Cameroun - Politique. Unité nationale et baillonnement de l'opposition

Cameroonvoice Vendredi le 27 Mai 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C’est dans l’amertume et la frustration que des partis politiques de l’opposition et certains de leurs leaders ont passé la 39è fête de l’unité nationale. Les militants du Cameroon People’s Party (Cpp) de Kah Walla n’ont pas été admis à défiler à Yaoundé. Son leader, candidate déclarée à la prochaine élection présidentielle aurait été enlevée à son hôtel à Yaoundé, selon les méthodes des services spéciaux et conduite manu militari à Douala, comme si elle est persona non grata dans la capitale. L’Udc d’Adamou Ndam Njoya a aussi brillé par son absence à Yaoundé.

ADS


Saura-t-on la vérité de tout cela ? Déjà naissent des contradictions sur les mésaventures de Kah Walla à la capitale. Entre la version de ses partisans et celle qu’elle a donnée lors d’une conférence de presse à Douala. Querelles politiciennes que tout cela ? Toujours est-il qu’une fois encore le Rdpc a étalé ses légions partout au Cameroun, pancartes au vent, scandant des slogans à la louange de son « candidat naturel » à la présidentielle. « Paul Biya, notre président, père de la nation...» Refrain qui a rythmé les pas des hordes du parti au pouvoir. Au même moment et pendant la même exhibition, il était strictement interdit aux autres formations politiques de défiler avec slogans et mots d’ordre. Tout l’appareil étatique s’est mis en branle pour baillonner les défilants des autres formations. Quelle illustration de la paix et de la cohésion nationale prônées par tous les séides et sbires du régime ! Ignoble transgression de la liberté d’expression dans un ... Etat de droit !

On ne fera pas à M. Biya l’injustice et l’injure de penser qu’il serait l’auteur de ces perfides et iniques instructions. Malheureusement, parce que c’est fait en sa faveur et que c’est lui le chef de l’Etat, il en porte la responsabilité aux yeux des observateurs parce que les instigateurs de ces mesures rétrogrades ne seront pas punis. Ce sont des récidivistes indécrottables. Leurs actes peuvent être perçus comme broutilles. Hélas ce sont ces agissements qui donnent du Cameroun l’image d’une République bananière. Voilà donc l’odieux spectacle que les fonctionnaires du « commandement » - terme qui rappelle l’époque coloniale – ont offert à ces nombreux journalistes venus ou invités au Cameroun pour vivre notre confusion nationale ; pardon notre unité nationale.

Dieu merci, en dehors de leur administration, les Camerounais sont des gens épris de paix. Pareille bourde, sous d’autres cieux, donnerait rapidement lieu à une émeute aux conséquences incalculables. Comment peut-on dans un Etat de droit faire preuve d’injustice aussi criarde et insolente? Il vaut mieux pour que cela ne se reproduise plus, envisager désormais cette fête avec la seule participation de l’armée qui est encore dans une certaine mesure, le creuset de l’unité. Il faut appréhender l’étincelle qui, un jour, pourrait donner lieu à un brasier.

La presse et les zélateurs de tout poil

Les erreurs, voire des fautes sont peut-être plus visibles dans la presse que dans d’autres corps de métier. Mais la presse est aussi la seule, sinon l’une des rares professions où l’on reconnaît qu’on s’est trompé et qui admet en guise de correction ou de rectificatif, la publication de ce que nous appelons « démenti » « droit de réponse », « mise au point »... Cela se passe souvent en toute humilité. Même si parfois une note de la rédaction s’impose. Dans la mesure où l’on peut se tromper ... de bonne foi. Sous le feu de l’action, qui peut être exempt d’erreur ?

Toutefois, il y a lieu de remarquer que les erreurs, voire les fautes professionnelles dans la presse sont perçues par certains comme l’œuvre des anges descendus du ciel, avec la science infuse. D’où cette hargne avec laquelle ces « acteurs » s’acharnent sur les journalistes. Les plus zélés sont souvent des quidams qu’on ne connaît dans aucune profession, parce que dépourvus de toute formation. Mais pour critiquer les journalistes, ils s’érigent en docteurs ès-science de la communication ou en journalisme pour éructer des injures contre les journalistes et leur métier. Curieusement parmi ces inquisiteurs, grenouillent des individus dont le destin tracé est d’achever leur séjour terrestre comme des troncs d’arbre à la dérive. Il se trouve, heureusement pour eux, que c’est encore la presse qui les monte en épingle. En leur offrant des tribunes d’expression.

Autant le travail du journaliste suppose beaucoup de parcimonie, autant ceux qui se découvrent des talents de critiques de la presse doivent se donner une once de modestie. Car ce n’est pas tout que de prêcher l’éthique et la déontologie de la presse aux journalistes. Il faut aussi chercher à acquérir les rudiments de l’information, ses critères, où la puiser et comment la traiter. Les journalistes, les vrais, ne versent ni dans le pédantisme ni dans la forfanterie comme le font ces « critiques » du dimanche, sans profession, qui s’accrochent désespérément et curieusement... à la presse pour survivre aux yeux de l’opinion. Oui, la presse est au service du public et il appartient à ce public de se montrer exigeant sur le produit que lui proposent les journalistes. Mais sans verser dans l’invective.

Il y a pourtant des secteurs d’activités dans ce pays et ailleurs où des erreurs et même des fautes professionnelles entraînent des pertes en vies humaines, la déchéance au quotidien d’honnêtes personnes dont le seul crime est de figurer parmi les sans le sou, donc sans défense, sans pour autant que ni dans la société civile ni dans le monde politique, s’élève la moindre protestation. Qui aime bien châtie bien, avons-nous appris. Mais quand une critique est faite de haine, de mauvaise foi ou de règlement d’on ne sait quel compte, c’est malsain.

Pour des fautes qui ne concernent point ces censeurs occasionnels, on s’interroge souvent sur leurs réelles motivations. Peut-être que faute de soumettre de véritables professionnels des médias d’Etat, à la sale et basse besogne, le pouvoir serait en train « d’occuper » des éléments issus de la génération spontanée, si prolifique au Cameroun depuis le début des années 90, et qui se dissimulent soit dans la presse soit dans la flore et la faune politiciennes pour détruire la presse à capitaux privée. Eructer des oukases contre les journalistes sur les plateaux de télévision, ce n’est pas un métier. La critique s’apprend. On ne s’improvise pas critique. Surtout si c’est occasionnellement. Même si cela peut offrir à cette valetaille quelques sous de subsistance. Cette critique-là n’est que mercenariat.

Jacques Doo Bell

ADS

 

Lire aussi : Ce que pense Maurice Kamto du tribalisme au Cameroun
Lire aussi : Abdouraman Hamadou Babba : «Le Président du Conseil constitutionnel, est obligé d'expliquer pourquoi le Président de la République veut prolonger le mandat des députés»

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS