Cameroun - Education. ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR:LE SCANDALE DES BOURSES D’ÉTUDES UNIVERSITAIRES

JADE | Etienne TASSE et Béatrice KAZE Mardi le 14 Avril 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Les multiples offres de bourses universitaires disponibles chaque année au ministère de l’Enseignement supérieur finissent généralement entre les mains des fils à papa et de ceux qui ont su pour qui casser leur tirelire. Au grand dam des petits génies issus de familles anonymes et peu fortunées.

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Les résultats controversés du dernier concours d’entrée à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), filière diplomatie, ne sont que la face visible de l’iceberg. Ouvrez la page des attributions des bourses d’études à l’étranger, et vous tomberiez sur de bien mauvaises surprises. Tenez : une Ong japonaise, Ashinaga, met à la disposition du gouvernement des bourses pour les étudiants orphelins. Le communiqué du ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, qui publie cette information, est daté du vendredi 27 mars 2015, pour un délai de réception des dossiers de deux jours, c’est-à-dire le dimanche 29 mars dernier. Le ministre signataire du communiqué ignore-t-il que personne ne peut certifier les pièces officielles le samedi ni le dimanche ? Conséquence, les dossiers qui seront reçus dans les délais ne peuvent provenir que de ceux qui étaient bien avant dans le secret des dieux. Soit parce qu’ils sont dans le circuit du traitement des dossiers au ministère, soit parce que ceux-ci les en ont informés beaucoup plus tôt, moyennant des dessous-de-table conséquents.

 

Un cas isolé ? Que non ! Parmi les offres de bourses récentes, il y a celle de la Turquie, publiée le 27 mars dernier, avec pour dernier délai le 31 mars, soit 4 jours, samedi et dimanche compris. Pourtant, prétend une dame du bureau qui reçoit les dossiers de demande de bourses au ministère de l’enseignement supérieur, « Généralement, quand on fait le communiqué d’une offre de bourse, on donne souvent une marge de trois semaines parfois même un mois aux candidats pour postuler ». Rien n’est plus faux, à moins qu’il ne s’agisse d’une bourse de peu d’intérêt. Autre curiosité, les dossiers sous enveloppe sont ouverts par l’agent du ministère qui les reçoit, et qui s’amuse souvent à les rejeter, en invoquant des motifs farfelus. On croyait à tort que l’enveloppe scellée par le candidat était transmise tel quel à la commission d’évaluation.

 

Privilèges et dessous-de-table

 

Résultat, la quasi-totalité des bourses universitaires que les pays amis mettent chaque année à la disposition du ministère de l’enseignement supérieur du Cameroun, tombent généralement sous l’escarcelle des fils à papa, et de ceux qui ont su faire parler leurs poches, au bon endroit et au bon moment. Au détriment des nombreux surdoués issus de familles anonymes et sans fortune, qui sortent de nos établissements scolaires et universitaires bardés de diplômes marqués mention très bien.

 

C’est le cas de ce petit génie, major tous niveaux et filières confondus de l’Université de Buea en 2014, avec une moyenne (appelée là-bas GPA) de plus de 3,7/4 au bachelor (licence anglophone). « Je voulais poursuivre mes études à l’étranger dans un domaine plus pointu de la Physique. Malheureusement, ce n’est pas possible sans bourse », regrettait alors le jeune lauréat, le jour de la cérémonie de « graduation » au campus universitaire de Buea. Il n’avait reçu ni la bourse du Commonwealth ni aucune des nombreuses bourses disponibles au ministère. Coup de chance, peu après, une célèbre université d’Afrique du Sud à la recherche des cerveaux pour le futur radiotélescope sud-africain (le plus puissant du monde), a repéré le jeune surdoué et lui a grandement ouvert ses portes, par une bourse mirobolante au cycle Masters.

 

Surdoués recalés

 

De même, il y a quelques années, un brillant étudiant camerounais qui a requis l’anonymat, admis au cycle doctoral de la très prestigieuse Université de Cambridge en Angleterre, n’a pu s’y inscrire, faute d’argent. Son dossier de demande de bourse du Commonwealth régulièrement constitué et déposé au ministère de l’enseignement supérieur est resté sans suite, toutes les bourses ayant été raflées par des candidats sortis de nulle part. Un an plus tard, un bailleur de fonds dont nous taisons le nom, qui met à la disposition du gouvernement des bourses d’études, découvre, ahuri, qu’un Camerounais admis à la très sélective Université de Cambridge, n’a pas eu d’aide pour s’y inscrire, alors que les dossiers de bourse que le gouvernement camerounais lui avait transmis étaient de piètre qualité.

 

 

 Très vite, il obtient de Cambridge les coordonnées de l’étudiant qu’il joint au téléphone pour lui demander de déposer un dossier de demande de bourses au ministère chargé de présélectionner les nominés. « C’est une perte de temps parce que je ne connais personne au ministère. J’ai déjà déposé plusieurs dossiers de bourse sans succès », lui rétorque le jeune étudiant. L’institution interviendra auprès du ministère pour demander que le dossier soit reçu, et vite retransmis avec avis favorable. C’est à l’issue d’incroyables péripéties que le veinard obtiendra cette bourse grâce à laquelle il mène des recherches scientifiques pointues au cycle Phd de l’Université de Cambridge.

On peut ainsi repérer quelques rares cas d’étudiants à fort potentiel qui, par un coup de chance, ont pu passer à travers les mailles du filet corruption. En revanche, de nombreux autres petits génies qui sortent de nos lycées, collèges et universités auréolés de performances hors normes, n’ont pas cette veine. Recalés, ils finissent par se perdre dans la nature. Quel gâchis !

 

 

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