Présidentielle 2011. Le matériel électoral bloqué à Yaoundé

Jacques Bessala Manga | Le Jour Vendredi le 30 Septembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’acheminement des bulletins de vote des trois régions du Septentrion attend toujours d’être acheminé par train à la gare marchandises.

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Hier soir, il était déjà 17 heures. La gare marchandises, au quartier Elig Edzoa, d’habitude si calme à cette heure avancée de la journée, connaissait encore la frénésie des grands jours. C’est que, le matériel de l’élection présidentielle du 09 octobre prochain cristallisait toutes les attentions, et retenait opportunément les vendeurs de victuailles.
Des camions pavoisés aux couleurs d’une entreprise de transport de colis donnaient des couleurs à ce parking austère que l’insalubrité a fini par dompter. Depuis 8h, les fourgons ont pris position pour débarquer leur étrange cargaison. Des bulletins de vote, des enveloppes et autres documents imprimés attendaient d’être embarqués à bord du fourgon ferroviaire affrété pour la cause.

Mystérieux automobilistes
Les dockers, visiblement fatigués par plusieurs jours d’efforts, souquaient ferme pour décharger le premier camion d’une capacité de 70 tonnes. Formant une chaîne humaine entre le premier des cinq camions et le fourgon ferroviaire, les cartons passaient d’une main à l’autre, avant d’être rangés à l’intérieur de la voiture de Camrail. Sous surveillance accrue des forces de l’ordre en civil, pour des raisons de sécurité, apprendra-t-on, la précieuse cargaison est patiemment déchargée. Un docker commis à la tâche avouait, dans un moment de répit, que le tiers seulement de sa capacité avait déjà été transbordé dans le fourgon. Il en restait encore une bonne quantité. Plusieurs autres camions n’étaient pas encore débarrassés des scellés posés au lieu d’embarquement. De temps à autre, un véhicule flanqué d’un laissez-passer estampillé Elecam arrive. De mystérieux automobilistes, prennent des nouvelles, passent quelques coups de fil, visiblement embarrassés, puis repartent aussi fébrilement qu’ils sont arrivés. Un d’eux arrive à bord d’un pick-up de marque Mitsubishi immatriculé CE 068 DK, se risque à l’intérieur du fourgon ferroviaire, donne des indications et repart, comme ses prédécesseurs.

Sous des parasols, assis sur des banquettes de « call-box », les chauffeurs de camions, des dockers et des curieux se risquent à des commentaires osés. « C’est incroyable ! Comment on peut faire les choses comme ça ? L’unique fourgon-ci ne peut pas transporter tout ce matériel. Il faut d’autres voitures », s’indigne un docker, très imprégné des réalités de la gare marchandise. « Le fourgon ne peut contenir que 97 mètres cubes, soit 50 tonnes. Or, les cinq camions qui sont garés font au total 150 tonnes, ce qui veut dire qu’il faut trois fourgons pour transporter la totalité de la cargaison » précise un employé de Camrail rencontré sur place. « Depuis dimanche, les gens d’Elecam nous ont mobilisés à la base aérienne de Yaoundé. Mais ce n’est que ce matin qu’ils nous ont libérés pour la gare routière », raconte un chauffeur de la société de transport de colis.

Risque de report
Selon des indiscrétions, le matériel bloqué à la gare ferroviaire de Yaoundé doit être utilisé dans les trois régions septentrionales du Cameroun. Alors que tout le monde s’attendait qu’il soit acheminé par avion, les difficultés financières ont poussé Elecam à opter pour la solution du chemin de fer, qui s’avérait financièrement avantageuse. Tout ce matériel doit être débarqué à Ngaoundéré, avant d’être dispatché dans les autres régions. Face à cette situation inattendue, des menaces graves pèsent désormais sur la tenue même du scrutin du 09 décembre. Selon un analyste, il faut au minimum quatre jours pour que l’ensemble du matériel soit disponible à Ngaoundéré. Au cas où il n’y a pas de perturbation de trafic sur la voie ferrée. Par la suite, il faudra que ledit matériel soit distribué dans les différents bureaux de vote dans une partie du Cameroun où les distances ne sont pas le meilleur des atouts. Si en plus, des événements impromptus que la météo peut représenter surviennent, c’est toute l’élection du 9 octobre prochain qui est gravement sujette à caution. Le spectre du report plane sur la tenue du scrutin dans le grand Nord. En 2002, le report des élections municipale et législative couplées avait été provoqué par l’indisponibilité dans les délais du matériel électoral. Le directeur général de la Sopecam, Jérôme Mvondo et le ministre de l’Administration territoriale, Ferdinand Koungou Edima avaient été limogés.

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