Cameroun - Emploi. SALAIRES MENSUELS : 4,5 millions de Camerounais à moins de 14 000 FCFA

GEORGES AUREOLE BAMBA | Emergence Lundi le 28 Mai 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
C’est la conclusion qui se dégage du récent rapport d’enquête sur l’emploi et le secteur informel réalisé par l’institut nationale de la statistique.

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Un peu près de 5 millions de camerounais en situation de travail gagnent seulement 13 600 FCFA par mois. L’information est déduite d’un récent rapport d’enquête sur l’emploi et le secteur informel au Cameroun, rendu public par l’Institut national de la statistique (INS). Selon le rapport, près de 9 millions de camerounais exercent une activité génératrice de revenus.

Seulement, parmi les 9 millions, huit millions travaillent dans le secteur informel, dont près de 4,5 millions dans l’informel agricole. «Le secteur informel reste, tout comme en 2005 (90,4% d’actifs occupés y exerçaient), le plus grand pourvoyeur d’emploi en occupant 90,5% d'actifs occupés, dont 53,0% dans le secteur informel agricole », peut-on lire dans le rapport. C’est justement dans ce secteur que se situent les plus bas revenus mensuels dans le pays.

Même si au plan global le revenu mensuel des camerounais a connu une hausse de près de 3% pour se hisser à 36 000 FCFA par personne et par mois, cette hausse ne s’est véritablement ressentie que dans le secteur formel privé, où les revenus ont bénéficié de la hausse des salaires de 2008 suite aux émeutes de la faim. Pour les agriculteurs, la situation est restée identique, lorsqu’elle ne s’est pas empirée par endroit. « Le revenu moyen mensuel varie de 13 800 FCFA, dans le secteur informel agricole, à 145 400 FCFA, dans l’administration publique.

Une nette amélioration est enregistrée dans ce dernier segment, où l’on observe une hausse de près de 21 000 FCFA en valeur nominale par rapport à 2005. La revalorisation des salaires intervenue en avril 2008 dans la Fonction Publique a contribué à cette évolution. Le secteur informel (agricole et non agricole) qui emploie 90,5% d’actifs occupés est le secteur qui enregistre les plus faibles niveaux de rémunération » explique le rapport.

Une situation encore plus criarde Ces chiffres sont susceptibles d’évolution, d’autant que l’enquête dont il est question s’est effectuée entre 2009 et 2010. A ces chiffres il faut ajouter celui officiel des 560 000 chômeurs, qui eux n’ont aucun emploi donc aucun revenu. Une situation qui n’est pas prête de s’améliorer dans le court terme.

L’enquête laisse entrevoir que la durée moyenne du chômage au Cameroun est de 38 mois, soit trois ans sans garanti d’avoir un emploi. Le secteur agricole qui avec son faible potentiel en revenu peut occuper un actif sur près de 17 ans n’est pas à même d’attirer le gros de la main d’oeuvre. C’est la deuxième alarme qui est donnée sur cette question et un avertissement de l’inefficience du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi.

Dans une étude réalisée dans la troisième édition de ses cahiers économiques, des experts du Bureau régional de la Banque Mondial à Yaoundé attiraient déjà l’attention de l’opinion publique sur cette situation de sousemploi dont souffre l’économie camerounaise. L’analyse faisait savoir que les exploitations agricoles familiales et les entreprises du secteur informel resteront les plus gros pourvoyeurs d’emploi pendant les deux prochaines décennies au moins.

« En raison de cette très faible proportion, même des taux de croissance rapide ne permettront pas de répondre à la demande des nouveaux entrants sur le marché du travail. Même dans le cadre de l’ambitieuse Vision 2035, la part du travail informel ne diminuera que lentement », avait fait savoir Raju Singh l’économiste en chef affecté à cette institution, lors d’une série de rencontres avec des acteurs du milieu universitaire. En d’autres termes, les revenus constatés par le rapport d’enquête de l’INS risquent de durer encore bien plus longtemps.

Un problème remédiable

Pour de nombreux experts, la situation n’est pas exclusive de toute solution. Dans leurs analyses les experts de la Banque Mondiale, font savoir que plusieurs possibilités, sont offertes. La première est de renforcer le cadre de la formation professionnelle. « Malgré une nette amélioration du niveau de scolarisation, trop de personnes possèdent encore des connaissances de base limitées, du fait que le taux d’abandon scolaire au niveau de l’enseignement primaire de base reste très important », avertissait Raju Singh.

Un phénomène qui se retrouve couplé au fait que les niveaux secondaires et supérieurs n’offrent que très peu de possibilités de formation à caractère technique et pouvant permettre d’insérer dans les divers secteurs de développement, une main d’oeuvre qualifiée. La deuxième possibilité de solution offerte est celle de l’amélioration de l’environnement des affaires. Comme preuves de réussite dans le domaine, le gouvernement aime bien présenter la mise en place d’un business forum (cadre de dialogue entre le secteur privé et le public) et la simplification de certaines procédures de création d’entreprise, qui ont favorisé une amélioration du classement dans le rapport Doing Business 2012. Mais la réalité de terrain reste toute autre.

Le processus de création de structures formelles génératrices de revenus reste encore plombé par la lourdeur de la bureaucratie, un système judiciaire peu équitable et dépendant et surtout un système de protection léger de la concurrence. Le résultat en est que le secteur formel crée très peu d’emploi.






Face à cette nouvelle réalité, le gouvernement devrait normalement avoir la pression. Mais cela ne semble pas être le cas. Les projets de Banque agricole et des petites et moyennes entreprises attendus depuis des mois sont restés des effets d’annonce. Bien qu’ils aient permis d’insérer efficacement un certain nombre de jeunes, des programmes comme le PAJER-U (programme d’appui à la jeunesse rurale et urbaine) ou encore le PIASI (Programme intégré d’appui au secteur informel) restent perfectibles.

Leur rattachement à des ministères peu compétents en matière de gestion des financements suscite encore des interrogations. Lors de sa campagne pour la présidentielle en Octobre 2011 dernier et aussi lors de sa dernière prestation de serment, le président Paul Biya avait mis un point d’honneur à l’amélioration des conditions de vie des camerounais, notamment par celui de la création d’emplois décents.

Comme par le passé, cette promesse s’apparente plus à un slogan. Chaque année le fossé entre les besoins des camerounais et leurs revenus se creuse peu à peu. Pour illustration les 13 600 FCFA /mois touchés par près de 5 millions de camerounais, représentent la moitié du revenu minimal à garantir.

 

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