Cameroun - Football. Sélections nationales : Pourquoi ne gagne-t-on plus ?

Mboafootball Jeudi le 02 Octobre 2014 Sport Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Entre l’impréparation criarde, la mauvaise organisation, les problèmes d’intendance, le manque de moyens financiers et l’amateurisme des dirigeants, nos sélections ne réussissent même plus à bien figurer sur le continent africain et même dans la sous-région Afrique centrale.

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Les Lions cadets se sont fait éliminer dimanche par leurs homologues ghanéens (3-4) après s’être inclinés déjà à Yaoundé (1-2) lors du match aller. Si le résultat peut laisser des regrets, l’on se demande s’il n’aurait pas été meilleur si la préparation s’était déroulée dans les règles de l’art et si au moment de s’envoler pour le Ghana, la délégation n’avait été scindée en 4 vagues. Une première vague le mardi avec quelques administratifs, une seconde le mercredi avec le coach principal et 17 joueurs, une troisième le jeudi avec le 18ème joueur et les membres du staff technique et médical, et enfin une quatrième samedi avec le reste des administratifs. Pour un match prévu de longue date, l’on se demande comment un tel amateurisme peut avoir cours dans un pays comme le Cameroun, réputé pour être une terre de grands footballeurs.

Et si l’on ajoute à cela le fait que le coach a dû user des installations du collègue F.-X. Vogt pour préparer ses joueurs et qu’aucun adversaire de poids ne lui a servi de sparring-partner, l’on se dit que décidément ces jeunes n’avaient aucune chance de s’en sortir face à des cadets ghanéens qui ont bénéficié de deux mois de stage ponctué par 5 matches amicaux internationaux contre les nations voisines, sans compter des matches contre des clubs huppés du pays, tandis que nos cadets affrontaient Jeunesse de Ngoulmakong ou encore As Fortuna, l’on se dit que les dirigeants ont abandonné cette équipe et comptaient sur un coup de puce divin pour que le Cameroun se qualifie. Pour la petite histoire, la dernière qualification de la sélection nationale des moins de 17 ans pour une phase finale de CAN remonte à 2009 en Algérie avec la génération des Vincent Aboubakar. Depuis donc, l’on a laissé filer 2011, 2013 et maintenant 2015. Autant de générations perdues qui, sauf miracle, ne verront quasiment aucun de leurs joueurs émerger au plus haut niveau. Et après, l’on trouvera en le sélectionneur de cette sélection, un bouc émissaire tout désigné et c’est lui qui payera les pots cassés de l’amateurisme des dirigeants.

Chez les juniors, la situation n’est guère plus reluisante. Depuis l’épopée de 2011 avec une finale de CAN en Afrique du Sud et un 1/8ème de finale de Coupe du Monde en Colombie, plus rien. La génération des Edgard Salli, Oyongo Bitolo, Yazid Atouba et Maxime Mengue est la dernière à s’être qualifiée pour une phase finale de Can, à fortiori pour une phase finale de Coupe du Monde. Depuis, c’est le désert. Incapables d’éliminer la RDC en 2012, les poulains du sélectionneur de l’époque, Engelbert Mbarga, avaient été sortis sans gloire après pourtant avoir remporté le match aller à Yaoundé (2-0). Eloundou Jean Charles était bien trop seul dans cette génération. Cette année 2014de, face à une sélection d’Afrique du Sud qui a effectué 1 mois de stage bloqué en Afrique de l’Ouest pour préparer la double confrontation contre le Cameroun, nos moins de 20 ans se sont fait logiquement éliminer. Tandis que les Sud-Africains affrontaient les moins de 20 ans Ghanéens, Ivoiriens, Maliens et Sénégalais, sans compter un top club dans chacun de ces quatre pays, les poulains de Souleymanou Aboubakar ont dû se faire les dents sur Jeunesse de Ngoulmakong, As Fortuna et de petits centres de formations sans galons. Résultat des courses, une élimination logique contre leurs homologues mieux préparée et certainement mieux managée.

Chez les espoirs, vainqueurs du tournoi de football des jeux africains en 1999, 2003 et 2007, vainqueurs de la médaille d’or des J.O. de 2000 à Sydney et 1/8ème de finaliste du tournoi de football des jeux olympiques à Beijing en 2008, le constat est le même. Aucun titre remporté depuis lors. En 2011 à Maputo, pour la défense de leur triple couronne consécutive dans le tournoi de football, les Lionceaux ont dû se contenter de la médaille de bronze, surclassés par des nations mieux préparées. Cette sélection n’a même pas réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques de 2012.

Concernant les A’, le constat est terrible. Même dans la sous-région Afrique centrale, les Lions ne sont plus les rois. Après avoir remporté la Coupe Cémac, anciennement Coupe Udéac, sans discontinuer pendant une dizaine d’années entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000, le règne des Lions dans la sous-région a brutalement pris fin. Ainsi, tour à tour, des nations comme le Tchad, le Gabon, la Rca, la Guinée équatoriale et le Congo qui voyaient en les Lions indomptables un véritable épouvantail, jouent désormais crânement leur chance et dominent maintenant le Cameroun à la régulière et de façon répétée. Depuis l’édition 2008 organisée au Cameroun et remportée au forceps avec l’aide des arbitres, le Cameroun atteint difficilement la finale désormais.

Pour ce qui est du Championnat d’Afrique des nations (Chan) qui est le véritable révélateur de la qualité de nos championnats locaux, car concernant uniquement les joueurs évoluant sur le plan local, les choses sont là aussi très compliquées. Des trois éditions déjà organisées, la Cameroun n’a pris part qu’à une seule phase finale, au Soudan, éliminé en 1/8ème de finale. Pour les deux autres éditions, les A’ n’ont jamais réussi à sortir des éliminatoires. Et dire que dans des pays sérieux, la sélection A’ est l’antichambre de la sélection fanion !

Concernant la sélection fanion justement, hormis l’embellie du mois dernier face à la RDC et face à la Côte d’Ivoire, les moments de joie sont rares depuis maintenant 6 longues années et place de finaliste lors de la CAN au Ghana en 2008. Bien sûr, entre temps, les Lions indomptables ont réussi à se qualifier pour deux phases finales de Coupe du monde, mais pour au final des prestations plus que décevantes (31ème/32 en 2010, 32ème/32 en 2014). Bien sûr aussi l’on a pu se qualifier pour la CAN 2010 en Angola, mais sortis en ¼ de finale par l’Egypte. Hormis cela, deux Can manquées. En 2012 au Gabon et en Guinée équatoriale et 2013 en Afrique du Sud. Deux Can manquées alors que les adversaires n’étaient pas des foudres de guerre. En 2011, les Lions n’avaient pas réussi à se sortir d’une poule qui comptait le Sénégal et la RDC, tandis qu’en 2012, le Cap-vert avait barré la route aux poulains de Jean-Paul Akono. Cette fois, pour la Can 2015, les choses sont plutôt bien embarquées avec deux victoires en deux matches le mois dernier, dont un succès probant (4-1) face à la Côte d’Ivoire à Yaoundé. Mais quoi qu’il en soit, avec le phénomène des générations spontanées que les Camerounais affectionnent, et en attendant que l’Académie nationale du football produise ses premiers fruits, la sélection nationale fanion risque bien de continuer à être l’arbre qui cache la forêt.

Chez les filles, c’est pire. Les Lionnes cadettes et juniors qui ont pourtant des compétitions africaines et mondiales ne sont jamais affiliées. Les staffs y sont nommés et remplacés sans avoir eu la chance de prendre part ne serait-ce qu’à un seul match officiel. Et ici aussi, les Lionnes sélection fanion sont un peu l’arbrisseau qui cache la savane. Vainqueurs du tournoi de football des Jeux africains à Maputo en 2011 pour la première fois de l’histoire du football féminin camerounais, elles sont également entrées dans l’histoire en se qualifiant pour les Jeux olympiques de 2012 en sortant le Nigeria. Rien que ça ! Des succès que l’on doit particulièrement à l’acharnement d’un homme, Enow Ngachu. C’est lui qui a su imposer un code de conduite strict et une hygiène de vie potable à ces jeunes filles rebelles qui ne respectent généralement personne. Homme à poigne, il a souvent été amené à écarter certaines de ses meilleures joueuses qui avaient quelques problèmes de mœurs et qui voulaient entraîner leurs coéquipières. Les succès actuels du football féminin, on les lui doit en grande partie, mais aussi à une génération de joueuses d’exception qui, si elles étaient mieux préparées, pourraient logiquement ambitionner de remporter la CAN qui débute dans deux semaines en Namibie. Malheureusement, alors que l’Afrique du Sud a eu droit à quatre mois de stage avec de nombreux matches amicaux internationaux, que le Nigeria a livré pas moins de 10 matches amicaux internationaux, que les autres nations ont toutes eu des mises au vert hors de leurs frontières avec des rencontres internationales amicales à la clé, les pouliches d’Enow Ngachu ont eu droit à Canon juniors hommes, A As Fortuna juniors hommes et à deux autres rencontres amicales contre des centres de formation sans relief. Encore heureux qu’elle ait quitté le Cameroun hier lundi pour Lusaka où les attend une double confrontation contre la Zambie en amical, là où 6 rencontres internationales amicales étaient initialement prévues pour préparer au mieux la CAN.

Après, là aussi, si les résultats ne suivent pas, on s’en prendra au sélectionneur qui sera sacrifié et remplacé par une autre tête de turc qui viendra vivre les mêmes misères sans avoir le droit de se plaindre, de peur de subir des représailles.

Au final, le football camerounais continue de s’enfoncer sans que personne ne trouve rien à y redire. L’amateurisme des responsables, l’inorganisation, le manque de moyens financiers et la méconnaissance des choses du football par les responsables fédéraux font en sorte que les sélections nationales du Cameroun connaît actuellement l’une des plus longues traversées du désert de leur histoire. A toujours vouloir bricoler, à toujours rechercher les résultats immédiats sans prendre la peine de construire sur des bases solides, à toujours nommer les mauvaises personnes sur la base du tribalisme ou de l’amitié, à nommer des personnes incompétentes au détriments de véritables professionnels, à toujours sélectionner des joueurs(euses), sur des bases non objectives, l’on se retrouve avec le passage à vide actuel qu’une qualification des Lions pour la prochaine Can ne viendra pas faire oublier. Les véritables problèmes du football camerounais n’ont jamais été Samuel Eto’o, Alexandre Song, Joseph Antoine Bell, Roger Milla, Rigobert Song et d’autres encore, le mal est bien plus profond que cela.

Il faut repenser les choses et les faire différemment. Les nostalgiques des années 1980 et même du début des années 1990 pensent encore qu’il faut mettre les joueurs en stage trois mois durant pour faire naître une espèce de cohésion de groupe. Mais force est de constater que cette époque est révolue et qu’aujourd’hui, les Kunde, Tataw, Ndoumbe Lea et autres qui évoluaient dans le terroir ont laissé la place aujourd’hui à des Choupo Moting, Nkoulou, Aboubakar, Clinton Njie qui évoluent tous au très haut niveau avec des exigences qui ne sont pas compatibles avec celles des nostalgiques sus évoqués. Du coup, les pratiques d’antan pourraient, avec le succès qu’elles ont connu, être remises au goût du jour, mais avec les sélections inférieures, notamment les A’, les U23, les U20, les U17 et même les U15. Peut-être qu’en mettant les joueurs (euses) de ces différentes en stage pour trois mois, eux qui n’ont pas de contraintes avec des clubs professionnels, les choses iraient mieux et les résultats pourraient suivre. Ainsi, des regroupements pourraient être instaurés sur de longues durées avec des joueurs amateurs et peut-être qu’à force de se côtoyer et de jouer ensemble, les sélections inférieures pourraient s’en trouver revigorées.

Les futures victoires des Lions (nes) indomptables passent par une prise de conscience des problèmes qui nous ont conduits dans le trou. Les victoires finales à la Can féminine de 2016 et à la CAN masculine de 2019 que nous organisons passent par là. Finis les discours, place à l’action.

Steve Djouguela

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