journalistes. Il précise que l’appui de 10 millions par député est « un additif au budget d’investissement public et à la somme allouée aux microprojets parlementaires, qui n’est pas consistante ».

Très détendu, Bonaventure Mvondo Assam (Bonivan) se montrera plus prolixe. Il informe que, dans cette affaire, chaque député du Sud a déchargé 10 millions Fcfa, à l’exception de lui Bonivan, à qui le Minepat a accordé 30 millions (sur les 182 millions demandés) et d’une élue du Dja et Lobo qui a décroché 20 millions Fcfa. Ce qui fait un total de 110 millions débloqués par Nganou Djoumessi en faveur des députés du Sud. Mvondo Assam fait savoir qu’à son initiative, le délégué départemental du Minepat est descendu à Meyomessala pour s’enquérir de la bonne utilisation des 30 millions et, surtout, de l’état d’avancement du projet de ferme pilote, qui emploiera environ 60 jeunes.

 

Alors que l’affaire fait déjà grand bruit à l’Assemblée nationale, une source proche du dossier au Minepat tempère : « Cette dépense a été faite sur la base d’une ligne de crédit du Minepat. Notre ministère aide des associations et autres Gics, pour des projets de développement. Un groupe de sénateurs du Centre et d’élus du septentrion ont introduit des dossiers au Minepat dans ce sens, pour solliciter un appui. Maintenant, chaque groupe bénéficiaire doit présenter les réalisations faites avec l’argent encaissé. Il s’agit bien de fonds publics », martèle notre interlocuteur. Avis donc aux députés du Sud qui seraient tentés de perdre le Nord.

 

 

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