France - Cameroun. Un jeune camerounais en justice pour avoir laissé un message sur le compte facebook d’Alain Juppé

Midi Libre Mardi le 10 Mai 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Sa menace a été classée fausse alerte et l’auteur n’a pas le profil terroriste selon les enquêteurs, mais il répondra de ses actes

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Un étudiant de 26 ans d’origine camerounaise répondra de ses actes devant la justice française. Motif : Il a laissé un message sur le compte facebook d’Alain Juppé, ministre des affaires étrangères. Cette ingérence à Abidjan est intolérable ! Après ça, faudrait pas s’étonner qu’il y ait des attentats en France ! C’est en substance ce commentaire, qui a déclenché, début avril, à Paris, une enquête judiciaire au plus haut niveau et concrétisée cette semaine à Montpellier. Saisie par le parquet de Paris pour "association de malfaiteurs en vue d’une entreprise terroriste", la brigade criminelle a aussitôt mobilisé ses experts informatiques, afin d’identifier l’auteur de ces menaces virtuelles à peine voilées.

Car la période était sensible : les propos visaient l’intervention des troupes françaises, agissant sous mandat de l’Onu en Côte d’Ivoire, afin de capturer Laurent Gbagbo et d’établir au pouvoir le président élu Alassane Ouattara. Dans les semaines suivantes, le contexte international n’a fait que continuer à exposer le ministre des Affaires étrangères avec l’intervention militaire française en Libye et l’attentat tuant des Français à Marrakech.

Mercredi, au lendemain de l’annonce de la mort de ben Laden, des policiers de la section anti-terroriste (SAT) de la brigade criminelle, arrivés depuis peu à Montpellier, passent donc à l’action, assistés de la PJ de Montpellier. À l’aube, ils investissent le domicile d’un couple, qui est placé en garde à vue. Car c’est depuis leur ordinateur qu’a été posté le commentaire litigieux. Très vite, la jeune femme est mise hors de cause, tandis que son compagnon passe aux aveux. Âgé de 26 ans et originaire du Cameroun, cet étudiant reconnaît être l’auteur des propos controversés. "Il dit avoir agi sur un coup de colère", précise une source proche du dossier. Pendant deux jours, il est longuement interrogé sur son parcours, ses convictions politiques, ses relations.

Jusqu’à ce que les enquêteurs conviennent qu’"il n’a pas le profil d’un “terro” : pas de réseau, de passé et de connections". Hier après-midi, le parquet anti-terroriste de Paris s’est donc dessaisi de cette enquête retombée dans le droit commun, pour la confier au parquet de Montpellier. "Cela s’est emballé pour des raisons de sécurité que l’on peut comprendre dans le contexte actuel, mais cela s’est dégonflé très vite, nuance Me Sabine Ngo, qui a assisté l’étudiant pendant sa garde à vue. C’est un garçon avec un bon niveau d’étude, une réflexion politique, mais qui n’a pas mesuré les conséquences d’un tel acte.»

L’étudiant devrait être présenté ce 6 mai au parquet de Montpellier, qui devrait décider des suites à donner à cette enquête désormais reclassée en "fausse alerte". Une comparution immédiate ? "On est dans le domaine de la liberté d’expression, peut-être qu’un rappel à la loi suffirait pour ces propos malheureux", soupire l’avocate montpelliéraine. Réponse aujourd’hui.
 

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