Affaire des biens mal acquis. Biens mal acquis:France 24 se censure sur son site internet

Pierre Haski | .rue89.com Lundi le 13 Décembre 2010 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Confidentiels et indiscrets :«Biens mal acquis » : France 24 trappe une vidéo « off »La chaîne publique France 24 a retiré une vidéo potentiellement embarrassante de son site internet, à la demande d’une ambassade africaine, et sans en informer ses internautes.

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S’agissait-il d’une parodie, comme le suggère l’explication officielle donnée en interne, ou d’un cas classique de pression diplomatique sur la « voix de la France » ? Les internautes auraient mérité une explication…
Cette vidéo est liée à l’affaire dite des « biens mal acquis », c’est-à-dire l’utilisation de l’argent de la corruption par des chefs d’Etat africains pour acheter des biens immobiliers en France. L’affaire, lancée par des associations (Sherpa, Transparence international (Ti) France et le Ccfd), et que nous avons régulièrement suivie sur Rue89, est engagée dans un parcours du combattant judiciaire, dont le dernier épisode, début novembre, est le feu vert de la Cour de cassation pour le renvoi du dossier devant un juge d’instruction. Trois chefs d’Etat sont visés par cette enquête : Denis Sassou Nguesso du Congo, Ali Bongo du Gabon, et Téodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale.

 
Conversation « off » filmée

 
Le 28 novembre, les chefs d’Etat africains se retrouvent en sommet à Tripoli (Libye), et le président camerounais Paul Biya croise ses collègues du Sénégal, Abdoulaye Wade, et de Guinée équatoriale, Téodoro Obiang Nguema. Ils bavardent sous une tente tandis que les caméramen font leur travail. Seul problème, leur conversation est également enregistrée.

 
La conversation, ou du moins ce qu’on en capte, révèle l’agacement des chefs d’Etat africains contre cette procédure en France visant trois d’entre eux et potentiellement d’autres comme Paul Biya, au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle.

 
Disponible quelques jours sur le site de France 24, l’article racontant cette histoire, vidéo à l’appui, en a été retiré. Les internautes ont droit désormais à cette seule phrase d’accueil : «vous n’êtes pas autorisé à accéder à cette page».A quoi ressemblait la page avant sa dépublication sans explication ? Pas compliqué de la retrouver en deux clics. «Ils ne peuvent pas établir que j’ai une fortune».

 
Dans son article, désormais inaccessible, daté du 3 décembre, dans sa section «Les Observateurs», France 24 écrivait : «Mise en ligne le 30 novembre sur le site de la présidence camerounaise, la vidéo a fait la une de deux journaux locaux (Le Jour et Quotidien Mutations), mercredi. Selon ces quotidiens, la vidéo a été modifiée et repostée dès le 1er décembre à 11 heures du matin, une musique arabe recouvrant désormais la discussion “off” des trois présidents africains.»

 
Extrait de l’échange entre les trois présidents :

 
Wade : «J’ai vu, j’ai vu. Ta réaction était très bonne, j’ai vu.»


 
Biya : «Mais, franchement, nous avons des oppositions. Ils inventent des choses, ils traduisent les chefs d’Etats africains devant des tribunaux étrangers.»

 
Biya continue : «Ils ne peuvent pas établir que j’ai une fortune ou je ne sais pas moi. Mais, mais ce qui est assez anormal, c’est la complaisance des médias, à lancer le détournement dans l’opinion.»

 
Erreur ou censure ?
 
En interne, la direction de la chaîne internationale publique explique que le dialogue serait l’œuvre d’un Patrick Sebastien local, c’est-à-dire d’un imitateur se faisant passer pour le Président Biya. Difficilement crédible, mais pourquoi pas ? Mais en retirant un tel article sans donner la moindre explication à ses internautes, France 24 laisse le champ libre à une autre version, qui serait plutôt liée à une pression d’une ambassade africaine, celle du Gabon en l’occurrence, dont le Président, pourtant absent de la vidéo, est au cœur de l’affaire dite des «biens mal acquis». Erreur d’interprétation ou cas de censure ? Les internautes de France 24 aimeraient savoir.

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