Cameroun - Suisse. Paul Biya: Genève ou l’Afrique, il faut choisir !

Edking | Le Messager Jeudi le 10 Janvier 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
L’absentéisme de Paul Biya aux rendez-vous africains et internationaux est proverbial. Sassou Nguesso accueilli à Nsimalen interpelle le président Biya : « Alors content, le monsieur qui ne va jamais chez les autres ? » Sans attendre la réaction de son mari, Chantal, coupe court et rassure le président congolais : « la prochaine fois, nous allons venir à ta fête, c’est promis !»

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L’absentéisme de Paul Biya aux rendez-vous africains et internationaux est proverbial. Sassou Nguesso accueilli à Nsimalen interpelle le président Biya : « Alors content, le monsieur qui ne va jamais chez les autres ? » Sans attendre la réaction de son mari, Chantal, coupe court et rassure le président congolais : « la prochaine fois, nous allons venir à ta fête, c’est promis !»

Ce n’est pas la première fois que le dirigeant camerounais est pris à partie par un de ses pairs. Le 17 mai 2010, Blaise Compaoré et son épouse venus prendre part à la conférence internationale de Yaoundé « Africa 21» sont accueillis à l’aéroport de Nsimalen. A sa descente d’avion, Blaise Compaoré lance à Biya : «Monsieur qui n’aime pas aller chez les autres est content».

C’est connu, à l’instar du nigérien Diori Hamani, du malien Moussa Traoré, du sénégalais Léopold Sedar Senghor, du tchadien Ngarta Tombalbaye ou du nigérian Yakubu Gowon, du mauritanien Moctar Ould Daddah ou du marocain Hassan II –excusez du peu- ! qui étaient les amis de son prédécesseur, Paul Biya n’a pas le culte de l’amitié chevillé au corps, ce qui rend très rare ses visites, professionnelles ou non, ne serait-ce qu’aux voisins d’à côté ou d’en face.
Depuis son accession au pouvoir, les sommets africains se font sans Paul Biya. Que ce soit l’Union africaine, la Cemac, ou les forums liés aux questions internationales. Quand il s’en souvient, le président délègue souvent le Premier ministre ou un ministre ordinaire. Mais par contre, souligne un proche du cabinet, « il adore se rendre en visite ou séjour privé en France, ou en Suisse à Genève précisément où il a ses quartiers ».

Feu Omar Bongo Ondimba dit-on, reprochait à Paul Biya cette façon de fonctionner et ne se privait pas pour lui faire obstacle sur des questions de souveraineté comme la création de la bourse sous-régionale. Une fois Biya avait dépêché l’ancien Premier ministre Peter Mafany Musonge de le représenter à un sommet de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) qui se tenait à N’Djamena au Tchad. En son absence, les autres chefs d’Etat de la sous-région décidèrent de donner le siège de la bourse des valeurs mobilières de la Cémac à Libreville, capitale du Gabon, au lieu de Douala, capitale économique du Cameroun et de l’Afrique centrale!

Généralement reclus au Palais d’Etoundi à Yaoundé, il n’en sort que pour emprunter l’avion présidentiel pour ce que l’imagerie populaire a tourné en dérision en parlant de « bref-long-court séjour privé à l’étranger ». Ces mouvements présidentiels sont si récurrents qu’une association de danse traditionnelle chargée d’accueillir l’illustre et eternel voyageur baptisée ‘les danseurs de Nsimalen’ s’est formée à l’aéroport international du même nom. Et il faut dire qu’ils ne chôment pas, par rapport à la majorité des Camerounais. Les départs et les retours présidentiels sont bien rémunérés…Le scoop ce n’est pas lorsque Biya voyage. Le scoop, c’est quand le président se trouve dans son palais au pays.


Attendre la voix

Au tout dernier sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu du 15 au 16 juillet 2012 à Addis Ababa en Ethiopie, Paul Biya n’a pas dérogé à sa tradition. Il y était absent, ce qui n’a pas affecté outre mesure la tenue de la rencontre, tant les vieux et nouveaux présidents sont habitués à ses absences aux retrouvailles sous-régionales, régionales ou internationales. En septembre dernier, plus de 120 chefs d’Etats se sont retrouvés à l’occasion de la 67e Assemblée générale des Nations Unies. Paul Biya, qui devait faire entendre la voix du Cameroun à la tribune des Nations Unies a choisi de se faire représenter à New York par le ministre des Relations extérieures (Minrex), Pierre Moukoko Mbonjo, qui a donné lecture du message du président de la République sur l’Etat de droit aux niveaux national et international. Selon les observateurs, l’absence de Paul Biya se justifiait parce qu’il n’aurait toujours pas digéré le «camouflet» que lui a infligé le président américain, Barack Obama, qui ne lui a pas adressé de message de félicitations après son«éclatante victoire» à la dernière élection présidentielle.

Biya s’est donc fait remarquer comme quelqu’un d’absent et de toujours absent. En riposte, les chefs d’Etats commencent à grogner. On se souvient encore du lapin posé par Biya lors de sa passation de témoin en tant que président de l’Oua au sommet du Zimbabwe, suivant celui de Yaoundé tenu en juillet 1996. Le succès du sommet France-Afrique qui s’était tenu à Yaoundé est ni plus ni moins l’œuvre du président français de l’époque, Jacques Chirac.

De son vivant, Bongo Ondimba avait choisi de ne déléguer aucun représentant personnel à Kribi lors de l’inauguration du pipeline Tchad-Cameroun. De nombreux chefs d’Etat ont longtemps décidé de rayer Yaoundé de leur itinéraire : Sarkozy, Francois Hollande, Abdoulaye Wade, Georges Bush etc. Ce n’est pas demain la veille que Barack Obama foulera le sol camerounais. En France, on dit la Corrèze avant le zambèse. A Etoudi, avec Paul Biya, c’est La Beaule avant Libreville ou N’djamena. Même si Bangui la voisine est en feu.


 

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