Cameroun - Politique. Election présidentielle : Paul Biya et l’idée d’un nouveau mandat

Claude Tadjon | Le Jour Mardi le 07 Juillet 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Interrogé sur la possibilité de se représenter en 2018, le chef de l’Etat n’écarte aucun cas de figure.

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Les supputations sur la tenue ou pas d’une conférence de presse conjointe Paul Biya-François Hollande après l’entretien en tête à tête des deux hommes vendredi dernier au palais de l’Unité à Yaoundé sont évacuées. L’échange entre les deux chefs d’Etat et la presse a bien eu lieu, bien que bref et étroitement encadré. La question dont  beaucoup de Camerounais attendait secrètement la réponse est venue d’un journaliste de France Télévision, Gérard Griesbeck : « Vous êtes président depuis 1982 et donc, aujourd’hui, vous êtes l’un des présidents les plus anciens de la planète. Vous avez été élu plusieurs fois, vous avez fait un septennat et effectivement la constitution camerounaise ne limite pas le nombre de mandats (…) J’aimerai savoir dans quel état d’esprit vous êtes puisque vous imaginez encore qu’un mandat serait bon pour vous.

Est-ce que vous pensez passer la main et considérer que vous avez besoin d’un repos bien mérité. Est-ce que vous allez vous représenter ? » Paul Biya n’avait pas d’autre choix que répondre à cette interpellation banale mais incisive dans le contexte camerounais où toute une génération de ses compatriotes n’a connu que lui à la tête de l’Etat : « Je commencerai par dire que ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut. Comme deuxième observation, c’est que je ne suis pas à la tête de l’Etat par la force. Je n’ai pas acquis le pouvoir de manière dictatoriale, j’ai toujours été élu par mon peuple et en ce moment, je suis en train de terminer un mandat qui m’a été donné par mon peuple et d’ailleurs, il y avait d’autres candidats à ces élections et je les ai gagnées. C’est clair que les élections camerounaises de 2018 sont certaines et encore lointaines. Nous avons le temps de réfléchir et le moment venu, les Camerounais et les amis français et tout le monde verront si je suis candidat ou si je prends ma retraite. Je vous remercie. »

Le chef de l’Etat camerounais, 82 ans, se donne le temps de réfléchir et première certitude, n’écarte pas la possibilité de solliciter un nouveau mandat à la tête de l’Etat. Au terme de l’actuel, il aura plus de 85 ans. Et s’il rempile, Paul Biya aura 92 ans s’il va au bout du prochain.

Homme fort de Yaoundé

Le président affirme, sans sourciller, indifférent aux murmures de quelques journalistes dubitatifs : « j’ai toujours été élu par mon peuple ». Et ajoute : « je suis en train de terminer un mandat qui m’a été donné par mon peuple et d’ailleurs, il y avait d’autres candidats à ces élections et je les ai gagnées. » Tout ceci est vrai. Mais Paul Biya a omis de préciser qu’en 1992, le président de la Cour suprême, Alexis Dipanda Mouelle, alors en fonction, reconnut les irrégularités et les fraudes qui avaient émaillé l'élection. Et donnait raison à l’opposition qui accusait le pouvoir de fraudes tout comme une Ong américaine, le " National Democratic Institute " qui mettait en doute la validité de ces élections. Le chef de l’Etat a également omis de relever les plaintes des partis politiques, de la société civile et des observateurs de la scène politique, sur le caractère non consensuel du code électoral qui régit les élections d’où il tire son mandat.

Tous demandent une révision de ce code électoral qui prévoit toujours une élection présidentielle à un tour, organisée par une institution dont la neutralité des membres est contestée. Evidemment, l’homme fort de Yaoundé n’en a que cure. Dépositaire de l’essentiel des pouvoirs dans un système où la séparation, exécutif-judiciairelégislatif, est théorique, il est juge et partie et ne boude pas son plaisir. C’est ici que son propos de vendredi dernier, « ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut », prend son sens. Comment l’alternance est-elle possible lorsque l’administration publique empêche les partis de l’opposition de tenir des manifestations publiques tandis que le parti au pouvoir se déploie sans entraves ? Comment l’alternance est-elle possible lorsque les membres du conseil électoral d’Elecam, institution en charge d’organiser les élections, sont pour l’essentiel issus des rangs du parti au pouvoir ?
 

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