Libye. La guerre libyenne de Sarkozy et de ses conseillers

Dmitri Babitch | RIA Novosti Jeudi le 01 Septembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’une des principales questions après la cessation inévitable du conflit en Libye concerne l’avenir politique des initiateurs de l’ingérence occidentale: avant tout de Nicolas Sarkozy et de certains de ses conseillers. Ces gens vont-ils recueillir les lauriers de la victoire ou seront-ils tenus pour responsables de cet interminable conflit? Actuellement, cette question est soulevée en Europe: l’aviation française a tout de même lancé l’opération à laquelle les autres pays membres de l’OTAN se sont joints progressivement.

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Comme le fait remarquer Le Monde, Sarkozy a fait cette guerre "sienne" et a misé sur elle toute sa réputation. Pendant plusieurs mois il a passé des heures sur les cartes des opérations et s’est entretenu constamment avec les rebelles ainsi qu’avec son "estafette" auprès d’eux – le journaliste Bernard-Henri Lévy, se présentant modestement devant la presse mondiale en tant que philosophe défendant la paix.

Jeudi, lors de la rencontre à Paris avec Mahmoud Jibril, le numéro deux du gouvernement rebelle, Sarkozy a annoncé la réunion le 1er septembre d’une conférence internationale pour aider la Libye. Sachant que selon Sarkozy l’intervention de l’OTAN et du Groupe de contact international en Libye touche à sa fin, la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil – les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies qui n’ont pas soutenu l’opération militaire de l’Alliance en Libye – pourront également participer à cette conférence. "Ainsi Sarkozy a fait comprendre à Moscou qu’il pourrait également jouer un rôle dans la "Libye de demain", estime l’ancien ambassadeur russe en Grande-Bretagne Anatoli Adamichine.

Mais que cache cette invitation – la confiance en sa victoire ou une tentative désespérée d’impliquer dans un projet qui échoue autant de membres que possible? Finalement, l’intervention en Libye est-elle un succès ou un échec? La réponse dépendra principalement des actions du nouveau gouvernement libyen qu’a l’intention de mettre en place le Conseil national de sécurité (CNT) – le "gouvernement" rebelle, qui a été reconnu en mars par la France en initiant l’ingérence étrangère dans le conflit libyen. Le nouveau gouvernement pourra-t-il éviter un bain de sang et une vengeance cruelle envers les vaincus? En fait, en plaçant au pouvoir en Libye de nouvelles personnes, Sarkozy et ses conseillers ont endossé une grande responsabilité. Et aujourd’hui en France on se demande si la décision prise en mars était justifiée.

Le principal instigateur de l’ingérence est le "philosophe" Bernard-Henri Lévy. Ce dernier a appelé début mars Sarkozy sur son portable et lui a demandé de rencontrer les Massouds libyens – c’est ainsi que BHL a qualifié le CNT en l’honneur du feu chef des moujahids afghans (Ahmad Shah Massoud).

Sarkozy a accepté, et le surlendemain, le 10 mars 2011, le CNT a été reconnu par la France. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a été informé de la rencontre avec le CNT post factum, en s’inclinant face au philosophe en termes d’influence. Aujourd’hui, Bernard-Henri Lévy est convaincu que ses actions étaient justes, et à la question concernant le sort de Kadhafi, de sa familles et de ses partisans, il répond sur son site personnel sans l’ombre d’une inquiétude: "C’est aux Libyens de décider. […] Je ne suis pas inquiet car les dirigeants du Conseil national de transition font preuve d’une grande maturité politique. On n’est pas dans un schéma de justice expéditive, de volonté de vengeance, on est vraiment dans la pose des premières pierres d’un État de droit." Dans toutes ses interviews depuis mars 2011, il soulignait à chaque fois que les rebelles avaient réussi à vaincre la tentation de l’islamisme et qu’ils n’étaient pas affiliés à l’islam radical. Quant à ceux qui critiquaient les rebelles, BHL les décrit comme "des tétanisés du despotisme, des fascinés de la méduse qui vivent dans l'idée que les despotes sont impossibles à renverser."

Hélas, nous l’avons déjà entendu de la part de Lévy et d’autres intellectuels français de gauche qui ont signé avec BHL le 17 mars un message dans Le Monde adressé à Sarkozy et aux dirigeants des pays membres de l’OTAN les incitant à une ingérence militaire. La liste des noms sous ce message coïncide au moins pour un tiers avec ceux qui avaient signé en 1995, 2000 et 2004 le message dans Le Monde également pour soutenir l’Itchkérie tchétchène et son gouvernement dirigé par les "présidents" Djokhar Doudaïev et Aslan Maskhadov. Dans ces messages Lévy, son collègue "philosophe" André Glucksmann, le député européen Daniel Cohn-Bendit et d’autres appelaient les dirigeants européens à ne pas se rendre à Moscou pour célébrer le 50e anniversaire de la Victoire, exclure la Russie des organisations internationales et, bien sûr, aider Maskhadov. En 2011, les mêmes individus suppliaient Sarkozy d’aider Mahmoud Jibril et d’autres rebelles libyens.

Interrogés sur l'éventuelle affiliation des partisans de Maskhadov au terrorisme international, Glucksmann et Lévy répondaient également que les combattants avaient réussi à résister à la tentation de l’islam radical. Les événements ont démontré à plusieurs reprises la "véracité" de cette affirmation faite en 2002.

Qui croira celui qui a menti une fois? L’expérience tchétchène des initiateurs de l’ingérence en Libye ne parle pas en faveur de leur objectivité. Hélas, il est tout à fait possible que la paix dans la Libye de demain soit confrontée à la vengeance, au terrorisme et à l’islam radical. Et il serait alors très difficile de parler de victoire pour Sarkozy.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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