Les pressions des autorités administratives seraient à l’origine de cette décision. La nouvelle date a été fixée au 31 mai 2011.« Initialement prévue pour le vendredi 13 mai, la manifestation paysanne organisée par l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), avec le soutien de la Coalition souveraineté alimentaire Cameroun (Cosac), aura lieu le mardi 31 mai 2011 à Yaoundé ».

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Ainsi annonce le premier paragraphe du communiqué de presse, signé du comité d’organisation et parvenu à la rédaction de La Nouvelle Expression hier lundi. Ce report de plus de deux semaines, précise ledit communiqué, « fait suite aux multiples échanges avec les autorités, qui ont mis en avant les sensibilités et les préoccupations d’ordre sécuritaire due à la proximité de la fête nationale du 20 mai, pour suggérer ce changement de date ».

Joint au téléphone, le président de l’Acdic et porte-parole de la Cosac, Bernard Njonga, évoque plusieurs réunions avec le gouverneur de la région du Centre et le préfet du Mfoundi, ainsi que plusieurs mésententes au sujet notamment de l’itinéraire à emprunter par les manifestants. « Ils nous ont dit que nous étions dans une période sensible étant donné les préparatifs du 20 mai et que marcher dans Yaoundé dans ces conditions était délicat », explique t-il.

La date du 31 mai a donc finalement été adoptée « d’un commun accord », précise Bernard Njonga. Et même si l’itinéraire final de cette marche n’a pas encore été arrêté, le principe d’une telle manifestation semble, lui, déjà bien acquis.



Un paysan, une bête

Pour rappel, la décision d’organiser une manifestation paysanne avait été prise le 19 février dernier par le bureau exécutif de l’Acdic, à la suite de la publication d’un rapport de l’association mettant en exergue « un contexte et un ensemble de faits défavorables aux producteurs agricoles et aux paysans en général ». Parmi ceux-ci, les travers du ministère de l’agriculture (corruption, détournements, affairisme, instrumentalisation des paysans, etc.) dans ses missions d’accompagnement du producteur, ainsi que la baisse continue du niveau de vie de ces derniers. Au cours de la conférence de presse de lancement du 11 avril dernier, le président de l’Acdic avait notamment dénoncé l’inefficacité des solutions qui sont pour l’heure apportées aux vrais problèmes de l’agriculture camerounaise. Le cas de la banque agricole, dont les financements restent inaccessibles aux petits producteurs qui constituent pourtant 97% des agriculteurs ; ou de la Mirap dont les missions, essentiellement commerciales, disqualifient des productions vivrières.

La marche du 31 mai entend donc être une marche de protestation et de dénonciation, au cours de laquelle chaque marcheur sera accompagné d’une bête d’élevage. Mais aussi une marche de proposition citoyenne, où les producteurs présenteront des doléances allant de la création des pôles de promotion des cultures vivrières dans les zones pauvres à la facilitation de l’accès des petits producteurs aux intrants agricoles, en passant par l’organisation des états généraux de l’agriculture camerounaise avec en ligne de mire une loi sur l’orientation agricole au Cameroun.

« Nous y avons accédé (au report, ndlr) pour deux raisons fondamentales, ajoute le communiqué ci-dessus évoqué : préserver cette manifestation paysanne de toutes mauvaises interprétations ; surtout accorder une plus grande chance aux messages des producteurs d’être bien écoutés, et d’être bien compris par tous leurs destinataires ».

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