Retournement. Des jeunes du département ont produit des messages exigeant la libération d’ Urbain Olanguena Awono.

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Sur le chemin d’une autre réélection à la tête  du Cameroun, Paul Biya ne fera pas l’escale de Monatélé. Ce qui n’est pas tout à fait banal. Le chef-lieu du département de la Lékié a en effet accueilli Paul Biya pour le lancement de la campagne électorale en vue de la présidentielle de 1992.
Pour la première fois, Paul Biya faisait face à la concurrence. «La Lekié considère que c’est grâce à elle que Paul Biya a pu conserver son pouvoir», indique un fils du département.
 
Pour l’élection présidentielle de 2004, d’ailleurs, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) est revenu à Monatélé. «C’est pour moi un immense plaisir de me retrouver parmi vous, vaillantes populations de la Lékié.  Il est bon de se sentir entouré de fidèles amis dont le loyalisme ne s’est jamais démenti et dont l’attachement aux institutions de la République est resté inébranlable. Il est bon d’avoir en face de soi des gens courageux, entreprenants dont le travail acharné contribue pour une bonne part au développement de notre pays. (…) C’est pourquoi, je vous le dis, je me sens bien à Monatélé», déclarait-il le 5 octobre 2004.
 
Monatélé
Pourtant, cette année,  Paul Biya n’est pas allé chez ses amis. Que s’est-il passé entre-temps ? La cérémonie de lancement de la campagne du Rdpc à Monatélé, le 29 septembre dernier, a été marquée par un incident significatif : des jeunes du département de la Lekié ont exigé la libération d’Urbain Olanguena Awono, un ancien ministre de la Santé publique, incarcéré depuis 2008 dans le cadre de la lutte contre la corruption. Sur des t-shirts portant l’emblème du Rdpc, ils avaient gravé au dos un message qui disait : «La jeunesse camerounaise dit non à l’injustice, libérez Urbain Olanguena Awono, détenu depuis 2008».

La découverte de ce message a suscité la panique dans l’assistance. Le président de la sous-section Ojrdpc de la Lekié a tenté de récupérer ce qu’il pouvait du stock de t-shirts distribué, en proposant 2000 Fcfa pour chaque pièce. 32 t-shirts auraient été repris aux militants, alors que l’on ne sait pas combien ont été distribués. L’on ne sait pas non plus très bien d’où sont venus ces t-shirts. Ce qui est clair, c’est que l’interpellation d’Urbain Olanguena a douché l’enthousiasme de certains militants du Rdpc dans la Lekié. On rappelle ainsi le fait que Jean Bernard Ndongo Essomba, député du département, a été boudé à Sa’a où il voulait tenir un meeting quelque temps après l’interpellation d’Urbain Olanguena Awono.  «Toute la Lekié est à prendre», affirme un observateur.
 
A Obala, la campagne électorale n’est pas spécialement visible. L’incident de Monatélé est parvenu aux oreilles des habitants de cette place importante de la Lékié. «Il y avait des messages, mais ils étaient portés par une poignée de personnes seulement», affirme Hubert Ndjodo, le promoteur de la radio Odzila. Quelques affiches du candidat Paul Biya sont visibles au marché d’Obala. Bernard Muna de l’Afp a fait également coller des affiches dans la ville, mais le seul leader de l’opposition qui y a tenu meeting c’est Olivier Bilé de l’Ufp. Pourtant, le Rdpc est plus que jamais vigilant : «Leur déploiement est vraiment sérieux. Ils font comme s’il y avait un adversaire en face», constate Hubert Ndjodo. Et si cet adversaire c’était Urbain Olanguena, ou plutôt  son ombre ?
 
Division
«Son interpellation a divisé la classe politique dans la Lekié. On n’avait jamais eu quelqu’un d’aussi rassembleur dans la Lekié», avoue une source. On apprend en effet que c’est grâce au dynamisme et à la présence répétée sur le terrain de l’ex-ministre de la Santé qui a permis, par exemple, à Jean Bernard Ndongo Essomba de retrouver grâce auprès de ses électeurs de l’arrondissement de Sa’a. Ce dernier avait perdu jusqu’à son fauteuil de député. Et maintenant, alors que l’on est en pleine période électorale, même au sein du Rdpc dans la Lekié, on ne regarde pas toujours dans la même direction.
 
De source bien informée, l’honorable Ndongo Essomba en voudrait à trois autres députés d’avoir fait des dons (tenues et autres matériels scolaires) aux chefs traditionnels et aux élèves de l’arrondissement de Saa sans son aval. On peut donc légitimement se demander si les dissensions internes au sein du Rdpc dans la Lekié n’ont pas encourager le candidat du parti à revenir chez son «ami fidèle».

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