Cameroun - Politique. Rhétorique : Des feuilles sans route pour Paul Biya

Léger Ntiga | Mutations Lundi le 19 Décembre 2011 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Comme le 22 décembre 2004, le chef de l’Etat a donné 45 jours aux membres du gouvernement pour présenter ledit document. Mais pour quoi faire?

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Le 22 décembre 2004, dans son adresse de circonstance à ses collaborateurs sous forme de «communication spéciale», le chef de l’Etat, Paul Biya, définissait une nouvelle boussole à l’action gouvernementale. Signe des temps, elle revêtait les oripeaux d’une terminologie alors en vigueur sur la scène internationale (dans le cadre du dialogue israélo-palestinien), où le «quartet» engageait les parties en conflit, au respect de la feuille de route (road map en anglais), par ses soins élaborée.
Paul Biya, le ton impératif, engageait les ministres à l’action. «Le gouvernement devra», avait-il, plus d’une dizaine de fois, enjoint aux ministres nouvellement nommés, de se mettre au travail. Le président de la République avait d’ailleurs dit aux ministres qu’en les recevant au Palais de l’Unité, il leur faisait prendre conscience qu’ils partagent avec lui «la haute mission de ceux qui ont la charge de conduire les destinées du Cameroun». A l’époque, il s’était taillé l’ambitieux programme qui consistait à sortir le Cameroun du sous-développement et de le faire entrer dans la modernité au cours du septennat inauguré le 03 novembre de la même année.

Il demanda en outre au gouvernement d’avoir pour document de chevet le discours présidentiel du 03 novembre 2004. A l’occasion, Paul Biya fit de la relance économique, la principale priorité. Dans ce domaine, «le gouvernement devra pratiquer une gestion rigoureuse des finances publiques en évitant à tout prix les dérapages budgétaires et en sécurisant les recettes de l’Etat», avait-il alors prescrit. Si le propos n’était pas nouveau, il eut le mérite d’introduire une clause impérative (à tout prix), mettant le ministre de l’Economie et des Finances (Minefi), Polycarpe Abah Abah, alors nouvellement nommé, devant ses responsabilités.
La directive engageait le Minefi à parvenir à «l’élaboration d’un nouveau programme conduisant au point d’achèvement de l’Initiative Ppte. Je rappelle à ce propos le prix que j’attache à l’établissement d’un véritable partenariat entre l’Etat et le secteur privé», avait rappelé Paul Biya à ses ministres à qui il donna 45 jours pour remettre des feuilles de routes au Premier ministre. Le chef de l’Etat demanda aussi au gouvernement de «fixer les étapes et les échéances de la mise en oeuvre des grandes politiques définies dans les domaines agricole, énergétique, industriel et touristique». Comme il le fit de la mise au point d’un programme de développement des infrastructures qui sera réalisé par paliers. «La quatrième priorité est la lutte contre le chômage».

Corruption
Le chef de l’Etat ne manqua pas de demander au gouvernement d’?uvrer «pour une plus large participation des citoyens aux consultations électorales en vue d’élargir la base de notre système démocratique» et s’attacher à mettre en oeuvre les lois sur la décentralisation. La lutte contre la fraude, la corruption et la restauration du sens de l’Etat constituent les dernières préoccupations du chef de l’Etat. «Pour réaliser ce programme ambitieux, je vous demande non seulement de déployer beaucoup d’efforts et de détermination, mais aussi de faire preuve d’organisation et de méthode», avait précisé le chef de l’Etat à ses ministres. La notion de feuille de route introduite dans cette communication et la perspective d’évaluation mensuelle sous forme de conseil de cabinet et semestrielle dans le cadre des conseils des ministres semblaient induire un suivi des chantiers ainsi élaborés par Paul Biya qui n’allait tenir que trois conseils des ministres (22 décembre 2004, 07 mars 2008 et 02 juillet 2009), en sept ans.

Chemin faisant, les feuilles de route rendues publiques en février 2005 n’eurent aucune perspective de prospérer.
Les émeutes de la faim ayant démontré à suffisance que les fronts économique et social, n’ont été suivis que de très peu d’action. Pas étonnant que lors de la formation du gouvernement du 30 juin 2009, Paul Biya s’interdit d’instruire des feuilles de route. Leur préférant simplement une évaluation six mois plus tard. D’évaluation, point !
Jeudi dernier, en faisant la connaissance du nouveau gouvernement, Paul Biya a donc ressuscité les fameuses feuilles de route. Pour gagner encore un peu de temps ou enfin pour passer au «temps de l’action» ?

 

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