Opération épervier. Cameroun: Les ex-ministres détenus haussent le ton

Claude Tadjon | Le Jour Jeudi le 27 Octobre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Opération épervier. Après plus de trois ans d’incarcération, Atangana Mebara, Olanguena Awono et Abah Abah ne cachent plus leur ras-le-bol.* Jean Marie Atangana Mebara, Urbain Olanguena Awono, Polycarpe Abah Abah, ces trois anciens ministres, prisonniers de l’Opération épervier, tous interpellés en 2008 et dont les procès ont déjà démarré devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi sortent, enfin, du mutisme dans lequel ils ont choisi de se murer dès leur interpellation.

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Gagnés par l’impatience et le ras-le-bol, assommés par la dure réalité des interminables procédures, ils montrent désormais un besoin de se faire entendre, de dire leur part de vérité… de communiquer. Profitant de la tribune offerte par le prétoire, lorsqu’ils ne se répandent pas dans les colonnes des journaux, ils donnent de la voix, crient leur innocence, dénoncent des complots, désignent les commanditaires, prennent les Camerounais et la communauté internationale à témoin. Après plus de trois ans de détention à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, les anciens ministres craquent-ils ?
 
Mardi dernier, devant la Cour d’appel du Centre statuant sur la demande de nullité des poursuites formulée par ses conseils, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances Polycarpe Abah Abah, cité par nos confrères de Mutations, a bravé les rappels à l’ordre du président de la Cour lui demandant de se contenter des faits ayant motivé la demande de nullité des poursuites. Polycarpe Abah Abah a tenu à dire son désarroi : « Des mensonges ont été dits à propos des milliards que j’aurais planqués à l’étranger. Qu’on me sorte des comptes bancaires qui attestent de l’existence de ces milliards. Tout cela n’est que mensonge et je suis sûr que leurs auteurs sont à l’écoute. » Retenant bien l’attention des juges, il a ajouté : « Je suis en prison depuis près de quatre ans sur la base de la calomnie, des mensonges et de la diffamation. J’ai assez souffert ! N’ai-je pas rendu des services à mon pays ? Je vous demande de me faire justice et vous laisse face à votre conscience».
 
« Habillage judiciaire »

Les juges face à leur conscience ! Jean-Marie Atangana Mebara, ex-secrétaire général de la présidence de la République, a adressé le même message au tribunal le 19 septembre dernier. De nouvelles accusations lui avaient été notifiées. Après avoir exprimé sa lassitude face à un procès « en accordéon », il a mis les juges face à leurs responsabilités : « Je laisse chacun de vous face à sa conscience et je prie Dieu de vous venir en aide ». Il n’a cependant pas manqué d’exprimer aux juges son dépit : « Je n'ai plus aucun goût à participer à ce jeu répétitif d'humiliations et de destruction, ponctué de plusieurs disjonctions et jonctions. »
 
Urbain Olanguena, l’ex-ministre de la Santé publique, a choisi la voie plus directe des colonnes des journaux pour dire son ras-le-bol. Dans une tribune signée le 12 juillet dernier et publiée dans Le Messager, il ne cache pas son appréhension face à certaines dérives de la Justice : « Aux ordres et sous pression, la justice se transforme alors en un instrument de répression politique. Il est ainsi apparu au Cameroun une nouvelle classe de prisonniers politiques avec un habillage judiciaire », constate-t-il. Et de se permettre cette boutade : « Dans l’affaire dite « Etat du Cameroun contre Olanguena Awono Urbain et Autres », les milliards prétendument détournés, (15) quinze milliards environ, fondent comme un morceau de sucre dans l’eau », raille M. Olanguena. La cour d’appel vient de le décharger de deux infractions. La date de sa prochaine comparution n’est pas connue. Polycarpe Abah Abah comparaît devant la cour d’appel du Centre le 8 novembre prochain. Quant à Jean-Marie Atangana Mebara, son audience devant le Tgi du Mfoundi reprend vendredi 4 novembre.

 

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