YAOUNDE (Xinhua) - Cavaye Yéguié Djibril, président sans discontinuité de l'Assemblée nationale du Cameroun depuis 1992, et unique candidat à sa succession désigné par la hiérarchie du Rassemblement démocratique du peuple camerounais ( RDPC), le parti au pouvoir qui dispose de 153 députés sur 180, a été reconduit mardi au perchoir de la Chambre basse du Parlement.

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La réélection de Cavaye Yéguié Djibril, âgé de 73 ans, qui n'enorgueillit d'être « l'unique député à cumuler aujourd'hui 40 ans de vie parlementaire », annonce une redistribution des cartes sur l'échiquier politique camerounais.

Si le président de l'Assemblée nationale reste aujourd'hui la 2è personnalité du pays et successeur du président de la République, cette donne changera avec la mise en place du Sénat au terme des premières élections sénatoriales de ce pays d'Afrique centrale prévues le 14 avril.

Car, d'après la Constitution du 18 janvier 1996 qui crée le Sénat, c'est le président de cette Chambre haute du Parlement qui constitue la 2è personnalité du Cameroun et par conséquent le successeur du président de la République.

La reconduction de Cavaye Yéguié Djibril, à l'Assemblée nationale préfigure donc la rupture d'une règle non écrite bien observée jusqu'ici qui veut que les deux premières personnalités du pays viennent de chacune des deux grandes régions. Actuellement, le président de la République est originaire du Grand-Sud et le président de l'Assemblée nationale du Grand-Nord.

« On ne peut pas avoir un président du Sénat et un président de l'Assemblée nationale tous issus du Grand-Nord. Le président du Sénat viendra forcément d'ailleurs », a indiqué Guibai Gatama, directeur de publication de l'hebdomadaire L'il du Sahel, considéré comme le porte-voix du Grand-Nord.

Pour ce fin connaisseur de la scène politique de cette partie du Cameroun, « ceci correspond à la demande du Grand-Nord qui préfère plutôt un poste de Premier ministre plus indiqué pour promouvoir les fils de la région à des postes de responsabilité ».

Le maintien de Cavaye Yéguié Djibril à la tête de l'Assemblée nationale, qui apparait plutôt comme une bonne nouvelle, intervient dans un contexte particulier, marqué jusque-là marqué par des supputations sur le possible lâchage de ce fidèle par Paul Biya, le président de la République.

Cavaye Yéguié djibril, qui est aussi lamido (chef traditionnel) de Mada dans la région de l'Extrême-nord, a conduit une liste de candidats pour les élections sénatoriales du 14 avril, bravant ainsi les directives de Paul Biya, président national du RDPC, qui a instruit aux commissions chargées de recueillir les candidatures de décourager celles portées par les députés en fonction.

Une option assise, d'après L'Action, l'organe d'information et de propagande du RDPC, sur « la nécessité de ne pas vider, fragiliser et dévaloriser l'Assemblée nationale au profit du Sénat ». Aussi la commission nationale des investitures présidée par Paul Biya a rejeté la candidature de Cavaye Yéguié Djidril, ainsi que celles de tous les autres députés issus de quatre régions.

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