Cameroun - Economie. Climat social: la pauvreté en nette augmentation au Cameroun

Hervé B.Endong | La Nouvelle Expression Mercredi le 06 Février 2013 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Un rapport commis par la Banque mondiale sur les filets de protection sociale au Cameroun montre et démontre la pauvreté va grandissante, tout comme la sécurité alimentaire constitue un sérieux problème.

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« Réduire la pauvreté, la vulnérabilité et les risques ». C’est le titre de ce rapport qui constitue en réalité le cinquième numéro des « Cahiers économiques du Cameroun », une publication du bureau local de la Banque mondiale. Ce numéro spécial qui fait la part belle aux filets de protection sociale, apprend que la pauvreté n’a pas reculé au Cameroun. Au contraire, elle a plutôt augmenté, dans l’ensemble, avec un pic dans les régions les plus pauvres. D’une manière générale, le taux de pauvreté au Cameroun est resté pratiquement inchangé entre 2001 et 2007 à près de 40 %.

La population camerounaise augmentant de près de 3 % par an, le rythme de croissance économique observé ces dernières années n’a pas été suffisamment rapide pour apporter des améliorations tangibles aux conditions de vie du Camerounais moyen. « Pendant ce temps, de nombreux autres pays africains sont parvenus à réduire leurs taux de pauvreté, parfois de manière plutôt substantielle », souligne l’étude. Bien que la pauvreté n’ait pas reculé dans l’ensemble, le rapport apprend qu’elle a diminué tout de même dans les zones urbaines ces dix dernières années.

Une comparaison des résultats des deux enquêtes auprès des ménages menées en 2001 et 2007 montre que les taux de pauvreté urbaine ont baissé d’un peu moins de 6 %. « La pauvreté a aussi considérablement régressé dans les régions de l’Ouest, du Sud-Ouest, du Sud, du Littoral et du Centre. Dans les zones rurales cependant, elle s’est plutôt aggravée, tout comme dans l’Adamaoua, l’Est, le Nord et l’Extrême Nord », peut-on lire. D’après la Banque mondiale, la pauvreté chronique au Cameroun est surtout un phénomène rural et répandu dans les régions septentrionales.

L’institution financière s’appuie sur les données d’Ecam III qui montrent que 38 % de la population rurale vit en permanence sous le seuil de la pauvreté, contre 3,2 % à peine de la population urbaine. « Plus de la moitié des populations du Nord et de l’Extrême Nord connaît une pauvreté chronique. L’Adamaoua, l’Est et le Nord-Ouest sont d’autres régions présentant des niveaux de pauvreté chronique supérieurs à la moyenne nationale. De plus, la majorité de la population camerounaise vit de la terre et est particulièrement vulnérable aux chocs climatiques et aux catastrophes naturelles », note-t-on également. Ce n’est pas tout.

Alternative

Le rapport informe aussi que la pauvreté transitoire est, par conséquent, plus importante en milieu rural. Ce phénomène semble toutefois présent sur toute l’étendue du territoire et non pas seulement dans les régions les plus pauvres. Dans la plupart des régions, environ 10 % de la population est susceptible de tomber temporairement dans la pauvreté. Ce chiffre est d’un peu moins de 15 % dans le Centre et atteint 20 % environ dans le Nord-Ouest. Concernant la sécurité alimentaire, le Programme alimentaire mondial (Pam) fait remarquer que les régions du Nord et de l’Est abritent le plus grand nombre de ménages jugés en insécurité alimentaire. « Ce qui signifie qu’ils ne produisent pas suffisamment d’aliments pour leur propre consommation et que leurs niveaux de pauvreté les empêchent d’accéder à de la nourriture de qualité en quantité suffisante ».

Le Nord et l’Est sont aussi les régions les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire. Le Nord, qui se caractérise par un climat agroécologique de type sahélien, a connu des chocs récurrents ces dernières années, notamment des sécheresses en 2004 et 2009, des inondations en 2009 et une épidémie de choléra en 2010 et 2011. Plus de 30 % des ménages sont vulnérables dans l’Adamaoua, et plus de 60 % dans le Nord et l’Extrême Nord. « Pour le moment, leur consommation alimentaire est acceptable. Mais, en cas de chocs récurrents, ils ont tendance à adopter des stratégies d’adaptation comme acheter une nourriture moins onéreuse, réduire les portions et/ou le nombre de repas », écrivent les auteurs du rapport.

Au demeurant, le principal enseignement qui ressort de la dernière édition des Cahiers économiques du Cameroun, une publication semestrielle du bureau de la Banque mondiale au Cameroun, est que la pauvreté n’a pas reculé au Cameroun, et que le pays connaît de sérieux problèmes de sécurité alimentaire, tout comme il dispose d’une pléthore de programmes de protection sociale ponctuels et limités, qui ne sont pas conçus d’une manière appropriée pour s’attaquer ni à la pauvreté chronique ni à la pauvreté temporaire.

En termes de résultats, « nos analyses ont fait ressortir un point important qui est que pour l’instant, les ressources affectées à ces programmes de protection sociale au Cameroun sont trop limitées pour avoir un réel impact, et l’essentiel de ces ressources est consacré à des interventions d’urgence », a expliqué l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique Centrale et coordonnateur des Cahiers Economiques.

Selon Raju Jan Singh, « les données les plus récentes montrent que le Cameroun alloue 0,2 % de son PIB aux filets de protection sociale — un des pourcentages les plus bas d’Afrique — alors que le pays à faible revenu et le pays à revenu intermédiaire moyens y consacrent respectivement des ratios sept et dix fois plus élevés ». En termes d’alternative, «le Cameroun a besoin d’une stratégie de protection sociale cohérente pour combattre efficacement la pauvreté chronique et l’insécurité alimentaire.

Cette stratégie devrait recenser les risques et les vulnérabilités, et concevoir des dispositifs et des programmes qui en tiennent compte. Elle devrait définir des groupes prioritaires susceptibles de bénéficier des programmes de protection sociale. Des techniques de sélection adéquates devraient aussi être mises au point pour assurer la participation des personnes nécessiteuses », a souligné Gregor Binkert, Directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Cameroun.

 

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