Présidentielle 2011. Jean-Paul Pougala : « Les Camerounais n'ont pas besoin de voter »

Le Jour Jeudi le 08 Septembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
« Les Chinois ne votent pas, mais tout le monde s'agenouille devant eux, même en cachette, pour mendier l’argent, y compris les Etats-Unis »

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Enseignant à l’école de diplomatie de Genève, ce sinophile, spécialiste des relations internationales, resitue les défis qui interpellent l’Afrique et le Cameroun aujourd’hui.
 
Qu’est ce qui vous a amené au Cameroun ?

J’ai été invité par une association de jeunes. Nous sommes à un moment crucial de l’histoire africaine, où il y a un groupe de pays dits puissants, les pays occidentaux, qui veulent poursuivre l’idée que l’Afrique doit être continuellement humiliée.

Le problème est venu avec les cas ivoirien et libyen. Les Occidentaux n’ont plus honte de mentir au grand jour. Autant mieux mettre de côté la diplomatie. Si un adversaire n’a plus la moindre dignité de ses mensonges, il faut le traiter avec ses propres moyens. Je n’utilise plus de gants dans ma campagne qui ne date pas d’aujourd’hui. En 1990, nous avions écrit un livre intitulé « L’Afrique, l’Europe et la démocratie internationale ». Je me suis donné le devoir de réveiller la jeunesse africaine afin qu’elle ne soit pas manipulée comme l’ont été ses parents. J’enseigne dans le domaine de la diplomatie et j’ai accès à un certain nombre d’informations. Il est opportun de les révéler à la jeunesse camerounaise et africaine.
 
Craignez-vous un scénario libyen ou ivoirien au Cameroun ?
Les Ivoiriens ne sont pas les Camerounais qui ont fait leur guerre d’indépendance depuis 1954, même s’ils ont perdu la bataille. Néanmoins, le sentiment patriotique est resté. Il suffit de discuter avec des Camerounais dans la rue pour se rendre compte qu’ils ont compris la supercherie des Occidentaux. Ils trouvent curieux que les amis d’hier de M. Biya ne veulent plus de lui aujourd’hui.

Est-ce à dire que les Camerounais ne sont pas prêts à soutenir un mouvement visant à chasser Paul Biya du pouvoir ?

Pendant mon séjour au Cameroun, je suis descendu dans les bars comme un Camerounais ordinaire, pour discuter avec des gens. Ce que j’ai entendu n’augure rien. Je ne vois aucun scénario. En Côte d’Ivoire, il y avait deux blocs fondés essentiellement sur la religion et l’ethnie. Ce n’est pas le cas au Cameroun, même si, par le passé, on a eu d’un côté, les Bamilékés et les anglophones opposés à Paul Biya, et de l’autre côté, les Beti favorables au président de la République.
 
L’alternance est-elle donc impossible au Cameroun en 2011 ?
Le problème ne se situe pas au niveau du changement pur et simple. Il faut un cap pour le Cameroun et un devenir pour le pays. Or, les discussions au sein du Rdpc montrent qu’il n’y a pas de cap pour le Cameroun. C’est une manœuvre de diversion que de vouloir toujours s’accrocher aux hommes. Donc, il faut d’abord définir ce qu’on met dans l’alternance et la transition. Ce n’est certainement pas une transition consistant à balancer aux Camerounais, via les médias, des hommes présentés comme ceux de la situation. Alors qu’en réalité, ils viennent remettre en cause les contrats signés avec la Chine, des contrats que l’Occident ne veut pas pour le Cameroun. Les Occidentaux avaient voulu que les Chinois passent par eux pour venir en Afrique. Parce qu’ils ont échoué, les Occidentaux jouent sur la déstabilisation. Le Cameroun va bientôt produire des voitures qui viendront concurrencer les voitures françaises. Les deux pays sont liés par les Accords de partenariat économique.
 
Etes-vous pour le maintien du président Biya ?

Les contrats que le président Biya a passés avec les Chinois m’arrangent. Je me limite à ça et je n’entre pas dans d’autres débats. Je suis en Chine, je conseille même le gouvernement chinois, qui applique mes propositions. Je ne peux pas m’opposer aux contrats avec les Chinois, parce que ces projets seront gérés par monsieur Biya. Je serais incohérent avec moi-même. Il y a en face de nous les Occidentaux qui ont estimé que le Train à grande vitesse (Tgv) ne convient pas à l’Afrique. Or, la Chine se propose de mettre un Tgv de Douala jusqu’au Soudan.
 
Vous êtes carrément en campagne pour la Chine...
Je suis en campagne pour les Etats-Unis d’Afrique. Et je constate que les Occidentaux ont travaillé contre ce projet. Aujourd’hui, un autre partenaire se propose de lever les obstacles.
 
L’élection présidentielle prévue au Cameroun en 2011 vous importe-t-elle ?
Cette élection présidentielle n’a aucune valeur pour moi. On débat, on tiraille alors qu’il y a des problèmes. Les Camerounais n’ont pas besoin de voter. Les Chinois ne votent pas, mais tout le monde s’agenouille devant eux, même en cachette, pour mendier l’argent, y compris les Etats-Unis. Les fonctionnaires américains sont payés par l’argent de la Chine. Les Etats-Unis viennent nous demander de copier leur démocratie, or, ils vont mendier auprès des Chinois. Autant voir ce que les Chinois font.
 
Si l’élection importe peu, qu’est-ce qui est primordial pour le Cameroun ?

Il faut éviter les prédateurs qui veulent utiliser la manipulation pour déstabiliser le Cameroun. Que les Occidentaux nous laissent tranquilles et rentrent s’occuper de leur propre développement. Nos priorités à nous consistent à s’occuper des jeunes non scolarisés, des jeunes incapables de trouver un emploi, des jeunes qui sont chaque jour plus nombreux que le nombre d’emplois créés. On devrait débattre de cela chaque jour. Je suis contre l’opération de recrutement des 25.000 emplois car, l’Etat n’a pas vocation à créer des emplois. Il doit mettre en place un climat favorable à l’économie et à la croissance, mobiliser toutes les forces vives de la nation pour que les emplois se multiplient. En créant lui-même les emplois, l’Etat s’alourdit et accroît sa charge financière. Ce n’est pas normal qu’un jeune formé finisse pousseur ou conducteur de mototaxi. Accepter cela comme relevant de la normalité, c’est le symptôme d’un pays malade. Le Rdpc doit fixer un cap pour le Cameroun au lieu de se limiter aux discussions internes. Que les chercheurs universitaires travaillent, au lieu de lorgner des postes de ministre.
 
L’élection ne vise-t-elle pas à trouver un programme politique, qui est un ensemble de solutions aux problèmes de la nation ?
C’est très important qu’il y ait, dans un Etat, un élan nationaliste pour une cause. Je constate qu’au moment où on aurait dû faire une cause nationale, la récurrence du débat sur l’élection dans les médias perturbe l’élan nationaliste. Je doute des opposants qui sont des anciens collaborateurs de Paul Biya. Ils veulent se venger de lui. Leur bilan en tant que ministre ou à tout autre poste de pouvoir n’est pas élogieux. Il devient difficile de croire qu’ils viendront faire ce qu’ils n’ont pas fait quand ils étaient aux affaires. Finalement, la démocratie n’existe pas, sinon qu’elle est une dictature des élites qui se balancent des postes.

C’est le cas au Cameroun et dans bien de pays dans le monde. Ayant bien compris le système, les élites se servent de la propagande pour manipuler le peuple, qui les suit comme des moutons de Panurge. C’est pourquoi je relativise même la question des élections. Je me suis toujours abstenu de parler des élections, car je suis contre les gens de la diaspora qui paient les impôts dans un autre pays et veulent donner des leçons aux Camerounais qui vivent et payent leurs impôts dans leur pays. L’élection présidentielle a commencé à m’intéresser à partir du moment où les ambassades occidentales se sont impliquées pour dire que leurs gouvernements ne veulent plus de Paul Biya. Je constate que partout où les Occidentaux ont mis des gens au pouvoir, ces personnes ont été des sous-préfets, le préfet étant l’ambassadeur en poste dans le pays.
 
Pourquoi ne rentrez-vous pas au Cameroun pour éveiller les consciences ?
J’aurais bien voulu rester dans mon pays, le Cameroun. Mais les gens d’un certain âge sont tellement inféodés qu’ils sont dans une forme d’infantilisation occidentale. Quand vous arrivez avec un discours contraire au discours classique, vous êtes perçu comme un danger pour le pouvoir constitué localement. Je suis venu au Cameroun, invité à Yaoundé par des professeurs universitaires et par des personnes qui comptent. J’ai tenu un certain discours au cours d’une émission sur la chaîne de télévision Stv. Le lendemain, il n’y avait plus personne pour me recevoir. Ce que je dis contraste avec ce que ces universitaires enseignent aux enfants. Ils enseignent que nous avons besoin de copier le modèle occidental. Or il n’y a pas un modèle politique occidental. Chaque pays crée son propre modèle de gouvernance. Les universitaires sont englués dans la répétition, ne font pas de recherches et n’écrivent pas.
 
Il y a pourtant des universitaires critiques au Cameroun, qui travaillent librement...
Le jour où j’ai fini mes études à l’étranger, j’ai plié mes bagages et je suis rentré dans mon pays pour m’installer. Les gens du système m’avaient contraint à repartir. Au Canada, j’avais travaillé dans des entreprises de montage et d’installation pour l’agroalimentaire et l’agro-industrie. On m’avait fait cadeau de matériels pour démarrer dans mon pays. L’office des migrations internationales m’avait donné des ordinateurs. Au terme de ses études, un étudiant camerounais pouvait revenir au pays avec tout son matériel, sans payer la douane. Je suis arrivé. Mais le ministre des Finances, Justin Ndioro, m’avait reçu et m’avait dit que je ne bénéficierais pas de l’exemption douanière.

Le ministre de l’époque m’avait expliqué qu’il avait aussi étudié en Europe et n’était pas rentré avec tant de matériels. Il m’avait déclaré que les Bamilékés sont suffisamment riches et m’avait demandé d’aller dédouaner moi-même ma marchandise. J’y ai passé neuf mois. Les matériels ont été vendus aux enchères. Je n’avais pas d’autre choix que de repartir en Europe.
 
Vous maudissez l’Occident, alors que vous êtes installé en Suisse comme enseignant. Pourquoi ?

J’enseigne en Occident. Je dis, par exemple, que la démocratie n’existe pas. Je dis à mes étudiants qu’il leur revient d’inventer leur modèle de gouvernance. Chaque peuple, là où il se trouve, développe un comportement. Le modèle occidental est loin d’être le meilleur. A la fin du Moyen Age, les Européens ont beaucoup emprunté à la Chine. Les Chinois ont imposé aujourd’hui un rythme que les Occidentaux n’arrivent pas à suivre.
 
Prédisez-vous la déchéance de l’Occident et de la civilisation judéo-chrétienne ?
Oui, la fin de l’Occident est inéluctable. Ceux qui prennent le relais, c’est la Chine, le Brésil, l’Inde et les autres puissances émergentes. L’Occident a désormais une puissance entre guillemets, dès lors qu’il évolue dans du sable mouvant. L’Europe est myope dans sa politique avec l’Afrique. Si les Européens avaient mis un tout petit peu d’intelligence dans leur politique africaine, les Chinois n’auraient pas pris place sur le continent. Les Chinois ont trouvé un désert. Les Européens auraient dû utiliser l’Afrique pour se solidifier. Mais en pensant qu’il fallait fragiliser l’Afrique, ils se sont indirectement fragilisés. Ils auraient dû avoir l’Afrique comme leur base arrière au moment où la Chine arrivait.

Au port de Douala par exemple, il y a des ballots de coton du Tchad destinés à l’exportation en France, où il en sera fait du fil et des vêtements. Même que les agriculteurs de coton américains sont financés pour mettre à mal les producteurs africains. Les Chinois sont arrivés et transforment le coton sur place, au Lesotho. L’Europe ne peut suivre la concurrence, car le coût est très élevé pour la main d’œuvre et le transport de son fil. Pareil pour les peaux d’animaux. Les chaussures en cuir sont fabriquées en Occident et vendues à 100.000 F.Cfa en Afrique, dans des boutiques aux noms ésotériques du genre Mireille ou Charlotte. Or, les Chinois ont fait du Nigeria la capitale africaine du cuir. Les Occidentaux se sont tellement embourbés dans le mensonge qu’ils sont venus dire au Cameroun qu’il faut tenir un arbre pendant 300 ans, alors que des gens meurent de faim et de paludisme. Mais la Chine plante chaque année deux milliards d’arbres et nous enseigne une fois de plus que cet espace est source d’argent.
 
Les pays occidentaux demeurent pourtant en Afrique pour les matières premières...
C’est tard pour les matières premières. Les Occidentaux ont perdu du temps en Côte d’Ivoire et à vouloir voler le pétrole libyen. Ils n’ont pas vu se constituer le G2 entre la Chine et la Russie, à travers un accord le 16 juin 2011. Pour tous les sujets de politique internationale, ces deux pays seront d’accord. Ils ont résolu un vieux contentieux sur 7.000 km de frontière commune. La Chine devient le premier client de la Russie, qui peut tranquillement faire chanter l’Occident avec son gaz sur tous les sujets de politique internationale. Si le robinet du gaz est fermé en novembre, des gens vont mourir de froid en Europe.

La Russie a aussi passé un accord avec l’Algérie, qui fait que 70% du gaz européen viennent de ces deux pays. La géopolitique a donc complètement changé. Troisièmement, la Chine possède 95% d’un ensemble de 17 minéraux avec lesquels sont fabriqués les satellites, les fusées, bref la technologie de pointe. La Chine a décidé de réduire de 15% l’exploitation de cette matière première. C’est-à-dire que d’ici 15 ans, il n’y aura plus d’industrie de pointe en Occident. Le Pentagone a réagi car les Etats-Unis seront obligés d’acheter les missiles à la Chine qui va contrôler l’armement mondial des prochains 30 ans. Je me demande où étaient les stratèges occidentaux qui viennent souvent conseiller les chefs d’Etat africains.
 
Toujours est-il que les Occidentaux sont en Libye, en Irak ou dans le golfe de Guinée, pour contrôler le pétrole entre d’autres richesses...

Le pétrole ne sauvera pas les Etats-Unis, qui traînent une dette de 3.000 milliards de dollars. Pourtant, on dit dans toutes les conférences en Occident que les Africains sont pauvres. Je prends un Camerounais qui vit à Bomono dans une baraque et va à pied. La maison lui appartient, avec, en plus, un terrain de 200 m² comme espace vital. Un Français de Paris vit dans 16 m², n’a plus d’espace vital et se trouve dans la situation d’un poulet en cage. Le parisien est surendetté et cumule près de 30.000 euros de dette pour sa maison, sa voiture, etc. Il n’a rien qui lui appartient.

Le taux de suicide est élevé à Paris, or, il n’y en a presque pas à Bomono. Les Occidentaux doivent comprendre qu’ils ont eu l’Afrique pendant 500 ans. Ils ont pillé à leur guise. Cela ne les a pas aidés. La Chine ne va pas accepter de financer les Occidentaux pour se faire combatte en Afrique. Depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo, la Chine exige des Etats-Unis 9,2 milliards de dollars par mois de remboursement de sa dette. Les Américains traînent une dette de 1.400 milliards de dollars vis-à-vis de la Chine. Les Occidentaux sont du coup fragilisés en Afrique.
 
Quel est donc l’enjeu des guerres en Libye et en Côte d’Ivoire ?
L’empire romain a mis plus de 100 ans pour finir. Quand on arrive à la fin de l’empire, le puissant cherche toujours à s’accrocher, croyant qu’il a toujours la puissance pour dicter. Les Occidentaux sont allés faire la guerre en Libye parce qu’ils sont toujours convaincus de leur puissance. Ils croyaient en finir avec les Libyens en trois jours. Les rebelles sont en réalité des Occidentaux qui combattent à Tripoli. En combattant, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas aussi puissants.

Pour parler de l’enjeu des actions de guerre sur le sol africain, c’est de la navigation à vue. Il y a, en Europe, 27 pays qui sont tous gouvernés par l’extrême droite. Sarkozy est venu au pouvoir en vantant le fait qu’il était contre les Africains dont il a prévu le nettoyage au karcher. Et les Français l’ont voté pour ça. Le fait qu’ils n’ont plus de solution les  conduit à trouver l’ennemi dans l’immigré. On se dit pauvres parce qu’il y a des immigrés. On va fermer les ambassades et supprimer les visas. Mais, c’est du théâtre, car les Africains n’ont pas vocation à aller en Europe. 75% de la migration en Afrique se fait à l’intérieur du continent.
 
Que ce soit les Occidentaux ou la Chine, n’est-ce pas la même politique de puissance et d’exploitation de l’Afrique ?

Les Chinois consultent et suivent les conseils des Africains comme moi. Je défie toute personne de me montrer, dans la cellule africaine de l’Elysée, un seul Africain. Les Européens sont convaincus qu’ils savent tout sur les Africains. Dans le discours officiel chinois, il y a des mots que nous avons enlevés, comme pauvreté ou donation, parce que ce sont des mots utilisés par les Occidentaux pour nous infantiliser. Contrairement au discours occidental, les Chinois travaillent à éviter la corruption en Afrique. Ils font le troc.

C’est-à-dire des routes contre des mines. Il n’y a pas d’argent qui circule. Mon institut existe depuis 12 ans et travaille à convaincre les Chinois d’investir en Afrique, tout comme les Occidentaux les courtisent. Sauf que dans ma lettre à Barack Obama, je lui dis attention, les Chinois ont placé 94 milliards de dollars en Afrique et vous ont donné 1.400 milliards. Vous dites que les Chinois nous colonisent, mais vous ne dites rien de ce que les Chinois font chez vous. La Chine est le seul pays dans le monde qui a la caisse. Vingt régions françaises ont des bureaux de liaison avec la Chine, pour expliquer ce que ce pays peut venir faire dans ces régions. Nous expliquons aux Chinois que nous avons, de notre côté, la jeunesse africaine prête à consommer, un avantage que les Occidentaux n’ont pas. Nous disons aux Chinois, si vous mettez 100 dollars en Afrique, vous en gagnerez 1.000 ; or, vous perdrez cet argent s’il est placé en Europe. Dès lors que notre lobbying aboutit, on nous dit que les Chinois nous colonisent. C’est faux.

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