Cameroun - Education. Déboires des étudiants : Verrous sur la formation médicale dans les Instituts privés

Linda Mbiapa | Aurore Plus Mardi le 15 Septembre 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La réévaluation des programmes et l’harmonisation de la durée des études, l’existence d’une politique d’augmentation des effectifs pour accroître le budget, sont entre autres maux qui plongent les aspirants en médecine moderne dans le désarroi. Nous avons échangé avec quelques uns mardi le 8 septembre 2015.

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«LA FORMATION MÉDICALE AU Cameroun s’est progressivement détériorée », s’accordent à souligner des jeunes fréquentant les instituts privés d’enseignement supérieur. Ayant requis l’anonymat, ces derniers interrogés à Douala décrient plusieurs problèmes : «la réévaluation des programmes et l’harmonisation de la durée des études, l’existence d’une politique d’augmentation des effectifs pour accroître le budget, l’insuffisance des travaux pratiques, un personnel vieillissant, l’étroitesse de temps accordé aux étudiants pour le contact avec les malades durant les stages académiques». A cela s’ajoute le fait que certains « fonctionnent soit avec des lettres d’accord de principe, soit avec seulement des autorisations de délivrer des Brevets de technicien supérieur et Licence professionnelle ».

Les compatriotes qui brossent un tel tableau sombre ont perdu le goût de poursuivre leur formation. Ghislaine Aristide est de ceuxlà. Diplômée en Bts dans un institut privé basé à Douala, elle avoue : «j’ai déboursé des centaines de mille de F Cfa pour ma formation. Je vous assure que cela n’a pas été facile. En deux années, difficile de suivre les cours comme il se doit à cause des enseignants quasi absents des salles», explique l’interlocutrice qui enchaîne : «la majorité était des vacataires occupés sous d’autres cieux. La formation est coûteuse mais entre la publicité faite par des promoteurs et la réalité, il y a un énorme fossé». Les difficultés diffèrent en fonction des filières.

Déficit

Les étudiants désireux de devenir des sages-femmes ou des maïeuticiens rencontrent des problèmes d’un autre genre. Notamment le manque de qualification et de formation adéquates pour une meilleure prise en charge de femmes enceintes, l’insuffisance des formateurs spécialistes dans le secteur. Par conséquent, une fois sorties des écoles avec des bases faibles, «ces sages-femmes qui réussissent à trouver un emploi exposent les patients à de graves risques. Notons à ce propos qu’au Cameroun, environ 7000 femmes décèdent chaque année en donnant la vie, parce qu’elles n’ont pas reçu des soins appropriés de ces produits pourtant issus des écoles de formation», fait savoir une élève en stage dans une formation sanitaire publique de la place. Cette dernière met en cause le déficit en ressources humaines qualifiées pour prendre en charge les femmes enceintes de façon correcte et interpelle les promoteurs des instituts privés de formation médicale. «On n’ouvre pas un institut pour le simple plaisir, encore moins pour s’enrichir. La santé est un domaine délicat. Il faut mettre du sérieux dans l’éducation et la formation des jeunes appelés à devenir des techniciens médico-sanitaires. Un élève qui n’a pas une base solide est un danger public si, par miracle, il s’insert professionnellement », avertit la citoyenne.

Bouchées doubles

Appelé à donner son avis sur la question, Dr Tam Frédéric, promoteur de l’Institut Supérieur Lumière (Isl), un établissement spécialisé dans la formation des techniciens médico-sanitaires affirme : «aujourd’hui, il est question de trouver des solutions pour garantir un meilleur avenir aux jeunes sortis des instituts de formation médicale du privé. Voilà pourquoi à la Fondation Lumière des Justes devenue Isl, nous recrutons dans le public des vacataires disponibles et qualifiés pour former nos étudiants». Ce qui a valu, dit-il, de meilleurs résultats à la fin de l’année académique 2014/2015. «Nous avons présenté 9 candidats au Diplôme supérieur d’études professionnelles (Dsep). Un examen national à l’issue duquel tous les 9 ont réussi avec Mention Bien», renchérit le responsable qui nous apprend d’ailleurs que la reprise des cours pour cette année a eu lieu ce jeudi 10 septembre 2015. Rappelons que l’Isl est né de l’application des dispositions de l’arrêté interministériel n°142/J1/Mineduc/Dep et n°0140/Msp/Ds/Spf fixant les conditions de création et de fonctionnement des établissements privés de formation des personnels médico-sanitaires. Ensuite, après avis de la mission d’expertise technique, il a été autorisé la création de ladite école de formation des infirmiers brevetés accoucheurs et aides-soignants. Cette dernière dit disposer d’un plateau technique approprié et autres infrastructures nécessaires pour la formation des citoyens et la promotion de l’auto-emploi.

Bientôt des bourses universitaires en médecine

Orphelin et soucieux de l’accès à l’éducation de ses apprenants, le promoteur de l’Isl annonce que son institut va, dans un futur proche, octroyer des bourses aux étudiants. «Pour la sauvegarde de la santé publique et le bien-être des aides-soignants, infirmiers brevetés accoucheurs et autres, nous sommes en partenariat avec 650 universités américaines. De cette relation, nous pourrons garantir des bourses à 80% aux techniciens », soutient Dr Tam par ailleurs membre du Syndicat des pharmaciens du Cameroun. Parce que l’Etat ne peut pas tout faire, selon ce dernier, il envisage de donner le tout pour le tout afin de soutenir les étudiants appelés à être des techniciens médico-sanitaires. Dans le même sillage, il vient de solliciter le soutien du Ministère de l’Agriculture et d’obtenir l’accord du Syndicat des sociétés de traitements d’hygiène, d’assainissement et de revendeurs du matériel phytosanitaire (Synsthar-Phyto), pour le recrutement des enseignants qualifiés en la matière.

Une nouvelle qui réjouit Alain Mozart Pajouo, Major technique de laboratoire et Aurelle Ange Makougoum Tagne, vice-major au Diplôme supérieur d’études professionnelles l’année académique précédente, tous deux de l’Isl. «Notre formation s’est bien déroulée. Au terme des 3 années en vue de l’obtention du Dsep, nous nous estimons heureux, et davantage pour cet accompagnement des Etats- Unis d’Amérique tel qu’annoncé plus haut. C’est sûr que ceux qui nous suivent seront plus que outillés», avancent les deux camarades qui ajoutent : «pour une première promotion de l’Isl à un examen national, cela a été un succès. Et nous prions Dieu pour qu’il donne plus de force et de moyens à notre promoteur dans l’accomplissement de ses projets. Pour l’heure, il nous reste à trouver un emploi puisque le tout n’est pas d’étudier ».
 

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