Cameroun - Energie. Recouvrement forcé: Institut Samba Supérieur déconnecté du réseau Aes-Sonel

Alain NOAH AWANA | Le Messager Mercredi le 05 Septembre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’entreprise distributrice d’énergie électrique au Cameroun a rompu momentanément le contrat avec cette institution universitaire pour 41 factures impayées. D’autres gros clients sont également dans le noir dans le cadre de l’opération de recouvrement forcé des créances d’Aes-Sonel. Ils seront reconnectés dès l’épurement de leurs dettes.

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L’entreprise distributrice d’énergie électrique au Cameroun a rompu momentanément le contrat avec cette institution universitaire pour 41 factures impayées. D’autres gros clients sont également dans le noir dans le cadre de l’opération de recouvrement forcé des créances d’Aes-Sonel. Ils seront reconnectés dès l’épurement de leurs dettes.

14h45, mardi 4 septembre 2012 au quartier Mvan à Yaoundé. Une importante délégation, composée de hauts cadres de l’entreprise Aes-Sonel et de techniciens, débarque dans l’enceinte de l’Université de Yaoundé Sud, plus connue sous le nom « Institut Samba Supérieur ». La plupart des bureaux sont fermés. Les préposés aux renseignements, assis dans la grande cour sous un parasol, voient leur tranquillité ainsi perturbée. Après une petite discussion avec les responsables d’Aes-Sonel, l’un d’eux appelle quelqu’un au téléphone, en dialecte, pour l’informer de ce que « le contrôle d’Aes-Sonel est là ». Mais, en fait, il ne s’agit pas d’un contrôle. Le distributeur d’énergie électrique est venu pour rompre son contrat avec ce prestigieux établissement d’enseignement supérieur. Le fait est que l’Université de Yaoundé Sud fait partie des insolvables de Aes-Sonel. En tout, il s’agit de 41 factures impayées, pour un montant cumulé de 9 546 379 Fcfa. Lorsqu’un des responsables de l’établissement arrive sur les lieux, quelques 20 minutes plus tard, les techniciens sont déjà à l’œuvre sur les câbles qui alimentent l’institution. Et malgré ses explications aux responsables d’Aes-Sonel, rien n’y fera. L’Institut Samba Supérieur est déconnecté du réseau électrique.

Ce coup de force rentre dans le cadre de l’opération « recouvrement forcé des créances » engagée par Aes-Sonel depuis le 26 juillet dernier sur l’ensemble du territoire. L’entreprise réclame en effet à ses clients indélicats un peu plus de 8 milliards Fcfa. La phase de sensibilisation et de négociation étant achevée, Aes-Sonel est passée à la phase de répression. Pour la seule ville de Yaoundé, 5 500 abonnés sont concernés, soit près de 3 milliards Fcfa à recouvrer. La première sélection a permis de dégager 200 abonnés dans la capitale camerounaise, qui représentent un peu plus de 700 millions Fcfa. D’ailleurs, ce mardi, l’Université de Yaoundé Sud n’était pas le seul client à être déconnecté.


De gros poissons pêchés


Dans la zone Yaoundé-Sud d’Aes-Sonel, cinq autres gros clients étaient concernés. Au quartier Olézoa, un pressing appartenant au vice-président de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp), un parti politique de la majorité présidentielle, s’est retrouvé sans électricité pour n’avoir pas épongé les 3,2 millions Fcfa d’impayés cumulés depuis 2009. Le propriétaire, El hadj Ahoga, malgré ses explications et ses complaintes, n’a pas pu empêcher la coupure.

A Mvan, près de la gare routière, l’imprimerie dénommée Professionnel printing Cameroon Sarl, a également été déconnectée. Après un mouvement de panique qui a poussé un des responsables à vouloir séquestrer les « invités indésirables », des explications sont données. Seulement, en plus d’être déconnecté, ce client a jusqu’à ce mercredi pour aller s’expliquer sur le deuxième compteur qu’il utilise, alors même qu’il n’est pas connu des fichiers de Aes-Sonel.

Un peu plus loin, du côté d’Odza, deux autres clients ont été déconnectés du réseau électrique. Sert Cameroun, pour des factures impayées de 3,2 millions Fcfa, est également coupé. Même si arrivés sur les lieux, les responsables d’Aes-Sonel apprendront que la structure est fermée, et que le propriétaire a ouvert une autre Pme du côté de Nsam…juste à côté de l’agence d’Aes-Sonel. Le dernier cas « traité » était le domicile d’Ebénézer Negou, au lieu dit Odza borne 10, parce qu’il est redevable de 2,8 millions Fcfa.


Contestations


La plupart des clients déconnectés, du moins ceux qui étaient présents au moment de la descente d’Aes-Sonel, expliquent qu’ils sont tout simplement victimes de l’injustice du principal distributeur d’énergie électrique au Cameroun. Le plus virulent était sans nul doute le vice président de l’Andp, propriétaire du pressing d’Olézoa. El hadj Ahoga explique qu’en réalité, il devait payer en tout et pour tout 1,4 millions Fcfa. « Somme que j’avais déjà quasiment soldée », rassure-t-il. Ajoutant au passage que des factures de consommation de l’entreprise qui occupait auparavant les lieux lui étaient injustement imputées.

A l’imprimerie de Mvan, le responsable explique qu’à un moment donné, le compteur a été changé. Selon ses déclarations, l’entreprise ne comprend pas d’où vient la facture de 2,316 millions Fcfa, alors que depuis le changement de ce compteur elle n’a reçu aucune facture d’Aes-Sonel. Il avance, une pile de documents en main, qu’il existe même en ce moment un contentieux avec Aes-Sonel, et promet de passer sans tarder à l’agence régionale, à la Poste centrale. Chez les autres abonnés, aucun interlocuteur à qui parler. Mais, manifestement, les clients ont des choses à revendiquer.

Le sous-directeur clientèle d’Aes-Sonel – Yaoundé Sud, qui conduisait l’opération, malgré sa fermeté, a offert des portes de sortie à chacun. A propos par exemple des branchements qui ne sont pas répertoriés dans les fichiers de l’entreprise, « les clients concernés devront apporter des documents pour qu’on puisse régler la situation, sinon ils se verront couper », annonce Jacques Kangué. D’autres clients, que nous avions interrogés auparavant, reconnaissent sous cape qu’ils se sont retrouvés dans cette situation indélicate grâce à des complicités internes à l’entreprise. « Dans tous les cas, un client ne peut pas avoir 19 ou 41 factures impayées sans des complicités internes. Tous les employés d’Aes-Sonel impliqués seront simplement licenciés », annonce, menaçant Jacques Kangué. Décidément, l’opération de recouvrement forcé des créances ne ferra pas des malheureux seulement chez les clients…

 

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