Cameroun - Politique. Livre: une journaliste française met à nu le régime camerounais

Camerpress Vendredi le 05 Aout 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’ancienne correspondante de l’Afp au Cameroun, Fanny Pigeaud, fait l’autopsie des 29 ans de règne du chef de l’Etat. «Au Cameroun de Paul Biya». C’est le titre de l’ouvrage que l’ancienne correspondante au Cameroun de l’Agence France-Presse (Afp) et du quotidien Libération, a publié mardi dernier, en France.

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Dans ce livre de 263 pages, Fanny Pigeaud fait une analyse du fonctionnement du régime Biya. Elle analyse surtout les ressorts de son «exceptionnelle longévité» au pouvoir, faisant valoir «le soutien de la France», «la manipulation des identités ethniques», «l’entretien des divisions au sein de l’élite dirigeante» et «une corruption record», entre autres.
Dès l’introduction, il est rapporté que, doté d’énormes potentialités naturelles et humaines, le Cameroun va mal. L’espérance de vie y est de 46 ans alors que le nombre de pauvres augmente d’année en année.

Le chômage y gagne du terrain. «En 2010, le taux de croissance du pays était seulement de 3,2 %, ce qui le plaçait à la traîne de sa région, dont il devrait pourtant être le moteur, à l’instar de ce qu’a longtemps été la Côte d’Ivoire pour l’Afrique de l’Ouest», écrit encore Fanny Pigeaud. Elle s’applique du reste à démonter que «le Cameroun est victime de la stratégie de maintien au pouvoir d’un homme (Paul Biya) cynique et guidé par la recherche de son seul profit, de la complicité de la Communauté internationale qui, soucieuse de protéger ses intérêts, fait son jeu, et du renoncement des Camerounais à arracher leur liberté».

Cette passionnée du Cameroun, dans son décryptage des régimes Ahidjo et Biya, note que «c’est […] la gouvernance du successeur d’Ahidjo, Paul Biya, […] qui a mené le pays vers le bas de tous les classements économiques et sociaux. Tout en conservant et en accentuant les principaux traits du régime Ahidjo, Biya en a introduit d’autres : une grave tendance à l’incurie, à l’inertie et à la criminalisation». L’ensemble a abouti, révèle-t-elle, à un système largement improductif et paradoxal : «depuis bientôt 30 ans, les Camerounais sont soumis à la toute puissance de leurs dirigeants qui font tout pour se maintenir au pouvoir sans pour autant gouverner», explique Fanny Pigeaud.

Le trait semble encore plus forcé lorsque cette journaliste, qui a été formée notamment par le Centre d’études d’Afrique noire (Cean) de l’Institut d’études politiques (Iep) de Bordeaux en France, affirme que le Cameroun est pays «où le chef de l’État paie en valises de cash le ravitaillement en kérosène de l’avion qui le transporte ; où l’on peut louer, pour une somme dérisoire, l’arme d’un policier […] ; où moins de trois mois avant une élection présidentielle, personne ne sait à quelle date le scrutin aura précisément lieu et aucune des deux grandes formations politiques, le parti présidentiel et le principal parti d’opposition, n’a de candidat déclaré…». Ou encore lorsqu’elle déclare que «dans ce Cameroun, qui semble naviguer sans tête et sans but, les jeunes, soit la moitié de la population, ne parviennent plus à s’imaginer un avenir».

Autoritaire et laxiste

Dans une interview accordée au site Ka-media.info, l’auteur de «Au Cameroun de Paul Biya» refuse de lier la publication de son livre à la prochaine élection présidentielle : «Ce livre était en gestation depuis plusieurs années. Il vise à combler un vide : il n’existe pas, à ma connaissance, d’ouvrage qui fasse la synthèse des «années Biya». Quid du soutien de la France au pouvoir de Yaoundé ? «M. Biya [78 ans] a toujours bénéficié du soutien de la France. Pour protéger ses intérêts économiques, Paris l’a en particulier aidé à rester au pouvoir après l’élection présidentielle de 1992 qu’il a officiellement remportée, mais perdue en réalité, comme le reconnaissent aujourd’hui des cadres de son parti.

Alors que les autres pays partenaires du Cameroun dénonçaient haut et fort des fraudes, la France avait félicité M. Biya pour sa réélection. Elle avait ensuite apporté un soutien financier important au régime qui lui avait permis de faire face à la contestation populaire et de reprendre la main. On peut penser que Biya aura son soutien -même s’il ne s’agit que d’un silence complice - tant qu’il garantira les intérêts français sur place…». M. Biya est-il un dictateur ?

«Comme tous les Camerounais le savent, M. Biya est omnipotent : pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont à son service. Et il ne rend de compte à personne. Mais il a une particularité : il ne s’occupe pas des affaires du pays et laisse faire tout et n’importe quoi. Il ne réagit que lorsqu’il sent son pouvoir menacé. Son régime est ainsi très paradoxal : il est à la fois autoritaire et laxiste».

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