Cameroun - Politique. Gouvernement :Du vin nouveau dans de vieilles outres

Georges Alain Boyomo | Mutations Mardi le 06 Octobre 2015 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
*Le cabinet Yang III n’offre pas à espérer des changements décisifs dans la conduite des affaires publiques. Les retouches opérées ressemblent plus à l’arbre qui cache la forêt.*

ADS

Ceux qui ont vu le cortège du Premier ministre s’ébranler toutes sirènes hurlantes vers le palais de l’Unité autour de 12h hier et revenir à l’Immeuble Etoile pratiquement deux heures après ont pressenti que quelque chose d’important et de solennel se préparait. Prenant à contrepied son monde et de nombreux Camerounais, le président de la République a fini par rompre le suspense sur la formation du nouveau gouvernement, qui était devenu un serpent de mer, un motif de raillerie d’un système que l’on dit grippé et vermoulu.

La nouvelle structure gouvernementale reste pléthorique. Elle comporte 37 ministères pour une soixantaine de ministres et assimilés. Ceux qui ont rêvé d’un resserrement de cette équipe obèse et budgétivore en ont pour leur grade. Dans son entourage immédiat, Paul Biya a légèrement redistribué les cartes. On y retrouve quasiment les mêmes hommes, y compris les plus controversés. Le ministre secrétaire général de la présidence et son adjoint Agbor Tabi, sont donc en poste, idem pour le ministre directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou. Le conseiller spécial, Narcisse Mouelle Kombi (nommé au ministère des Arts et de la Culture), est remplacé par Dieudonné Samba, jusqu’alors délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Bertoua. L’ex-secrétaire général adjoint de la présidence Séraphin Magloire Fouda est nommé secrétaire général des services du Premier ministre.

En temps de guerre, on attendait sur quels leviers Paul Biya devait actionner pour requinquer le moral des troupes. Le chef suprême des armées a injecté du sang neuf dans la machine en faisant confiance à celui qui était encore (avant le décret) gouverneur de la région du Littoral, Joseph Beti Assomo, au ministère de la Défense. Le titulaire du poste, Edgard Alain Mebe Ngo’o a été muté au ministère des Transports, après une retentissante grève des militaires de retour de Centrafrique. C’est le seul changement dans le dispositif de défense et de sécurité. En effet, Jean-Baptiste Bokam trône toujours au secrétariat d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, Koumpa Issa est toujours le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense, chargé des anciens combattants et des victimes de guerre. Last but not least, Martin Mbarga Nguele est toujours le délégué général à la Sûreté nationale.

Les clés de la territoriale (Minatd) sont toujours détenues par un fidèle des fidèles du chef de l’Etat, en l’occurrence René Emmanuel Sadi. Au ministère des Relations extérieures, autre ministère de souveraineté, Paul Biya remercie Pierre Moukoko Mbonjo (qui devait prendre la parole en son nom le 29 septembre 2015 à la tribune des Nations Unies), qui fera place nette à l’ambassadeur du Cameroun en France, Lejeune Mbella Mbella.

* Moutons noirs*

A propos de la cohésion et de la solidarité gouvernementale, l’on semble percevoir à travers ce réaménagement du gouvernement des sanctions à l’égard des ministres qui ont manqué de respect au Premier ministre. Parmi ces « /moutons noirs/ », il y a incontestablement le ministre des Arts et de la Culture, Ama Tutu Muna et dans une certaine mesure, l’ex-ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Essimi Menye et l’ex- ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla.

Sur le volet économie et infrastructures, on constate pour s’en émouvoir la chute synchronisée du ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla et du secrétaire d’Etat chargé des routes, Hans Nyetam Nyetam. En (re) confiant le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) à Louis Paul Motaze, Paul Biya conforte les analystes dans l’idée qu’il joue son va-tout pour que la prospérité promise aux Camerounais se matérialise, notamment à travers les projets structurants.

Le tandem Motaze-Fouda (Sg/Pm) est particulièrement attendu sur la mise en œuvre du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) et, principalement sur la réalisation du plan d’urgence triennal. Nganou Djoumessi, qui hérite du maroquin des Travaux publics, après un passage édifiant au Minepat, est sans doute le 3e larron de cet attelage qui n’a pas droit à l’erreur.

Le grand argentier national, Alamine Ousmane Mey, maillon essentiel dans l’observance de la qualité de la dépense publique, conserve son strapontin. La grande surprise de ce gouvernement est sans doute la nomination d’Ernest Ngalle Bibehe (sénateur suppléant et Dg de la Socatur) à la tête du département ministériel qui rafle le plus gros budget dans la loi de finances, en l’occurrence le ministère des Enseignements secondaires (Minesec).

Enfin, l’on notera dans ce gouvernement du 2 octobre 2015 que les équilibres sociologiques n’ont pas changé par rapport au dernier. De même, Paul Biya a ménagé ses alliés politiques, notamment ceux de l’Undp, de l’Andp et du Fnsc. Lesquels ont été chacun maintenu à leurs différents postes.

 

ADS

 

Lire aussi : Ce que pense Maurice Kamto du tribalisme au Cameroun
Lire aussi : Abdouraman Hamadou Babba : «Le Président du Conseil constitutionnel, est obligé d'expliquer pourquoi le Président de la République veut prolonger le mandat des députés»
Lire aussi : L’honorable Nourane Fotsing appelle à la libération de Bibou Nissack le porte parole de Maurice Kamto

ADS

ADS

Les plus récents

Rechercher un article

ADS

ADS