Cameroun - Politique. Accusation de délit d'initié: Maurice Kamto peine à convaincre

Thierry Djoussi | La Météo Lundi le 01 Octobre 2012 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Pratiquant l'esquive depuis les révélations de La Lettre du continent, l'ex ministre délégué à la Justice a été tiré de son mutisme samedi dernier. C'était lors de la conférence de presse ayant suivi son élection stalinienne à la présidence du Mrc.

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A question directe et précise, réponse poussive, semi-agressive et ambiguë. La question, la voici: «Monsieur le président: le mensuel confidentiel La lettre du continent vous a épinglé, dans une de ses récentes parutions, d'avoir profité de votre position de ministre délégué auprès du ministre de la Justice pour influencer l'attribution du marché, estimé à plusieurs dizaines de milliards FCFA, d'implémentation du nouveau code de procédure pénal au cabinet juridique Brain Trust Consulting, dont vous êtes le fondateur. Vous rendant par là coupable du crime de délit d'initié. Petit a: cette information est-elle fondée? Petit b: Comment comprendre votre étrange mutisme face à une accusation aussi grave?». La réponse de Maurice Kamto est un chef d'œuvre d'amalgame. De victimisation aussi: «Je connais bien le Cameroun. Je sais qui émarge où et pour quels services. Ceux qui alimentent la Lettre du Continent au Cameroun sont bien connus de moi. Rien ne va me distraire. N'attendez pas que je rentre dans ce type de polémique. Vous m'interrogez sur mon silence depuis lors, sachez que je ne suis pas friand des plateaux de télévision. Je ne réponds pas aux rumeurs.»

Rappelons qu'au sujet dudit marché à polémique, il a été établi que le cabinet juridique de Maurice Kamto en a été l'adjudicataire. Ce même cabinet, du temps où son fondateur siégeait au gouvernement, rafla moult marchés publics, à l'instar de ce séminaire relatif à «l'exégèse du droit d'auteur au Cameroun», à en croire de bonnes sources. A cette occasion, la Cmc et la Socam, deux sociétés du droit d'auteur musical, dans un contexte juridique qui n'en prévoit qu'une seule par catégorie, furent toutes les deux invitées. Situation qui en rajouta à la confusion ambiante.

Le 29 septembre dernier à Yaoundé, peu après son élection (par acclamation entre autres) à la tête du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) naissant pour un mandat de 5 ans, en principe, Maurice Kamto a indiqué les cinq piliers de son action à savoir: la République, l'éducation, la lutte contre le chômage, l'épanouissement des personnes handicapées, la responsabilisation de la jeunesse. «Le Mrc est d'ores et déjà prêt pour les futures échéances électorales», a-t-il martelé. Tout au long de sa conférence de presse, le président du Mrc n’a pas fait mystère de ses ambitions présidentielles. Sauf cas de force majeure, la prochaine élection présidentielle se tient en 2018, dans l'intervalle seront organisées les législatives, les municipales, etc. L'on attend de voir si Kamto hasardera sa candidature dans une de ces échéances intermédiaires, si oui dans quelle circonscription se jettera-t-il à l'eau? Quel en sera son suffrage à l'issue du scrutin? Le lest de popularité n'en sera que plus édifiant!


«Pourquoi je suis entré au gouvernement».

Interrogé sur les raisons véritables de son acceptation de siéger au gouvernement post électoral du 08 décembre 2004, alors que son hostilité au pouvoir de Yaoundé faisait les choux gras de la presse, Maurice Kamto a eu cette réplique assez révélatrice de son opportunisme; «Je ne suis pas Martien, je suis camerounais, alors j'ai accepté fout simplement l'offre. Je ne comprends pas que d'aucuns me critiquent sur ce choix, alors qu'à travers le payement de leurs impôts ils entretiennent la survie d'un régime qu'ils prétendent combattre. En entrant au gouvernement, je pensais servir mon pays».

Concernant l'opération Epervier, le conférencier, qui maintient n'avoir jamais milité que dans le Mrc, a répondu qu'une fois «à Etoudi, il verra s'il y a lieu de gracier les Marafa, Fotso, Mebara et consorts». Réagissant à une préoccupation de journaliste sur Elecam, le président du Mrc a remis au goût du jour sa tirade contre le code électoral: «Ce code est mauvais dans la mesure où il exclut du jeu électoral beaucoup de Camerounais par l'argent. Cela va à l'encontre de la démocratie. Cela va à l'encontre des accords internationaux dont le Cameroun est signataire. Je prends un exemple: la caution pour être député est de 3 millions FCFA. Pour 180 députés, cela fait 540 millions FCFA. Où les partis d'opposition vont-ils trouver cet argent? Sur un autre plan, la biométrie aurait été un important pas vers la transparence si les lecteurs pouvaient rentrer en possession de leur carte, aussitôt leur inscription terminée.»

S'agissant de Bakassi, le Pr. Kamto a loué l'option juridique du président de la République et sa hauteur d'esprit d'associer tous les Camerounais compétents dans la défense des intérêts du pays. «Lorsqu'il s'agit de défendre la nation, le devoir de chacun est d'aller au front comme des soldats. Je l'ai fait hier, je le ferai aujourd'hui et demain encore».


Tractations d'avant convention

La messe politique devant porter au pinacle Kamto était initialement prévue dans un établissement scolaire de la cité capitale. Seulement le 27 septembre 2012, soit à 48 h de la convention, le principal de cet établissement a signifié, par lettre servie au mandataire du Mrc par exploit d'huissier, la résiliation des pourparlers de location de salle, au motif de: «Non payement dans les délais de la totalité des frais de location comme initialement prévus». Argument que rejette Sosthène Médard Lipot. «Les responsables de cet établissement ont cédé à des intimidations politiques. Nous allons dans les prochains jours saisir la justice pour demander réparation du préjudice subi», a promis, hier sur les ondes de la Radio Tchiemeni Siantou, le frais émoulu conseiller du président national du Mrc.

Cette résiliation «de pourparlers» a motivé la décision du sous-préfet de Yaoundé I de revenir sur l'autorisation de manifestation accordée, plus tôt, au Mrc. Luc Ndongo fera une énième volte-face le 28 septembre en levant sa propre «mesure d'annulation du récépissé de déclaration de réunion publique n°438/RDRP/J06-01/SP portant organisation de la Convention nationale (du Mrc]». Nos sources affirment que Jean Claude Tsila, préfet du Mfoundi, aurait instruit au sous-préfet de Yaoundé I de rapporter sa décision d'annulation.

Il se murmure aussi que le patron du département siège des institutions républicaines, aurait donné ordre, après qu'il eût été informé, au chef de terre de Yaoundé IV de laisser la bande à Kamto déporter leur réunion de Bastos vers 0dza, tout en recommandant à celui-ci de prendre des dispositions en vue de prévenir toute éventuelle atteinte à l'ordre public lors de la convention du Mrc.

Une convention qui, à l'observation, a drainé peu de monde. Beaucoup de bruit pour si peu, serait-on tenté de dire.

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