Cameroun - Politique. Décentralisation : qui fait quoi ?

Yves ATANGA | Cameroon Tribune Vendredi le 13 Mai 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Y a-t-il embouteillage dans l’univers de la décentralisation au Cameroun ? L’impression est forte.

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Elle l’est d’autant plus, que le lien entre la diversité des acteurs au départ du processus et l’effectivité de l’amélioration du quotidien à la fin, ne saute pas aux yeux. Dans une phase où la décentralisation se met en place avec son lot de balbutiements et de réajustements, il est en effet important d’en connaître tous les intervenants et surtout leurs rôles respectifs pour l’atteinte de la finalité qu’est l’essor du développement local.

Mais entre le Conseil national de la Décentralisation, placé sous la très haute autorité du Premier ministre chef du gouvernement, et le citoyen X qui bénéficie par exemple d’une adduction d’eau potable dans son quartier ou son village, quel est le chemin parcouru ? La prise de décision, les mécanismes de la réalisation, la mise à disposition des moyens, l’utilisation de ces ressources et le contrôle de la gestion… Tout cela implique effectivement une multitude d’intervenants.

Question : la machine est-elle huilée de manière à ce que chaque acteur joue son rôle de manière optimale pour atteindre l’objectif fixé ? La dernière enquête de perception sur la décentralisation réalisée au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation avec le concours de la coopération française, est édifiante à ce sujet. L’étude par questionnaire, adressée aux principaux acteurs a malheureusement révélé des obstacles qui portent préjudice à la cohérence des différentes interventions. Notamment au niveau local. Dans les communes et Communautés urbaines, un travail énorme d’appropriation reste à faire. C’est ce qui justifie les conflits d’intérêt et de compétence, mais aussi les lacunes observées dans la gestion des compétences et ressources déjà transférées par l’Etat. Pour construire une salle de classe, qui doit faire quoi, entre le préfet, le maire, le délégué départemental de l’Education de base, les citoyens ? Ce n’est pas toujours clair.

De manière pratique, la loi d’orientation de la décentralisation promulguée le 22 juillet 2004 a créé en ses chapitres 78 et 19, deux organes de suivi du processus de la décentralisation. Il s’agit du Conseil national de la décentralisation, chargé du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre du processus et placé sous la présidence du chef du gouvernement. Et le Comité interministériel des services locaux, placé sous l’autorité du ministre d’Etat ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Mais ce ne sont pas ces instances qui agissent au contact des populations.

Plus bas sur l’échelle, on retrouve ensuite les acteurs opérationnels. Avec d’une part les structures étatiques. Ce sont les démembrements de l’administration territoriale (gouverneurs, préfets, sous-préfets) et ceux des différents départements ministériels. Ce sont les délégués régionaux, départementaux et d’arrondissement. Et enfin, les collectivités territoriales décentralisées. On peut les considérer en même temps comme acteurs et bénéficiaires du processus de décentralisation, même si cette perception n’est pas encore la plus partagée. Il est pourtant clair que la réalité de la commune dans le contexte de la décentralisation ne saurait se limiter au maire ou au conseil municipal qu’il préside. Au contraire, c’est une entité plus vaste qui comporte l’acteur central : la population. Celle pour laquelle toute cette mécanique se met en branle, celle qui a le droit et le devoir de participer à la gestion de choses publique. Et pas seulement lors des élections municipales !

Les premières expériences de transferts des compétences, lancées en 2010 et poursuivies en cette année 2011, ont permis d’évaluer les difficultés de mise en cohérence de tous les acteurs du processus. Et le ministre d’Etat, Marafa Hamidou Yaya a indiqué que des correctifs vont y être apportés. C’est une exigence. Car tant que certains persisteront à vouloir jouer le rôle des autres, les risques de blocages n’en seront que renforcés, au grand dam des populations, bien sûr.


 

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