Cameroun - Agriculture. Secteur agricole : Terre de contrastes

Félix C. Ebolé Bola | Mutations Lundi le 27 Juin 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Cameroun, avec le potentiel que beaucoup lui envie, importe massivement pour se nourrir.

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Le conseil des ministres du 7 mars 2008 se tint dans une atmosphère de forte tension, consécutive aux émeutes de la faim qui venaient d’ébranler le pays en février. Et les accents martiaux de Paul Biya à son gouvernement reflétaient la gravité de la situation. «J’attends du gouvernement des actions énergiques et rapides dans l’amélioration du pouvoir d’achat, l’emploi et la lutte contre la corruption. (…) Je demande au gouvernement de prendre des mesures nécessaires et utiles pour accroître l’approvisionnement du marché local en denrées agricoles, de relancer l’exécution des programmes spéciaux agricoles, notamment dans les filières de la banane plantain, du riz, des racines et tubercules», avait-il martelé, demandant en conséquence au Premier ministre «de mettre scrupuleusement en application, avec célérité et efficacité, les instructions qu’[il venait] de donner et pour l’exécution desquelles aucune défaillance ne sera plus tolérée».

Dans la foulée, le Premier ministre ainsi interpellé, Ephraïm Inoni, présidait un conseil de cabinet le 24 avril 2008. A l’occasion, il annonçait la constitution d’un fonds spécial de relance et de soutien destiné au financement d’un programme d’urgence d’accroissement de la production agro-pastorale à très court terme. Il prescrivit également une synergie urgente et permanente entre les différents acteurs du secteur agricole en vue d’une augmentation substantielle de la production de denrées «dès la campagne agricole en cours», engageant son équipe «à transformer la menace actuelle en opportunité pour la conversion en profondeur de notre agriculture qui devra satisfaire les besoins nationaux et devenir une exportatrice nette de denrées alimentaires».
Un plan d’urgence fut élaboré à cet effet du 10 au 12 juin 2008 au Palais des congrès de Yaoundé, sous les auspices du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader). Le fameux «plan d'urgence» accoucha d’une annonce de déblocage d'un montant de 500 milliards de francs, visant à relancer l'agriculture nationale en doublant sa production en 2 ans.

Tout-importé

En 2009, le Cameroun a importé pour 550 milliards de Fcfa de denrées alimentaires avec en tête le riz, le poisson, le blé, les huiles et le lait. Le Cameroun, qui exporte 90% de ses produits à l’état brut et dispose pourtant de plus de 20% de terres cultivables, a le potentiel pour produire toutes ces denrées. Pour le «fonds spécial» dédié à la production agro-pastorale «à très court terme», il a pour sa part pris la direction des tiroirs. Il n’y a que le cacao qui essaye de sortir du bois. Au 30 avril 2011, le pays avait déjà exporté 215.000 tonnes de fèves, contre 190.000 tonnes pendant l'exercice 2009-2010, peut et doit mieux faire. A l’ouverture du Comice agropastoral d’Ebolowa, le 17 janvier 2011, le président Biya, qui n’a cessé d’annoncer un «grande politique agricole», tira un bilan fort instructif du travail déjà abattu. «Quelques-unes de nos régions sont encore tributaires de l’aide alimentaire. Certaines productions connaissent des pénuries. Résultats : la spéculation intervient et les prix augmentent, rendant ces denrées inaccessibles pour les plus démunis.» S’agissant de l’agriculture, de l’élevage ou encore de la pisciculture, il confessa : «A mon sens, nous n’exploitons pas suffisamment nos potentialités dans ces secteurs. J’observe en effet que nous importons chaque année des contingents non négligeables de sucre et d’huile de palme alors que nous disposons de vastes espaces propres à ces cultures.

Il me paraît également que nous pourrions étendre nos plantations d’hévéa et de banane, créatrices de rentrées de devises et d’emplois, et relancer la culture du coton pour répondre à une augmentation prévisible de la consommation mondiale qui commence à se manifester. J’ai l’impression que dans ces secteurs nous faisons preuve d’une timidité que je trouve excessive.» Comme en mars 2008 au Palais de l’unité, Paul Biya a ressorti les biceps à Ebolowa : «J’engage les départements ministériels concernés dans cette voie, toutes affaires cessantes et je veux des résultats substantiels.»
Début février dernier, le chef de l’Etat a décrété la création d’un établissement public de type particulier dénommé Mission de régulation des approvisionnements des produits de grande consommation (MIRAP).

Après les promesses en l’air, c’est désormais l’option du tout-importé qui permettra de nourrir les Camerounais et de booster l’économie. Pour le porte-parole de la Coalition pour la souveraineté alimentaire, Bernard Njonga, le Cameroun souffre d’un manque criard de volonté politique de la part de ses dirigeants. Dans le domaine agricole, la solution pour lui est toute simple : il faut promouvoir la production et la consommation des produits du terroir.
 

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