Cavaye Yéguié Djibril a obtenu au prix fort l’absence des députés du Sdf de l’hémicycle.

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Le nouveau septennat de Paul Biya a commencé officiellement hier au terme de la cérémonie de prestation de serment du président proclamé élu le 21 octobre dernier. La cérémonie d’hier a été boycottée par les 14 députés du Social democratic Front (Sdf), les 4 de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), Jean-Jacques Ekindi, l’unique député du Mouvement progressiste (Mp) et par Paul Ayah Abine, ancien député Rdpc, candidat à la dernière élection présidentielle.

Cette démarche, ainsi que le souligne aussi bien Joseph Mbah Ndam, le président du Groupe parlementaire Sdf que Mongwat Ahidjo, le secrétaire à la communication de l’Udc, visait à «rejeter le résultat de l’élection présidentielle du 9 octobre dernier, qui a été marquée par des fraudes et irrégularités multiples».

Mais, investigation faite, l’acte de boycott d’hier a été le moindre mal pour le pouvoir, l’opposition ayant déjà à diverses occasions significatives, opté pour la politique de la chaise vide. De source proche du président de l’Assemblée nationale, pendant quasiment toute la nuit de mercredi à jeudi (jour de la prestation de serment), le président de l’Assemblée nationale (Pan), Cavaye Yéguié Djibril, a dû négocier ferme avec des députés Sdf dans ses bureaux au Quartier général; question d’amener ceux-ci à lever le mot d’ordre de boycott.

Les élus du parti de Ni John Fru Ndi auraient alors exigé (et obtenu) séance tenante de «substantiels gains et promesses d’avantages». Mais vers 5h du matin, rapportent nos sources, un rebondissement va se produire: alors que Cavaye Yéguié Djibril s’était déjà retiré, les «émissaires» du Sdf, flairant le bon coup, montent les enchères. «Ils ont dit que leur boycott va revêtir une autre forme : ils vont participer à la cérémonie d’investiture mais vont chahuter le discours de Paul Biya», indiquent nos sources.

Saisi de la situation et convaincu de la gravité d’un tel agissement et de ce qu’il peut «rogner son autorité devant le chef de l’Etat, son ami de 20 ans», Cavaye Yéguié Djibril, aurait cédé aux «nouvelles revendications» des parlementaires du principal parti de l’opposition. Nos informateurs signalent qu’il était environ 7h hier jeudi lorsque les négociations ont été bouclées. Forts de cet «accord», les députés du Sdf ont abandonné l’idée du «boycott dans l’hémicycle», qui aurait indubitablement été porteur de bien de ravages.

Joint hier après-midi au téléphone, Me Joseph Mbah Ndam n’a pas reconnu les faits relatés plus haut, même si son hésitation, bien perceptible au téléphone, semblait marquer quelque embarras : «Qui vous a dit ça? Sachez qu’on ne négocie pas le boycott. Le président de l’Assemblée nationale n’était même pas au courant de la démarche des députés du Sdf», a-t-il souligné. Un argument un peu court, puisque d’autres sources proches du gouvernement ont confirmé cette démarche du Sdf, ce qui semble d’ailleurs justifier la «Une» d’un de nos confrères hier, jeudi.

Intérêt

Cavaye Yéguié pour sa part, paraissait bien épanoui hier au cours de la cérémonie. On l’a ainsi vu esquisser quelques phrases en anglais dans son adresse de bienvenue, ce qui lui arrive bien rarement. La voix traînante et emplie de joie, le président de l’Assemblée nationale a surtout félicité le président élu et salué les Camerounais qui ont une fois encore fait preuve de maturité en se rendant aux urnes dans le calme et la paix le 9 octobre dernier. Le président de l’Auguste chambre a également assuré le chef de l’Etat du soutien du peuple qui l’a choisi à l’issue d’un scrutin démocratique, libre et transparent.

«Bien qu’ayant pris acte de la proclamation des résultats, le Sdf est d’avis que cette élection n’a pas été libre et transparente», rétorque Me Mbah Ndam. Quant à Mongwat Ahidjo, il soutient qu’au-delà du boycott, «l’Udc souhaite qu’il y ait un vrai dialogue entre les partenaires politiques et qu’on aboutisse à un système électoral crédible». La posture de Paul Biya hier au Parlement suggère en tout cas que la porte du dialogue souhaité ne restera pas fermée : «…la volonté d’établir un dialogue constructif paraît gagner du terrain. C’est bon signe et j’espère que nous pourrons ainsi trouver des espaces d’entente sur les problèmes d’intérêt national».

Paul Biya a aussi renvoyé l’ascenseur à Cavaye Yéguié, qui lui a évité une prestation de serment «désagréable» : «Loin d’être une simple «chambre d’enregistrement», elle [l’Assemblée nationale, ndlr] joue un rôle essentiel dans notre vie démocratique. Elle doit continuer dans cette voie. Je suis heureux d’avoir cette occasion d’en féliciter son Président et tous ses membres», a affirmé le chef de l’Etat.

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