Opération épervier. Affaire de l’avion présidentiel: Marafa met la Justice sur une piste

Claude Tadjon | Le Jour Jeudi le 24 Mai 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Dans sa troisième lettre ouverte, l’ex-ministre d’Etat pose cette question embarrassante : qui a décidé d'utiliser le guichet S.N.H. pour payer les 24 milliards FCfa distraits des caisses publiques ?

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Procès transparent et équitable pour mettre fin à l’imbroglio et à l’amalgame sur l’affaire de l’avion présidentiel : c’est le vœu de Marafa Hamidou Yaya, formulé dans sa troisième lettre ouverte publiée dans les colonnes du Jour, hier. Une lettre qu’il n’adresse pas au chef de l’Etat Paul Biya, comme les précédentes, mais à l’ensemble des Camerounais, qui, reconnaît-il, « ont le droit de savoir toute la vérité sur cette malheureuse affaire du BBJ-II ». Il fait ainsi d’une pierre deux coups : il donne sa version des faits et répond à ceux qui l’accusent d’être hors sujet dans ses deux premières lettres ouvertes au chef de l’Etat. Ici, Marafa est bel et bien dans le sujet.

Michel Meva’a M’Eboutou

Quelle est la vérité, selon l’ex-ministre d’Etat ? Première « vérité » : GIA International devait recevoir un acompte de 31 millions de dollars, grâce auquel cette société devait lever des financements pour l'ensemble des opérations d’acquisition de l’avion d'une valeur totale de 72 millions de dollars (environ 58 milliards FCfa) et livrer le BBJ-ll prêt à être utilisé. La durée de remboursement de ces financements était fixée à 10 ans.

Deuxième « vérité » : l’acompte de 31 millions de dollars (environ 24 milliards FCfa) devait s'effectuer à travers l'émission d'une "Stand By Letter of Crédit", un accréditif à paiement différé au profit de GlA International, qui se chargerait, grâce à cette garantie, de lever des financements sur le marché international. Selon un banquier, l’accréditif à paiement différé est un engagement de paiement souscrit par le banquier d'un acheteur de payer le vendeur si celui-ci lui présente les documents censés attester de la bonne exécution par le vendeur de ses obligations. Ce moyen de paiement sécurisait des fonds publics dans cette opération : « Cela présentait l'avantage d'éviter à notre pays une prise de risque initiale excessive, dès lors que la somme pour laquelle l'Etat s'engageait n'était guère libérée et transférée d'avance à GlA Intl », explique Marafa Hamidou Yaya.

Troisième « vérité » : le ministre de l'Economie et des Finances, Michel Meva’a M’Eboutou, s'est opposé à l'émission d'une "Stand By Letter of Crédit", moyen de paiement visiblement sécurisé, et a dit qu'il trouverait, le moment venu, d'autres moyens pour payer l’acompte à GIA International.

Quatrième « vérité » : une quinzaine de jours après la dernière réunion relative à l'acquisition du BBJ-II, l’Adg de la Camair, Yves Michel Fotso, apprend à Marafa, surpris, que les 31 millions de dollars avaient été virés « directement dans le compte de Gia Int'l aux États-Unis par le ministre de l'Economie et des Finances ». Interrogé devant la barre du Tgi du Mfoundi le 10 mars 2011, le ministre de l'Economie et des Finances de l’époque, Michel Meva’a M’Eboutou, cité par La Nouvelle expression, souvent évasif, a donné cette réponse « Ces 31 millions de dollars US servirait pour l’achat de l’avion présidentiel. Et il nous restait exactement 72h pour acquérir cet avion parce qu’un autre client voulait exactement le même appareil et tout ceci était sur instruction de la présidence de la république ». Visiblement sous pression, il a paraphé un projet de contrat.

Mystère

Cinquième « vérité » : au départ de Marafa Hamidou Yaya du secrétariat général de la présidence de la République, le 24 août 2002, le BBJ-II avait été fabriqué par Boeing, le contrat relatif à la configuration et à l'habillage intérieurs de cet avion avait été conclu et signé avec Jet Aviation. Dès lors, comment comprendre cette lettre en date du 04 septembre 2003 adressée à l'ambassadeur du Cameroun à Washington par la société Boeing, dans laquelle cette société exprimait son étonnement et son embarras face au choix du Cameroun de changer d’option en s’orientant vers l'acquisition d'un Boeing 767-300 VIP en lieu et place du BBJ-II (737-800) déjà fabriqué ?

Marafa Hamidou Yaya qui s’exprime pour la première fois sur cette affaire d’acquisition foireuse d’un avion présidentiel publiquement, clame son innocence et met la justice, qui poursuit ses investigations, sur trois pistes balisées par ces trois questions : pour quelle raison le ministre Michel Meva’a M’Eboutou a-t-il « préféré transférer de l'argent à GIA Int'l, plutôt que d'utiliser la solution sécurisée de la "Stand By Letter of Crédit" qui était proposée ? » M. Meva’a M’Eboutou voudra-t-il répondre à cette question ? « Qui a décidé d'utiliser le guichet S.N.H. pour payer les trente et un (31) millions de dollars ? » Au stade actuel des informations disponibles, c’est le ministre Michel Meva’a M’Eboutou qui a écrit à l’Adg de la SNH, Adolphe Moudiki, le 21 août 2001, pour lui demander de procéder à deux virements. Qui a instruit le ministre Michel Meva’a M’Eboutou d’autoriser ces virements ? Là aussi, M. Meva’a M’Eboutou voudra-t-il répondre à cette question ? Enfin, « pourquoi avoir décidé d'acquérir un Boeing 767-300 VIP en lieu et place du BBJ-II (Boeing 737-800) déjà fabriqué ? » Cette question est centrale, mais peu explorée jusqu’ici. Pour une raison qui relève presque du mystère.

Le juge Schlik

Pour l’ex-Minatd, les principaux intervenants « nationaux » dans l’affaire de l’acquisition du BBJ II sont : le président de la République, le secrétaire général de la présidence de la République (Marafa, ndlr), le ministre de l'Economie et des Finances, Michel Meva’a M’Eboutou, le défunt chef d'état-major particulier du président de la République, le général Bénaé Mpecké, et l'Adg de Camair, Yves Michel Fotso.

La liste de Marafa H. Yaya corrobore implicitement l’acquittement, le 3 mai dernier, des accusés renvoyés devant le juge Schlik pour cette même affaire. Ni Jean Marie Atangana Mebara, ni Hubert Otélé Essomba, ni Kevin Walls ne sont cités par Marafa comme intervenants principaux. Par réserve ou par stratégie, il ne s’étend pas sur la nature et les formes de l’intervention du président de la République dans cette affaire. Déjà, dans sa première lettre ouverte à Paul Biya, il disait , à propos de cette affaire, son espoir que les débats sur ce scandale permettent à tous les Camerounais de savoir quel est le rôle joué “par tous les intervenants, et celà à tous les niveaux”.


 

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