Transport. Transport : Vers une hausse des prix du carburant

François Bambou | La Nouvelle Expression Mardi le 13 Septembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
La subvention des prix du carburant coute de plus en plus cher à l’Etat, et le Fonds monétaire international propose que le Cameroun revienne au système d’indexation des prix intérieurs des produits pétroliers aux cours mondiaux.

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Le lendemain de la présidentielle pourrait être difficile pour les opérateurs du secteur des transports, avec une hausse possible des prix du carburant. Car depuis les émeutes de 2008 qui avaient amené le chef de l’Etat à décréter le gel des prix des produits pétroliers à la pompe, les cours mondiaux du pétrole se sont envolés, alourdissant le montant de la compensation que le gouvernement doit verser à la Sonara au titre du manque à gagner. Une situation qui a le don d’irriter les responsables du Fonds monétaire international (Fmi) qui estiment que les près de 240 milliards à verser cette année à la Sonara pour subventionner le carburant ne sont pas utiles à la population, et affectent gravement le budget.

Pour le Fmi donc, il est question purement et simplement de lever le gel des prix et d’indexer les prix des produits pétroliers aux fluctuations des cours mondiaux.Dans le schéma actuel, la situation ne profite ni à la Sonara, ni au gouvernement. Car autant la Sonara peut être sujette à des tensions de trésorerie du fait des retards accusés par l’Etat dans le versement de la subvention, autant cette trésorerie tendue pénalise l’Etat, qui se trouve incapable d’obtenir le paiement des taxes dues par la Sonara. Fin 2010 par exemple, alors que l’Etat cumulait 136 milliards de Fcfa de sommes dues à la Sonara (soit déjà 1,2% du PIB), celle-ci accumulait à son tour des arriérés d’impôts estimés à 45 milliards de Fcfa à la même période.

Bien que le Cameroun soit producteur de pétrole, la problématique de l’alimentation, du marché national en produits raffinés est assez complexe. Car le Cameroun exporte l’essentiel de sa production de pétrole brut, et importe des variétés plus adaptées aux installations de raffinage de la Sonara. Les équipements de la Société nationale de raffinage sont de type dit hydroskeaming (à distillation atmosphérique) et traitent essentiellement du pétrole riche en produits léger, qui ne produisent pas beaucoup de résidus. Or dans le même temps, le pétrole camerounais est réputé lourd, et pauvre en produits légers (pétrole lampant, carburant, etc). La Sonara se trouve ainsi obligée d’importer du pétrole brut de type léger, principalement à partir du Nigéria ou de la Guinée Equatoriale.

Ce qui lui permet de débiter environ 1,8 millions de tonnes de produits pétroliers raffinés (chiffres de 2009) dont 63% sont écoulés sur le marché intérieur et le reste dans les autres pays de la Cemac. Encore que, même pour la maigre partie du pétrole que la Sonara acquiert auprès de la Snh, le prix d’achat est le prix en vigueur sur les marchés mondiaux, et les prix sortie usine sont donc toujours élevés.

Obsolescence de l’outil de production

Étant entendu que ce sont les produits raffinés sortis de l’usine Sonara qui alimentent ensuite les véhicules, les ménages et les industries camerounaises. Il est peu probable que cette situation change prochainement, au regard des tendances de la production nationale quantitative ou qualitative. Selon le gouvernement, le vieillissement des champs et le renchérissement des coûts affectent la production de pétrole brut qui a été de 26,7 millions de barils en 2009, en baisse de 13% par rapport à 2008. Cette baisse résulte des effets conjugués de la déplétion naturelle des champs, de l’obsolescence de l’outil de production, du report de plusieurs projets de développement et de la baisse des investissements dans l’amont pétrolier en raison de la crise financière internationale.

En 2010, la production se situerait à 23,2 millions de barils. Quant aux réserves, elles passent de 200,4 millions de barils en 2008 à 212,8 en 2009 du fait de l’intensification des programmes d’exploration. Autant dire que pour l’heure, il est inconsidéré de supposer que la production intérieure pourrait permettre de couvrir de quelque manière que ce soit la demande nationale.

Un seul choix, dès lors selon le Fmi : l’arrimage des prix de vente à la pompe aux fluctuation des cours mondiaux, question de soulager la trésorerie de l’Etat pour lui permettre d’affecter à d’autres urgences sociales les centaines de milliards consacrés aux subventions de carburant. Cette année par exemple, alors que le gouvernement avait budgétisé 132 milliards pour les subventions du carburant, les hausses des cours du pétrole pourraient faire monter ces subventions, rien que pour l’année 2011, à 240 milliards… Un comble lorsqu’on sait que finalement, cette mesure ne profite pas véritablement aux couches défavorisées, selon les estimations effectuées par les experts. Le gap à combler dans la subvention représente un tiers des dépenses salariales annuelles de l’Etat et la moitié des dépenses d’investissements public réalisées sur fonds propres de l’Etat.

Approche provisoire

D’un autre coté le gouvernement est bien embarrassé. Car la Sonara, entreprise publique, étant le principal fournisseur du marché local en produits raffinés, il est difficile de faire jouer la concurrence sur les prix à la pompe, comme on le voit dans la plupart des pays pratiquant l’économie libérale. De fait contenir les prix à la pompe par des décisions politiques a un coût qui commence à être très élevé. Au niveau du gouvernement, l’approche provisoire consiste, non pas à supprimer la subvention comme le demande le Fmi, mais à procéder à une relecture da la structure des prix pratiqués par la Sonara. Il s’agit in fine de revoir le mode de calcul de la subvention, pour la réduire sensiblement. Le système de calcul actuel remonterait à 2007. D’une manière globale, ces experts estiment que les produits pétroliers restent également chers parce que la Sonara est peu compétitive par rapport aux autres raffineries des pays, du fait de la modicité des installations

Une évaluation menée depuis 2007 par les services du Fmi a démontré que plus de 70% des subventions des produits pétroliers bénéficient à à peine 40% des ménages les plus nantis. Cette même étude du Fonds a également prouvé que les 20% des ménages les plus pauvres bénéficient d’à peine 1% des effets de la baisse du prix du carburant. Et même dans le cas des subventions de kérosène (pétrole lampant), qui sont typiquement supposés être pro-pauvres, ces 20% de ménages les plus pauvres ne profitent que de 13% de la subvention, sachant par ailleurs que la consommation du kérosène est de loin insignifiante, comparée à la consommation d'essence et de diesel. Ainsi, suppose le fonds monétaire, la suppression ces subventions au produits pétrolier libérerait une marge de manœuvre de près de 200 milliards de Fcfa, voire plus, qui pourrait être affectés à des mesures plus concrètes de lutte contre la pauvreté, y compris à la résorption des effets d’un hausse des prix des produits pétroliers sur la vie des ménages.
 

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