Cameroun - Agriculture. Coopération Chine-Afrique: un centre pilote agricole bientôt fonctionnel au Cameroun (REPORTAGE)

Xinhua Mercredi le 05 Octobre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
YAOUNDE -- A Nanga-Eboko, chef-lieu du département de la Haute-Sanaga (à environ 170 km au nord-est de la capital du Cameroun), sur une vaste plantation qui longe le fleuve Sanaga, une série de nouveaux bâtiments retient l'attention.

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Démarré au mois de juillet 2009, le Centre pilote d'application des technologies agricoles, un don du gouvernement chinois au peuple camerounais, est prêt pour la réception par les autorités camerounaises.

"Le centre en est à la dernière finalisation, il ne reste qu'à équiper les différentes salles. Une réception est prévue après la présidentielle [le scrutin du 9 octobre, NDLR]", a déclaré à Xinhua Mme Angélia Ketchajuene, une actrice clef des projets de coopération agricole avec la Chine au ministère camerounais de l'Agriculture et du Développement rural.

"Les gens disent que les Chinois sont ici pour labourer leurs champs. Quand le centre pilote sera mis en service, ils vont comprendre l'attention que la Chine accorde au développement de l'agriculture au Cameroun. C'est un centre pour l'expérimentation et la sélection des variétés de cultures, de formation des techniciens et de vulgarisation des technologies agricoles. Nous ferons tout pour qu'il devienne un centre de référence pour la coopération africaine", explique-t-elle.

Sur les 100 hectares de terrain, aménagés en 42 grandes parcelles de champs cultivables, avec 5 kilomètres de pistes de circulation et d'alimentation en électricité, trois châteaux d'eau et 12 km de canaux qui permettront de pomper et distribuer l'eau de la Sanaga, on pourra accueillir les cours pratiques sur la culture des variétés de riz irrigué (donc cultivable en toute saison), de riz pluvial et d'autres produits agricoles, assure Wang Jianjun, directeur de la société Sino-Cam IKO, chargée de l'exploitation du centre pilote.

Pour M. Wang, ce centre, fruit de la coopération sino-camerounaise, sera une plateforme parfaite qui permettra à ses collègues de mettre leur expertise au service du peuple camerounais désireux d'exploiter le potentiel agricole du pays.

"Le centre est chargé d'initier les Camerounais à l'agriculture moderne, avec un véritable transfert de technologies", dit-il. Et d'ajouter : "L'agriculture au Cameroun doit passer à la mécanisation, on ne peut plus continuer de nos jours à cultiver avec la houe et la pioche".

Pays à vocation agricole, le Cameroun vit une situation paradoxale où, sur ses 19,4 millions d'habitants, 5 millions sont menacés de famine, selon le représentant du Fonds des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Ousmane Guimdo.

Actuellement, la majorité des paysans camerounais cultivent du manioc, du maïs, de l'arachide, du macabo, etc., à la force de leurs bras. Avec des méthodes essentiellement archaïques, on scrute le ciel pour implorer les pluies qui arroseront les petites plantations que l'on a pu créer au milieu d'une forêt. Les tracteurs et autres machines agricoles sont une curiosité. La récolte réussit à peine à subvenir aux besoins de la famille.

Faute de production industrielle locale, "le marché camerounais est inondé par des importations massives de céréales. Entre 2004 et 2009, les importations de maïs sont passées de 2 000 tonnes à 23 000 tonnes. Pour le riz, le Cameroun en a importé, en 2009, 480 000 tonnes, contre 330 000 tonnes en 2004. Chaque année, 200 milliards [de francs CFA, environ 400 millions de dollars US] sont dépensés pour l'importation des céréales (riz, maïs, blé, mil, etc.)", explique Emmanuel Mbarga, chef de la cellule de coopération internationale au ministère du Commerce.

Une fois opérationnel, le centre pourra accueillir des apprenants des technologies modernes agricoles. "Au moins 300, avec les frais d'études déjà prévus dans le budget du fonctionnement du centre", précise M. Wang.

Depuis son installation en 2006 dans ce pays d'Afrique centrale, Sino-Cam IKO a expérimenté plus de 140 variétés de riz hybrides et 4 variétés de riz locales dans la plantation de Nanga-Eboko, ou "ferme chinoise" comme l'appellent les habitants. Quatorze variétés ont produit en moyenne plus de 9 t/ha, le meilleur rendement ayant atteint 10,5 t/ha. Des variétés adaptées présentent un rendement supérieur de 50 à 80% par rapport aux variétés locales.

Quant au maïs, 26 variétés hybrides de Chine et 10 variétés locales ont été testées, les variétés adaptées étant 30 à 50% plus performantes que les autres. Pour le manioc, 6 variétés de Chine et 2 locales sont en expérimentation.

En janvier 2008, les gouvernements chinois et camerounais ont signé un protocole d'accord sur la construction d'un Centre pilote dédié aux techniques agricoles au Cameroun. La "ferme chinoise" à Nanga-Eboko a été choisie comme site et Sino-Cam IKO désignée pour la gestion pendant les 10 premières années de l'exploitation avant la livraison complète du centre aux autorités camerounaises.

Ces trois dernières années, tout en organisant l'exécution des travaux de construction du centre et d'aménagement de l'aire, l'entreprise chinoise s'est consacrée à l'expérimentation des variétés et l'aménagement des champs. La plupart des produits ont servi aux expérimentations et à la consommation des techniciens et ouvriers, dont le nombre atteint une centaine en période d'intense activité.

L'excédent de riz produit est vendu sur le marché local, de 150 à 350 francs CFA le kilo. "C'est beaucoup moins cher que les riz importés, surtout quand vous prenez en compte la différence de qualité. Notre but est d'aider les gens à se nourrir et couvrir les coûts de production", explique M. Wang.

Sino-Cam IKO bénéficiera du soutien du gouvernement chinois pendant les trois premières années de sa gestion du Centre Pilote. Pour les 7 ans suivants, avant la livraison complète aux autorités camerounaises, l'entreprise chinoise devra la faire fonctionner avec ses propres moyens.

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