Opération Epervier. Marafa n'a pas tout dit

Joli-Beau Koube | Le Messager Mardi le 08 Mai 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Le rideau est loin d’être tiré sur cette lettre larmoyante, ce brûlot quand même, que Marafa Hamidou Yaya a adressé la semaine dernière à son ex patron, Paul Biya.

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Des révélations croustillantes, à califourchon entre le stupéfiant et l’ubuesque, ont ainsi été livrées à l’analyse railleuse et corrosive des camerounais. Normal, personne n’est indifférent à l’attrait irrésistible des arcanes du pouvoir, tenues d’une main de fer par un Président aussi taiseux que Biya.

Cette correspondante a fini de tracer s’il en était encore besoin, les contours sinueux d’une pratique du pouvoir, d’un art de gouverner dignes d’un autre âge. La personnalisation du pouvoir, l’infantilisation et la manipulation des administrés, autant d’ingrédients parmi tant d’autres qui font de notre Popol national pas moins qu’ un démiurge, pour rester raisonnable.

A dire vrai, au-delà de la forte émotion qu’a suscité dans l’opinion publique nationale, le bruyante sortie d’un homme du sérail, brutalement tombé en disgrâce aux yeux du prince, rien dans cette lettre n’est vraiment nouveau.

Ni les usances en matière d’instrumentalisation de l’appareil gouvernemental, ni les rapports entre les deux hommes qui se sont dégradés à vue d’œil, au fil du temps.

On peut cependant s’interroger sur l’opportunité et la crédibilité d’une pareille initiative, à un moment particulièrement délicat de la vie de son auteur.

De notre point de vue, cette lettre n’était ni opportune, ni crédible. Ces révélations seraient arrivées beaucoup plus tôt qu’elles auraient eu plus de poids et plus de sens.

L’obligation de réserve évoqué par Marafa ne convainc pas suffisamment, pour justifier ce long mutisme observé 17 ans durant, qui aurait tranquillement continué si les choses n’avaient pas tourné au vinaigre. Les exemples de Garga Haman et de Maurice Kamto qui ont démissionné de leurs fonctions, sont éclatants de témoignage, qu’on peut quitter le navire gouvernemental de Paul Biya quand on le veut vraiment, et surtout quand on n’en partage pas les pratiques. Garga avait même eu l’outrecuidance de traiter au vitriol les méthodes calamiteuse de gestion du gouvernement qu’il venait de quitter.

Au contraire, Marafa Hamidou Yaya a gardé un silence coupable et complice sur ces perfidies du régime de Yaoundé, conscient des dividendes qu’il en tirait en termes de numéraire et d’influence. Il n’y’a qu’à juger le ton obséquieux teinté d’un soupçon de dépit, sur lequel il s’adresse à son pygmalion de toujours.

L’initiative de cette lettre est une opération de communication d’autant plus foireuse qu’elle démontre combien lui-même Marafa, a participé au pourrissement du cercle autour de Biya. Il dit notamment avoir déconseillé des ministres au Président et s’étonne naïvement que d’autres courtisans tout aussi calculateurs que lui, lui aient glissé des peaux de banane sur le chemin.

L’ancien Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation évoque Wikileaks, pour souligner l’échos que ce média a fait de son opinion critique sur les arrestations liées à l’opération Epervier, mais rien sur sa curieuse conception bipolaire du Cameroun, qui veut que le pouvoir alterne systématiquement entre le Nord et le Sud ou inversement.

Vu de cette façon, il y aurait des deux choses l’une. Ou les citoyens issus des autres régions du pays ne sont pas suffisamment camerounais pour prétendre aspirer à la magistrature suprême, ou le fait pour Ahidjo d’avoir « laissé le pouvoir à Biya » rend la région du Sud éternellement redevable à celle du Nord en ce qui concerne la gestion du pouvoir.






Si Marafa est aussi patriote et aussi désireux d’éclairer la lanterne des camerounais ainsi qu’il le dit, le Cameroun entier lui en saura gré d’étayer le fond de sa pensée sur le pouvoir et la succession de Paul Biya. A ce qu’il parait, l’après Biya constitue l’enjeu de fond de la valse d’arrestations observée ces derniers temps au Cameroun, la lutte contre la corruption à travers l’opération Epervier n’étant qu’un paravent dérisoire. Cerner les tenant et les aboutissants de cette guerre de positionnement impitoyable que se mènent les courtisans d’un prince presqu’octogénaire permettrait certainement aux camerounais de mesurer l’ampleur de la dérision et de l’escroquerie dont ils sont l’objet.

Les antagonismes qui s’aiguisent de plus en plus entre les fils du Nord, et même l’agitation observée dans la ville de Garoua qui a suivi l’annonce de la mise en détention provisoire de l’ancien Ministre, témoignent de l’affrontement souterrain d’intérêts personnels qui dépassent l’affaire Albatros.

Pour se racheter puisqu’il n’en est jamais trop tard, Marafa Hamidou Yaya ferait mieux de nous dire tout ce qu’il sait sur cette affaire (succession) et sur d’autres plus profondes , au risque de voir le procès explosif qu’on annonce, accoucher d’un souriceau comme beaucoup d’autres avant.

 

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