Présidentielle 2011. Election au Cameroun : transition démocratique en danger

Le Post.fr Vendredi le 10 Juin 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
En démocratie, la loi est supposée être conforme à la volonté du peuple, à la souveraineté du peuple.Selon la notion de contrat social par lequel le peuple mandate les responsables politiques pour conduire sa destinée.

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En effet, la loi s’entend comme “une règle, une norme ou une obligation générale et permanente, qui émane d'une autorité souveraine ( au travers du pouvoir législatif, le parlement choisi par scrutin libre et transparent) et qui s’impose à tous les individus d'une société. Par extension, la loi est l'ensemble des lois. Elle est la principale source du droit”, et est à la base de l’état de droit, qui assure la justice et le respect du droit et des intérêts de tous dans un société.

Or dans la plupart des pays d’Afrique, près de 20 ans après l’avènement de la démocratie, la volonté du peuple et la souveraineté du peuple qui devraient se manifester au travers du pouvoir politique (du pouvoir présidentiel comme législatif) est quasiment inexistante. Et cela vaut également pour le Cameroun. Les élections y sont systématiquement entâchées de fraudes en tout genre, ou sujettes au clientélisme politique, à l’ achat systématique des voix des électeurs, un phénomène amplifié du fait de la situation de corruption ambiante ambiante instituée en norme de vie par le régime Biya.Lors de la récente élection présidentielle en 2004, Paul Biya remportait l’élection avec plus de 70 % par le biais d’innombrables fraudes électorales avérées. Dans un journal du 25 octobre 2004 on peut lire ceci: «Présidant aux destinées du Cameroun depuis le 6 novembre 1982, Paul Biya, 71 ans, a remporté le scrutin présidentiel organisé, le 11 octobre, dans ce pays d`Afrique centrale, avec 70,9 pour cent des suffrages, contre 17,4 pour cent à son principal challenger, Ni John Fru Ndi, selon la Cour suprême. (…)La Cour suprême, qui avait rejeté, le 22 octobre, les 12 recours en annulation déposés par les partis de l`opposition pour fraudes massives, a, par la voix de son président, Alexis Mouelle Dipanda, déclaré le président Biya, élu pour un second mandat de sept ans, par 3,8 millions d`électeurs, sur les 4,6 millions d`inscrits. Le Cameroun compte environ 16,1 millions d`habitants, selon le Bureau central de recensement et des études de la population (BCREP). (…) Durant les sept prochaines années, l`accent sera mis sur les infrastructures de communication, la santé, l`école, la lutte contre la pauvreté, mais aussi, comme l`a promis le président, sur la construction de nouveaux barrages hydroélectriques, notamment à Lom-Pangar et Natchigal, d`ici à 2008, pour résorber la crise énergétique``, a déclaré André Siaka, président du Groupement inter-patronat du Cameroun (GICAM), joint au téléphone par IPS. » On est à la veille de l’ élection de 2011, à laquelle Paul Biya 78 ans va très probablement se représenter après bientôt 30 ans de pouvoir, et les chiffres de la paupérisation du pays sont accablants : en 2007 le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollars par jour s’élevait à 39,2% d’après Perspectives Economiques en Afrique, aujourd’hui plus de 40% de la population camerounaise vit sous le seuil de pauvreté. Dans le même temps en 2009 Paul Biya et sa cour s’offre des vacances à la Baule à 1 million d’euros, et une plainte est déposée contre lui à Paris par des camerounais de la diaspora qui estiment à des centaines de millions d’euros les détournements de fonds du gouvernement Biya. Un document de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption, la Snlcc, élaboré par la Commission nationale anti corruption anti estime que: “le montant des ressources de l’Etat du Cameroun ayant été distraites entre 1998 et 2004 s’élève à 1.845 milliards de FCFA (2,8 milliards d’euros)”, une perte annuelle de 300 milliards de FCFA (457,3 millions d’euros)” Un montant qui a très probablement doublé, voir plus étant donné l’état permanent de corruption qui qualifie le gouvernement camerounais, malgré le simulacre de lutte contre la corruption au travers de l’opération épervier regit par la norme “deux poids deux mesures”. L’indice de perception de la corruption place le Cameroun à la 146 ème place sur 178 pays. Des fonds détournés qui devraient servir au développement économique et humain du pays dont plus de 40% de la population sont victimes de pauvreté.

Et pour les prochaines élections qui devraient se tenir avant le mois d’octobre se dessine déjà le spectre du scénario de la fraude électorale en vue du maintien au pouvoir du régime corrompu de Biya :

- Le contrôle de l’organe d’organisation des élections, Elections Cameroun (Elecam) par le gouvernement camerounais au travers de sa composition émanant essentiellement des membres du partis au pouvoir, nommés par le chef de l’Etat et sa dépendance vis à vis du ministère de l’administration territorial impliqué lui aussi dans l’organisation des élections est un signe d’une volonté de contrôle de l’élection présidentielle qui devrait se tenir au plutard en Octobre 2011. Un état des faits très fortement constesté par le SDF principal parti d’opposition au Cameroun. En avril dernier des modifications des textes de lois électoraux ont été faites donnant plus de pouvoir encore au Conseil constitutionnel, qui au détriment d’Elecam, a désormais également pour mission de recenser les votes avec la création d’une Commission nationale de recensement des votes, et de diffuser les tendances du scrutin et les résultats du scrutin, en plus de « veiller à la régularité et à la sincérité du scrutin ».
· Extrait du projet de loi modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°92-010 du 17 septembre 1992 fixant les conditions d’élection et de suppléance à la présidence de la République.

Article 29.- (nouveau) (1) II est créé une commission nationale de recensement général des votes, composée ainsi qu'il suit :

Président : un membre du Conseil Constitutionnel, désigné par le président du Conseil Constitutionnel ;

Membres:

deux (2) magistrats de l'ordre judiciaire, désignés par le Premier Président de la Cour Suprême ;

cinq (5) représentants de l'Administration, désignés par le ministre chargé de l'administration territoriale ;

cinq (5) représentants d'Elections Cameroon, désignés par le Directeur Général des Elections ;

un représentant de chaque candidat en compétition, désigné par le candidat ou le parti politique l'ayant investi.

(2) La composition de la commission nationale de recensement général des votes est constatée par résolution du Conseil Electoral.

(3) La liste des membres est communiquée au Conseil Constitutionnel, et tenue à la disposition du public. Article 30.- (nouveau) (1) La commission nationale de recensement général des votes procède au décompte général des votes, au vu des procès-verbaux et des pièces annexes transmis par les commissions départementales de supervision.

(2) Elle redresse les erreurs matérielles éventuelles de décompte des votes. Elle ne peut toutefois annuler les procès-verbaux correspondants.

(3) Le recensement général des votes est public et s'effectue au siège du conseil constitutionnel.

(4) La commission nationale de recensement général des votes dresse procès-verbal de toutes ses opérations. Ce procès-verbal, signé du Président et des membres, est transmis dans un délai de cinq (05) jours au Conseil Constitutionnel, accompagné des pièces annexes.

Article 31.- (nouveau) (1) Le Conseil Constitutionnel veille à la régularité de l'élection présidentielle. Il veille à la sincérité du scrutin.

Il est à noter que le Conseil constitutionnel dont les membres sont nommés par le président de la république, candidat présumé à l’élection présidentielle de 2011, et donc à la solde du pouvoir n’est en rien qualifié pour être juge électoral, du fait de la nomination de ses membres par le président Biya, étant par ce fait juge et partie. Un juge se devant d’être indépendant.


- Un autre signe de la probabilité du scénario de la fraude à l’élection présidentielle d’octobre 2011 est la modification de la constitution camerounaise quelques années en arrière, en 2008 précisement, par la modification de la constitution qui asseyait la dictature de Paul Biya. La nouvelle constitution en son article 6 dispose que : « le Président de la République est élu pour un mandat de 7ans . Il est rééligible ». Confirmant la volonté du pouvoir en place de s’accaparer le pouvoir. On peut déjà se demander si le scrutin présidentiel d’octobre 2011 peut s’entendre comme une élection qui se définit communément comme la possibilité de faire un choix libre et de manière transparente entre plusieurs candidats.


Et pourtant le pays traitent avec de nombreuses puissances mondiales qui ne s’en offusquent point et particulièrement avec la France, au sein de la françafrique , de la mafiafrique qui quoi qu'à l'agonie perdure, comme on l'a vu avec l'affaire des "biens mal acquis" dont l'enquête est freinée par le ministre de la justice de Sarkozy, qui protègeant ainsi les méfaits des gouvernements du Sud, se rend complice de sa mauvaise gouvernance et des conséquences néfastes sur les populations africaines, et camerounaises. Et cela malgré le discours encourageant de Nicolas Sarkozy (quant à l’agonie de la Françafrique) sur l’état de droit en Côte d’Ivoire où la France a soutenue l’établissement de la démocratie après la dernière crise post électorale.
La démocratie c’est le « pouvoir du peuple » par et pour le peuple, au travers d’élections libres et transparentes. Le pouvoir, le régime politique en démocratie se caractérise principalement , par sa vocation au bien être du peuple, à la nation.

Le pouvoir démocratique doit donc être l’expression même de la souveraineté de la nation, loin donc de la politique du ventre manifestée dans l’exercice du pouvoir, par l’abus du pouvoir, dans le but pour ceux qui le détiennent d’assouvir des intérêts personnels loin de l’intérêt génaral du peuple.

La démocratie c’est la responsabilité du pouvoir vis à vis du peuple qui l’a choisit pour assurer sa destinée, la responsabilité d’assurer le bien être du peuple, au travers non pas du détournement de ses deniers, mais à travers une meilleure redistribution des richesses du pays entre toutes les couches sociales, à travers la promotion d’un véritable et efficient développement économique et humain.

Et cela se traduit non pas par l’accaparement du pouvoir pour que la « chèvre broutte là où elle est attachée » mais par le choix laisser au peuple de désigner ses responsables politiques. Par l’alternance du pouvoir.

Les 30 ans du régime Biya ont conduit le pays à plus de pauvreté, plus de 40 % de la population camerounaise vit au dessous du seuil de pauvreté , à un retard considérable de son développement tant politique qu'économique et humain, et un enrichissement du régime Biya , sur les deniers des populations camerounaises. On est loin de la démocratie, plus dans un régime dictorial qui ne dit pas son nom, couvert par une Françafrique qui quoiqu'à l'agonie perdure. Et il est temps d' y mettre fin, par l'alternance démocratique.

A. Dibangui

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