Cameroun - Religion. Invitations/La Grande Palabre:Religions, loges et pouvoirs au Cameroun

C.P: Groupe Samory Jeudi le 19 Avril 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Invitation/Conférence-débat

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« Il n'est pas un pays au monde, pas une époque de l'histoire qui n'ait connu les sectes [et/ou les loges]. La perception du phénomène est fonction des périodes, de l'environnement économique, politique, social et culturel de chaque pays. Dans les débats publics sur les sectes [et les loges] beaucoup de choses s'entremêlent. Une inquiétude légitime face à certaines tragédies, manifestations perverses et pratiques frauduleuses  (viol des consciences, chantages, suicides collectifs, agressions sexuelles, meurtres, néocolonialisme spirituel...), une médiatisation à outrance du phénomène sectaire et des confusions autour de la notion de secte, justifient, sans doute, l'attitude de rejet dont elles sont, de nos jours, victimes. », (Germinal, n°019)

A l'occasion de la 16e édition de La Grande Palabre, le groupe Samory, éditeur de Germinal et ses partenaires (Harmattan Cameroon, La Fondation Gabriel Péri, Dynamique citoyenne, Le quotidien Le Messager, la Radio Cheikh Anta Diop), vous invitent à prendre personnellement part à la réflexion (conférence-débat) qu'ils organisent à Yaoundé, le jeudi 26 avril 2012, au Djeuga Palace hôtel à partir de 14h sur le thème:

Religions, loges et pouvoirs au Cameroun :
Le rapport des puissances politiques à la spiritualité et à la moralité

Contexte

Devenu indépendant, l’État du Cameroun systématise le principe de la laïcité dans le préambule de la Constitution du 4 mars 1960 : « Le principe de laïcité sous l'égide duquel le peuple camerounais place la République s'entend par la séparation des Églises et de l'État. Il implique que la République n'est ni religieuse, ni ecclésiastique. » Ainsi, le fait religieux est extérieur à l'État. Celui-ci adopte à l'égard des Églises et des religions une attitude d'impartialité, de neutralité.
Or, il apparaît à l'analyse que la réalité sociopolitique a profondément édulcoré le principe de la laïcité de l'État au Cameroun. Le pouvoir en place a pris conscience du rôle des religions non seulement dans la formation morale des citoyens, mais aussi dans le développement tout court. Par l'investissement qu'elles réalisent dans le pays, les religions déplacent, d'au moins une borne, la neutralité de l'État à leur égard. C'est ce qui explique la collaboration entre les deux pouvoirs : laïque et religieux. Une collaboration d'autant plus nécessaire, aux yeux du pouvoir en place, que la paix sociale en dépend dans une certaine mesure. La mitoyenneté entre eux est ainsi très fluette et fragile. Et les religions, dans leur ambition souvent inavouée, agissent en véritables forces politiques ; par conséquent, elles ne peuvent être écartées de l'entreprise de la construction de l'État. Dès lors, il n'y a plus une sphère réservée à tel ou tel pouvoir.
Le Cameroun a une superficie de 475 424 kilomètres carrés pour une population de 20,4 millions d’habitants. Les Chrétiens représentent 69 % de la population, contre 21 % pour les Musulmans et 6 % pour les Animistes. Parmi les groupes religieux constituant moins de 5 % de la population, on compte les Juifs orthodoxes, les Bahaïs et les personnes qui ne s’identifient à aucune religion. La population chrétienne se répartit entre Catholiques romains (38,4 % de la population totale), Protestants (26,3 %) et autres confessions chrétiennes (dont les Témoins de Jéhovah) (4 %).
Un autre paramètre entre en jeu : de multiples loges (ou Sectes) étendent leur influence sur la vie politique du pays, au grand dam des corps religieux classiques. Pour le sociologue Jean-Paul Willaime, auteur de la Sociologie des religions, " la Secte est un des modes possibles d'existence sociale du groupe religieux que l'on peut rencontrer dans toutes les traditions : il n'y a pas des religions qui sont des sectes et d'autres qui ne le sont pas, mais des formes sectaires observables aussi bien au sein des grandes religions qu'à l'extérieur de celles-ci ". Avec Max Weber et Ernest Troeltsh, qui définissent cette notion sans toujours tenir compte du fait qu'il n'existe pas d'Église stricto sensu dans les religions et traditions non chrétiennes,  on peut ajouter que la Secte est une association volontaire de croyants qui réunit des personnes religieusement qualifiées et qui introduit une rupture plus ou moins prononcée avec la société environnante. Elle cultive le non-conformisme, c'est-à-dire se distancie plus ou moins radicalement des normes sociétales établies et admises et rassemble des personnes engagées, sélectionnées selon des critères de conformité aux pratiques et croyances du groupe.
Généralement, ils émergent dans des sociétés en proie à une déstabilisation, mieux en totale déliquescence morale, se développent en période de crise économique et se distinguent par des appels à de vagues "nouvelles valeurs" réputant discréditées les valeurs instituées, acceptées et respectées par l'opinion et les institutions sociales (Germinal, n°019).
Le pouvoir des loges est un fait objectif de l’environnement sociopolitique camerounais et africain. Presque tous les chefs des États d’Afrique francophone dirigent ou sont membres des loges qui infiltrent les milieux politiques, économiques, culturels et militaires. On y trouve : chefs d’État, avocats, hommes d’affaires, médecins, avocats, pharmaciens, journalistes, banquiers, enseignants, chercheurs, leaders d’opinion et des partis politiques, etc. Parmi les chefs d’États, « frères » maçons, on peut citer : Ali Bongo Odimbi (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo Brazzaville), Amadou Toumani Touré (Ex-président Mali), Alpha Condé (Guinée Conakry), Idriss Déby Itno (Tchad), Faure Ngnassigbé (Togo), Blaise Compaoré (Burkina Fasa). Thomas Boni Yayi (Benin), évangéliste,  cultive d’étroites relations avec le milieu de la franc-maçonnerie. Paul Biya souvent présenté comme membre de l’ordre de la Rose-Croix aurait autrefois été initié à la franc-maçonnerie. Alassane Dramane Ouattara n’est pas connu officiellement comme membre de la franc-maçonnerie, mais près de la moitié de son gouvernement fréquente  les temples. Abdoulaye Wade a été autrefois initié à la franc-maçonnerie, tout comme son prédécesseur Abdou Diouf qui en été très proche, tandis que Macky Sall (nouveau président sénégalais) se défend d’en faire partie.
Il va ainsi sans dire que l’appartenance à des loges impacte sur la gestion de la Res publica. On comprend pourquoi Magellan Omballa, professeur de sciences politiques, estime que : « Que ce soit dans l'administration, la haute fonction publique, la politique, l'Université, 95% des nominations se font en tenant compte de l'appartenance à une secte ». La puissance des loges et sectes est souvent évoquée dans la réflexion théologique de l'Église camerounaise. « L'idée, pour beaucoup de gens c'est : « la rose-Croix protège, on peut devenir riche, avoir de l'influence », affirme un prêtre.
Aussi, l'influence de la franc-maçonnerie, et plus globalement des loges, en Afrique constitue-t-elle l'un des sujets de conversation les plus animés dans des milieux politiques et cultuels africains. Beaucoup estiment que ces loges sont si puissantes qu'elles y bloquent le «pouvoir révolutionnaire » des peuples. Or, l’histoire de l’Afrique rappelle que les religions « classiques » ont autrefois joué un rôle similaire sinon identique.
Au moment où le scepticisme et l'irrationnel gagnent du terrain au Cameroun et en Afrique, il est important et opportun d’éclairer l’opinion sur un certain nombre de questions qui peuvent être résumées par les thèmes suivants :

Les axes de la discussion
1. Identité, origine et évolution des religions, confessions et loges présentes dans le paysage sociopolitique et socioculturel du Cameroun actuel (Pr Claude Abe)
2. Le rapport des religions, confessions et loges initiatiques à la problématique de la souveraineté et de la liberté des États, Nations et Peuples de l’Afrique contemporaine (Pr Kum'a  Ndumbe III, à confirmer)

3. Les ordres religieux, confessionnels et ésotériques comme groupes (occultes) de pouvoir au Cameroun et en Afrique : collusions, collision et compositions (Pasteur Kong Robert).
4- Les pouvoirs religieux, confessionnels et ésotériques face à la démocratie et la souveraineté populaire au Cameroun (Pr Jean Paul Messina)
5- Peut-on renouveler un encadrement cosmique et initiatique vertueux du pouvoir dans les sociétés africaines actuelles ?: la problématique de la régulation morale et spirituelle des pouvoirs africains par les initiations. (Mbombog Mbog Bassong)


Coordonnateurs: Fabien Eboussi Boulaga, Mathias Eric Owona Nguini
Modérateur: Jean-Bosco Talla

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