Présidentielle 2011. PRESIDENTIELLE AU CAMEROUN: gloire au président bien-aimé !

Mahorou KANAZOE | Le Pays Lundi le 10 Octobre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le Cameroun est l’un des derniers pays en Afrique où les résultats d’une présidentielle sont connus d’avance. Celle d’hier dimanche n’a pas dérogé à la règle. Déjà, le déroulement de la campagne avait donné un avant-goût de ce que serait ce scrutin : une vaste tragi-comédie avec de piètres acteurs, les candidats, et des spectateurs blasés, les électeurs.

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La pièce électorale qui s’est donc jouée au Cameroun est de mauvais goût. Alors qu’une élection a pour objectif de vivifier la démocratie, au Cameroun de Biya, elle sert plutôt à légitimer un pouvoir à vie. Avec la machine à gagner mise en place par son parti, le RDPC, la réélection de Paul Biya s’annonce donc comme une simple formalité. A qui la faute si après 29 ans d’un règne sans partage, ce septuagénaire se croit toujours être à la hauteur des défis qui se posent au Cameroun et arrive à passer aussi allègrement par le filtre des élections ? Sans doute d’abord, le peuple camerounais lui-même doit-il faire sa propre introspection. Comment un peuple aussi riche de sa diversité et de son intelligence peut-il subir pendant trois décennies le joug d’un seul homme ? La répression a sans doute dissuadé bon nombre de combattants de la démocratie, mais il n’y a pas de doute que l’ankylose générale qui s’est emparée de la population y est pour quelque chose. Mais il y a aussi l’indigence de l’offre politique.

On présente aux Camerounais, sur un plateau, deux maux : un dictateur qui laisse le minimum de liberté aux citoyens et une opposition peu crédible. La parenthèse de l’opposant John Fru n’DI fait déjà partie de l’histoire. Mis sous l’éteignoir, écrasé par la machine du pouvoir, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Dans ce jeu où il faut choisir entre la peste et le choléra, bien des Camerounais, qui savent qu’avec le président en exercice, au moins le Cameroun ne disparaîtra pas du jour au lendemain, préfèreront lui apporter leur suffrage. C’est un vote par défaut. Y a-t-il électeur plus malheureux que celui dont le bulletin de vote ne sert quasiment à rien ? Bref, chaque peuple mérite le dirigeant qu’il a. Les Camerounais, à la faveur du printemps arabe, auraient pu utiliser cette élection comme un tremplin vers un renouveau démocratique. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci.

Les démocrates le voudraient d’ailleurs qu’ils n’y pourraient rien, tant le processus électoral a été taillé sur mesure et les dispositions prises pour qu’aucune mauvaise surprise ne puisse survenir. Certes, on ne peut pas faire partir d’un coup de gomme un dictateur de la trempe de Biya, qui a inculqué dans la conscience collective de bon nombre de Camerounais, son caractère irremplaçable. Son parti a étendu ses tentacules dans tous les pores de la société camerounaise et le multipartisme tant chanté n’est que de façade.

Le Cameroun, en la matière, semble être resté figé dans l’époque des pères de la nation et des partis uniques. Mais Biya, qui sera sans doute réélu pour un nouveau bail, doit savoir enfin entendre les aspirations de son peuple qui, comme tous les autres, veut vivre dans la démocratie et la prospérité. Sinon, le printemps camerounais, qui viendra tôt ou tard, ne s’exprimera pas par les urnes, mais malheureusement par la rue.

 

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